LE CERCLE DES TRICOTEUSES d'Ann HOOD

LE CERCLE DES TRICOTEUSES d'Ann HOOD
Aux Editions City Editions - 316 pages

Mary vient de perdre son unique enfant. Elle est désespérée et s'enfonce peu à peu dans la dépression. Jusqu'au jour où elle découvre les vertus du tricot. Avec des aiguilles et une pelote de laine entre les mains, Mary apprend à occuper son esprit sans ressasser sa douleur. 

Dans le magasin de tricot d'Alice, elle rejoint le "cercle des tricoteuses". Il y a Scarlet qui, derrière son sourire, dissimule un vrai chagrin. Beth est le modèle de la femme au foyer, mais son univers rassurant est sur le point de s'effondrer. Et que cache Ellen, l'Irlandaise qui semble porter le poids du monde sur ses épaules ? 

Alors que les semaines passent, sous l'oeil de la mystérieuse Alice, des amitiés improbables se forment. Des secrets sont révélés et des pactes noués. Chaque membre du club doit apprendre à aller de l'avant et affronter son avenir...

Mon avis :

Comment exorciser la douleur lorsqu'on perd son unique enfant ? lorsque tout vous ramène à l'insoutenable perte, comment vivre ?

Le cercle des tricoteuses, club d'âmes meurtries, permet à Mary de s'abîmer dans la création de chaussettes, bonnets, écharpes et autres tricots. De se plonger dans la douceur du mohair pour anesthésier ce déchirement. D'apprendre à écouter.

L'auteure nous offre une histoire délicate, sans pathos. On y découvre les secrets de Mary, Beth, Ellen sous l'oeil bienveillant d'Alice. L'envie de les voir s'affranchir de la douleur ne quitte pas le lecteur, une tension qui fait de ce livre un "page-turner", tendre, une petite larme n'est pas exclue. C'est plein d'humanité, pas mièvre. L'écriture est juste, teintée d'humour, de tendresse pour ces héroïnes du quotidien.

Ce roman raconte également combien le couple de Mary est chahuté par la perte de Stella. Comment Dylan se remet dans la routine pour tenir le coup alors que Mary sombre dans la douleur, s'enroule autour d'elle au fond de son lit, pour ne pas ouvrir aux enfants à Halloween. Le chagrin prend toute la place puis peu à peu faire cliqueter des aiguilles, voir son ouvrage se développer au milieu de ses femmes qui maîtrisent déjà l'art de tricoter, de partager, prêter attention à son ouvrage puis aux autres l'apaise doucement.

Chacun des personnages est touchant, cache une blessure, une peur, une douleur, fait son deuil en créant. Elles partagent, rient, pleurent, s'épaulent. Ainsi naissent de belles amitiés.

Alors oui, le cercle des tricoteuses, est un roman choral aussi doux qu'un mohair, aussi tendre qu'un chocolat chaud partagé avec des amies. Surtout, surtout il vous prend une envie de "fais le toi-même", les chaussettes, bonnets, écharpes ne vous feront plus peur, les points les plus compliqués vous sembleront accessibles.

Ringard le tricot ? Thérapeutique, rassembleur ! A partager à tous âges, de tous horizons sans modération, c'est ainsi qu'Alice rassemble ses brebis autour d'écheveaux colorés. 

Ann Hood propose ici un roman qui ferait une excellente série TV. J'y verrai une Mary sous les traits de Julia Roberts, Alice serait Susan Sarandon merveilleuse, mais pardon je m'égare... 

Il me semble impossible de ne pas s'émouvoir ; nul besoin d'avoir manié des aiguilles ou un crochet pour apprécier cette histoire. Pourtant, l'envie d'entendre cliqueter des aiguilles pourraient bien vous prendre...

Un excellent moment de lecture.



LES HEURES ROUGES de LENI ZUMAS

LES HEURES ROUGES de LENI ZUMAS
Aux Editions Presses de la Cité - 408 Pages

États-Unis, demain. Avortement interdit, adoption et PMA pour les femmes seules sur le point de l’être aussi. Non loin de Salem, Oregon, dans un petit village de pêcheurs, cinq femmes voient leur destin se lier à l’aube de cette nouvelle ère. 

