ARIANE de MYRIAM LEROY

ARIANE de Myriam LEROY 
Aux Editions Don Quichotte - 208 pages

" Quand j'ai eu douze ans, mes parents m'ont inscrite dans une école de riches. J'y suis restée deux années. C'est là que j'ai rencontré Ariane. Il ne me reste rien d'elle, ou presque. Trois lettres froissées, aucune image. Aucun résultat ne s'affiche lorsqu'on tape son nom sur Google. Ariane a vécu vingt ans et elle n'apparaît nulle part. Quand j'ai voulu en parler, l'autre jour, rien ne m'est venu. J'avais souhaité sa mort et je l'avais accueillie avec soulagement. Elle ne m'avait pas bouleversée, pas torturée, elle ne revient pas me hanter. C'est fini. C'est tout. "


Elles sont collégiennes et s'aiment d'amour dur. L'une vient d'un milieu modeste et collectionne les complexes. L'autre est d'une beauté vénéneuse et mène une existence légère entre sa piscine et son terrain de tennis. L'autre, c'est Ariane, jeune fille incandescente avec qui la narratrice noue une relation furieuse, exclusive, nourrie par les sévices qu'elles infligent aux autres. Mais leur histoire est toxique et porte en elle un poison à effet lent, mais sûr.


Premier roman sur une amitié féroce, faite de codes secrets et de signes de reconnaissance, à la vie à la mort. Myriam Leroy est journaliste, presse et radio, et écrit pour le théâtre. Elle habite Bruxelles.


Nominations : Prix Goncourt du premier roman

Mon avis

J'avoue, s'il ne m'avait pas été suggéré par les "68 premières fois", je n'aurais probablement pas sélectionné le roman de Myriam Leroy. 

Cinquante nuances de noirceur habitent ce récit. La jeune narratrice, revient sur son amitié avec Ariane. La belle Ariane est une "belle des poisons".
Charismatique et mal dans sa peau, la belle indienne attire comme la dionée piégerait une mouche, sans aucune chance d'échapper à une issue cruelle pour deux personnes qui ont la vie devant elles.

Les deux jeunes filles vont se construire et se reconnaître dans leur différence, l'une pseudo-bourgeoise, l'autre d'une famille aisée pervertie par le pouvoir de l'argent.

Ne vous y trompez pas... Le roman, son atmosphère, la relation, tout est décrit avec une justesse dérangeante, d'une plume habile. Un style incisif et cru, troublant de vérité qui mérite qu'on le lise sans joie, jusqu'à sa conclusion fatale. 

Peut-être est-ce dû au fait que l'adolescence a été bien plus insouciante voire clémente pour moi que pour ses deux jeunes femmes dont les parents sont dépressifs, si peu heureux eux-mêmes. Je n'ai pas non plus trouvé l'émotion de cette amitié amoureuse, la description en est parfois trop clinique. Pourtant la plume frappe au coeur. Quelle tristesse que ce rendez-vous raté avec la vie, la découverte de la séduction, le partage, les cascades de rires... ont été remplacées par les jeux pervers, la torture mentale de jeunes garçons boutonneux et trop confiants.

"Ariane a vécu et elle n'apparaît nulle part"... la jeune narratrice raconte ses quelques années de 12 à 14 ans ou une fusion parfaite les a unit puis désunit. A l'heure de la narration, elle ne semble pas plus épanouie, structurée que dans ses années de fusion avec la belle Ariane. 

Le roman est écrit à la première personne, est-ce autobiographique ou purement fictionnel ? L'écriture nous plonge dans les affres d'une adolescence en souffrance, qui cherche sa place dans un univers qui n'a pas pris la mesure de ses difficultés à grandir et entrer dans le monde adulte.

Le voyage initiatique de ces deux jeunes filles laisse groggy par le mal-être qui transpire jusqu'à l'épilogue.










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