Ro, professeure célibataire de quarante-deux ans, tente de concevoir un enfant et d’écrire la biographie d’Eivør, exploratrice islandaise du xixe. 

Des enfants, Susan en a, mais elle est lasse de sa vie de mère au foyer – de son renoncement à une carrière d’avocate, des jours qui passent et se ressemblent. 

Mattie, la meilleure élève de Ro, n’a pas peur de l’avenir : elle sera scientifique. Par curiosité, elle se laisse déshabiller à l’arrière d’une voiture... Et Gin. 

Gin la guérisseuse, Gin au passé meurtri, Gin la marginale à laquelle les hommes font un procès en sorcellerie parce qu’elle a voulu aider les femmes.


MON AVIS :

Leni Zumas nous offre une dystopie pas si éloignée de la réalité dans certaines parties du monde. L'Amérique puritaine pourrait en effet demain adopter cette loi UPUM "Chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère ».

Newville, Orégon, quatre femmes : Susan, l'Epouse, femme au foyer, transparente tant pour ses enfants que pour son mari a renoncé à sa carrière pour sa famille.

Roberta, la Biographe, Professeure célibataire de 42 ans. L'horloge biologique tourne, elle veut un enfant. 

Mattie, la Fille, pas tout à fait 15 ans, meilleure élève du cours de Ro, enceinte dès la première fois avec son amoureux Ephraïm... 

Gin, la Guérrisseuse, 32 ans, "marginale" vit près de Salem, de là à être estampillée "sorcière" comme au XVIIème siècle, après tout il y eut un précédent...

Et puis, L'exploratrice Eivor Minervudottir, fil rouge, lien entre les chapitres de cet étrange roman, dont l'histoire est racontée par la biographe.

5 femmes, 5 destins contrecarrés par une société patriarcale contre laquelle les femmes n'auront de cesse de devoir se battre pour exister en tant que personnes adultes responsables de leur vie, de celles qu'elles voudront donner au monde.

Les femmes veulent avoir le contrôle de leur corps, les hommes veulent le pouvoir de tout contrôler... depuis toujours.


Le roman de Leni Zumas soulève des questions, à chacun d'apporter sa réponse au travers de la condition de Roberta, Mattie, Susan, Gin et Eivor l'Islandaise.

Le lien tissé entre toutes ces femmes, leurs doutes, peurs, leurs tous petits espoirs souvent étouffés dans l'oeuf par cette loi que certaines ont prise pour une "comédie politique" mais qui va être bel et bien voté par le Congrès.

Au nom d'une loi soi-disant protectrice de la famille, on oblige les femmes à garder un embryon non désiré. On ôte l'espoir d'être mère aux femmes célibataires, la stérilité n'ouvre pas systématiquement droit a être assisté médicalement pour enfanter. L'avortement est définitivement impossible sous peine d'être poursuivi pour homicide. Aucun droit à l'erreur dans les laboratoires, là encore la poursuite pour homicide involontaire est une épée de Damoclès. Mais il y aura plus d'enfants à l'adoption, c'est le pari fait par les politiques... enfin pas pour les célibataires puisque "UPUM" dit ce qui est bon pour l'enfant.

La couleur de la couverture et son graphisme élégant, de ce rouge un peu agressif, comme la société décrite, disent déjà de la violence faite aux femmes à travers ces cinq destinées mais également à travers le temps. "les heures rouges" est un roman fictionnel qui alerte sur les dérives possibles d'une société oppressante qui remet en question le droit des femmes à être des femmes.

Les Simone Vieil, Benoïte Groult, ces pionnières de la liberté de la femme, accompagnent la voix de Leni Zumas pour rappeler que rien n'est jamais acquis. Long est le chemin, toujours semé d'embûches, de larmes, trop rarement d'espoirs et de victoires, comme en Irlande ou un référendum ouvre la voie aujourd'hui la voie à une loi qui rendra peut-être aux femmes la pleine possession de leur corps.

Le roman de Leni Zumas est poignant, réaliste. Il appelle à la vigilance, dit les frustrations des femmes au travers ces personnages, toujours touchantes, emblématiques d'une souffrance bien réelle. L'auteure d'une écriture directe, limpide, sensible, joue de l'ironie des situations, pose son décor dans une Amérique "Trumpienne" aux dérives moralistes sous-jacentes qui donne froid dans le dos.

Je remercie les Editions Presses de la cité pour cette plongée dans un univers pas si avant-gardiste, la découverte de la plume parfois lyrique de Leni Zumas et de sa belle foi en l'humanité pour traiter un sujet délicat.


CUEILLEUSE DE THE de Jeanne-Marie Sauvage-Avit

CUEILLEUSE DE THE de Jeanne-Marie Sauvage-Avit
Aux Editions Pocket - 373 Pages

Au Sri Lanka, l'ancien Ceylan, Shemlaheila est cueilleuse de thé dans une plantation. Depuis dix ans déjà, elle ploie sous les lourds sacs de feuilles de thé et sous le joug des contremaîtres, mais, à l'aube de ses vingt ans, la jeune femme a d'autres rêves. 

Elle est bien décidée à partir, à échapper à la condition de celles qui, dans les théiers et dans les maisons, sont au service des hommes. Elle ne sera pas cueilleuse de thé toute sa vie, comme sa mère, comme toutes ces femmes asservies qui n'ont d'autres horizons que les interminables rangées de théiers…

Du Sri Lanka à Londres, à la découverte d'un pays complètement différent du sien, Shemla va découvrir une autre culture, d'autres personnes et surtout d'autres envies. La cueilleuse de thé qu'elle a toujours été choisira-t-elle de revenir au pays, ou de se créer une nouvelle vie ?


Mon avis :

La couverture est une invitation au voyage qui m'a immédiatement attiré.
Encore une romance me direz-vous ? Bien plus que cela.

L'histoire pointe la condition de la femme dans les pays en voie de développement. Le commerce et le négoce avec les pays développés ne profitent pas à la population la plus pauvre.

L'histoire de Schemlaheila dit aussi de la condition des migrants dans les pays d'accueil comme l'Angleterre. Certes, il semble facile de trouver un petit boulot mais l'exploitation est la même... Comme dans l'exploitation de thé, le patron décide du salaire, de renvoyer ou garder les cueilleuses, les "kaganis" sortes de contremaître peuvent abuser des femmes y compris les plus jeunes sans être inquiétés tant que le rendement reste bon. 
A Londres, Schemla ne se rebellera pas contre les Rosay qui l'exploite honteusement. Heureusement, Twinny la prendra en amitié.

Schemla, à la mort de sa mère, n'est plus protégée par la situation privilégiée de concubine de cette dernière. Il lui faut fuir un destin funeste...

L'Angleterre va lui permettre de toucher du doigt son rêve, de connaître une autre langue, une autre culture, d'apprendre bien plus sur son pays d'origine qu'elle n'aurait pu étudier chez elle où les filles quittent l'école très vite pour être mariée.

Ce roman rappelle que la liberté pour les femmes ne va pas de soi. Qu'elle a été un long combat, jamais tout à fait gagner, mais que la volonté de certaines à sortir des carcans est bien plus forte parfois que le joug imposé par une société patriarcale. Le courage qu'il faut pour refuser de subir le destin de tant de femmes de ces pays !

Une romance si on veut la lire au premier degré, un vent d'espoir pour une vie meilleure pour toute une génération de femmes asservie par une société d'un autre âge, bien réelle. Un roman féministe et romantique, quel drôle de cocktail réussi par l'auteure.

Jeanne-Marie Sauvage-Avit, d'une plume juste tantôt poétique, tantôt avec des mots durs pour décrire la violence subie, nous touche.

Un roman à lire assurément !


MON MIDI MON MINUIT d'Anna McPartlin

MON MIDI MON MINUIT d'Anna McPartlin
Aux Editions Pocket - 410 pages

C'était au début du mois de mars, un jour de pluie, mais un jour encore béni, comme beaucoup d'autres avant, dans la vie d'Emma. 

A 26 ans, la jeune fille amoureuse cohabitait avec le bonheur. Elle formait avec John, son amour d'enfance, un de ces couples unis et heureux, tissant une belle vie remplie de grands projets et de bons amis.

Jusqu'à ce soir de fête qui fait basculer son existence en un crissement de pneus et ce deuil qui menace de tout engloutir.


Commence alors pour Emma, aidée de ses amis qui font bloc autour d'elle, un long chemin pour que tout ne s'arrête pas là, pour qu'après la nuit revienne le jour.



Mon avis :

Ce roman d'Anna McPartlin devance le superbe "Derniers jours de Rabbit Hayes". On y trouve déjà les ingrédients du suivant : Amour, amitiés, famille... De l'humour et de la tendresse.

Ce roman dégage une chaleur, une douceur douce amère, de l'humour d'adulescents en passe de devenir adultes lors d'une tragédie. C'est pétillant, léger, attendrissant, un peu dingue. Les personnages, Clo, Sean, Anne, Richard, Nigel sont très attachants avec leurs meurtrissures, leur peur d'avancer. 

Une vie toute tracée, heurtée de plein fouet, voilà que les certitudes de chacun sont remises en cause. La perte remet tout en question. Le deuil, L'Amour, la religion, la maternité tous les ingrédients sont réunis pour nous faire passer un excellent de lecture sans pathos.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, tout en tendresse. Des larmes et des rires garantis à chaque chapitre ou presque. La fin romantique est attendue depuis le milieu de l'histoire mais sans rien ôter au plaisir de découvrir ce qu'il va advenir de chacun des amis et de leur famille.

Anna McPartlin distille de l'espoir et de la vie au coeur d'un drame. Son style est déjà là dans ce premier roman paru en second en France. Même Léonard est plus vrai que nature en chat stressé. Le fantôme de John est là aussi pour lier l'histoire d'amour passé-présent, lui donne un relief tendre.

Un joli moment de lecture, je vous le recommande.

JE SAIS PAS de Barbara ABEL

JE SAIS PAS de Barbara ABEL
Aux Editions Pocket - 440 pages
C'est le grand jour de la sortie en forêt de l'école maternelle des Pinsons. La météo clémente et l'enthousiasme des éducateurs comme des enfants donnent à cette journée un avant-goût de vacances. 
Tout se déroule pour le mieux jusqu'au moment du retour, quand une enfant manque à l'appel. C'est Emma, cinq ans, une des élèves de la toute jeune institutrice Mylène Gilmont. C'est l'affolement général.

Tandis que deux enseignantes ramènent le groupe d'enfants au car, les autres partent aussitôt à sa recherche. Mylène prend une direction différente, s'aventurant donc seule dans la forêt. Au bout d'une demi-heure, les forces de l'ordre sont alertées. 

Un impressionnant dispositif est mis en place et l'équipe du capitaine Dupuis se déploie dans la forêt avec une redoutable efficacité. Et puis Emma réapparaît.

Le soulagement de ses parents arrivés sur place, Camille et Patrick, est à la hauteur de l'angoisse qu'ils ont éprouvée. Visiblement, il y a eu plus de peur que de mal pour la petite. Pourtant, la battue doit continuer avant la tombée de la nuit, car cette fois, c'est Mylène qui ne revient pas. Camille a retrouvé sa fille. En vérité, elle ne le sait pas encore, pour elle, le cauchemar ne fait que commencer.

Mon avis :

Ce roman me permet de découvrir la plume de Barbara Abel.

"Je sais pas" comme un leitmotiv borne l'histoire que nous conte Barbara Abel, nous entraîne dans une intrigue extrêmement bien ficelée. On se laisse embarquer par ce fait divers banal. Une enfant oubliée lors d'une sortie scolaire, les médias diffusent ce genre d'informations régulièrement.

Quoi de moins original de nos jours... mais lorsque l'enfant est jolie comme un coeur, les coeurs se serrent, compatissent, pauvres parents !

Un petit couple presque parfait : Patrick Verdier, Professeur de faculté imbu de lui-même, son épouse Camille, architecte d'intérieur qui réussit. Que leur manque-t-il ? Une enfant parfaite ? Emma ! Petite fille déjà très consciente de ce que son minois lui octroie en impunité lorsqu'elle ne se comporte pas bien. Emma, pour rendre son caractère plus crédible, adorable petite peste, aurait dû être diagnostiquée "surdouée" ou très en avance pour son âge.

Viens Etienne, tombeur-cuistot, prédateur d'épouses en mal de sensations, mauvais garçon, père d'une jeune femme qu'il a mal élevé seul ? Comment joue-ton le rôle de père-mère lorsque soit même on a vécu seul avec une mère indifférente ?

Une petite vie tranquille qui va être bousculée lorsque le hasard va mettre en présence à l'école des Pinsons, l'institutrice Mylène fille d'Etienne et la petite Emma. Mal dans sa peau, la jeune femme est réputée brusque, sans patience, mal-aimée de ses collègues est chargée de la classe de la maîtresse de son père à son insu.

L'auteure nous décrit des personnages peu attachants, Etienne et Patrick sont peu aimables. Camille s'enferre dans un mensonge qui la ronge et la dépasse. Mylène s'est construite en culpabilisant sur le départ de sa mère. Devenue institutrice, quelle drôle d'idée, ces rares amies ne l'y voyait pas.

Tous ces personnages en apparence ordinaires ont des fêlures qui vont créer la tension du récit, l'emballement et le suspense. Même si, la fin est quelque peu prévisible... Barbara Abel donne au lecteur l'impression qu'il a tout compris à chaque rebondissement mais est-ce vraiment le cas, il faudra le lire pour vous en assurer.

J'ai été un peu déçue par le dénouement et la caricature des personnages policiers. J'aurais aimé que l'enquête soit plus crédible. Pas de recherches sur les portables des protagonistes, pas d'enquête poussée du côté de l'école où Etienne et les époux Verdier étaient susceptibles de s'être croisés...

Toutefois, je n'ai pas pu lâcher ce thriller haletant avant d'en connaître la fin. Ce roman restera-t-il dans ma mémoire "Je sais pas". Je sais c'était facile... mais Barbara Abel a bel et bien l'art du suspense !



PARTIR de Tina SESKIS

PARTIR de Tina SESKIS
Aux Editions Pocket - 431 pages

Un mari apparemment charmant. Un fils adorable. Une maison ravissante. Emily Coleman est une femme comblée. Pourtant, un beau matin, elle prend le train pour Londres, bien décidée à tout laisser derrière elle.


C’est désormais sous l’identité de Catherine Brown qu’elle partage un appartement miteux avec des colocataires et occupe un travail sans avenir. 

Elle n’aspire désormais qu’à une seconde chance. 

Mais qu’est-ce qui a pu la pousser à abandonner une vie qui semblait si parfaite ? Quel est ce secret qu’elle protège avec tant de force ? 




Mon avis :


Malgré un découpage maladroit entre passé et présent, Tina Seskis nous livre un roman captivant.


Dans une tension constante, Emily-Cat va livrer son histoire peu ordinaire. 

S'échapper, construire une nouvelle vie, lorsque l'on a vécu un événement particulier est-ce si évident ? N'emporte-t-on pas son vécu ou qu'on aille ?

C'est avec des personnages attachants comme Ben et Angel que l'auteure nous livre ce thriller est éminemment prenant. Ce n'est qu'à l'épilogue de la quatrième partie que vous découvrirez le pourquoi de la fuite en avant d'Emily.

L'amour quel qu'il soit peut-il triompher de tout ?
La gémellité est-elle toujours fusionnelle ou les parents ont-ils un rôle à jouer dans le développement émotionnel de leurs enfants, jumeaux ou uniques ?

Toutes ces questions et bien d'autres sont abordées avec finesse et tension dans ce roman très réussi. 430 pages, pleines de rebondissement, dévorées à une vitesse vertigineuse tant j'ai eu envie de savoir quelle vie Emily choisirait finalement.

Probablement, tout comme moi, vous serez manipulés par Tina Seskis, qui a glissé plus d'une péripétie pour vous perdre, sous sa plume palpitante. Tel un puzzle complexe, chaque morceau que vous croirez avoir imbriqué vous offrira une surprise qui vous vaudront de tout devoir reconsidérer du destin d'Emily et de sa si étrange famille.

Un excellent moment de lecture.



LES ENFANTS DE VENISE de LUCA DI FULVIO

LES ENFANTS DE VENISE de LUCA DI FULVIO
Aux Editions POCKET - 988 pages

Venise, 1515. Peu de villes auront connu autant d'injustices, de dangers, de misère et de vices. De liberté, aussi.

Liberté pour Mercurio, petit voleur des rues, as du déguisement, pour qui le pavé romain est devenu trop brûlant. Liberté pour Giuditta, jeune et belle juive, dont la religion semble ici tolérée - mais pour combien de temps ?

Rien ne les vouait à s'aimer. Pourtant... Entre inquisiteurs et courtisanes, palais, coupe-gorge et canaux putrides, les amants de Venise feront mentir le destin...


Mon avis :

Luca di Fulvio réussit la gageure de créer sur un nouveau continent un roman aussi captivant que "Le Gang des rêves".

Venise, sa noblesse, ses riches parvenus, ses commerçants, sa pauvreté extrême et ses rois de la débrouille et de l'embrouille, survivants sur le dos des premiers.

Mercurio, orphelin maltraité va construire son rêve. Survivre à Venise. Mieux s'émanciper, grandir, gagner ce qu'il y a de plus précieux : la Liberté !

L'auteur est un magicien qui vous embarque dans Venise et le destin croisé de plusieurs personnages tous très attachants, qu'ils soient riches ou brigands, orphelins ou marchands, escrocs ou médecins.

Difficile de rendre justement un avis sur un roman aussi riche. C'est un nouveau coup de coeur pour moi. Une fois de plus, quasi un millier de pages englouties le temps de le dire... méfaits du pouvoir, du fanatisme, de la misère sans espoir, des préjugés, tout est décrit avec intérêt. Les tribulations des différents personnages amènent un éclairage sur l'époque.

Une histoire romanesque à la Roméo et Juliette mais pas seulement, des amitiés viriles, des amours interdites... Cette histoire est tout à fait cinématographique.

Un page-turner ! Un second roman captivant. Comme pour le précédent, on se sent orphelin de Mercurio et Guiditta.

UN ARBRE UN JOUR de KARINE LAMBERT

UN ARBRE UN JOUR de KARINE LAMBERT
Aux Editions Calmann Levy - 259 pages

"Du haut de mes trente-deux mètres, je les regarde vivre sur la place du village. Depuis cent trois ans, je partage leurs nuits et leurs jours, j'effeuille leurs amours et parfois j'envie leurs cris de joie." 

En ce matin de printemps, un avis d'abattage est cloué sur le platane centenaire qui ombrage ce village de Provence. Entraînés par un petit garçon effronté, sept habitants s'unissent pour découvrir qui souhaite la mort du géant. Ensemble, ils combattent cette sentence absurde, tandis que l'arbre les observe et vibre avec humour et philosophie au rythme de leurs émotions et de leurs conflits. Qui l'emportera ? le pouvoir ou la solidarité ? Aux premiers jours de l'été, Clément, Suzanne, Fanny et les autres ne seront plus les mêmes. 



MON AVIS :


"Auprès de mon arbre, je vivais heureux J'aurais jamais dû le quitter des yeux" disait le poète. Du haut de ses 10 ans, Clément ne veut pas admettre qu'on puisse vouloir du mal au platane centenaire de la place du village.

L'arbre, heureux de contempler la vie paisible de sa place. Déposer là, il y a cent ans, il a vu le départ à la guerre des amoureux des soeurs Bonnafay, ne les a pas vu revenir... Il voit la belle et naïve Fanny ouvrir sa porte à des garçons pas faits pour elle. Il voit Suzanne s'user à briquer son comptoir en attendant le retour de son Joe. Manu le bourlingueur baba cool, fort d'une vie sans conformisme parce qu'on ne lui imposera pas la vie de commis d'assurances.

Karine Lambert, nous offre une évasion solaire en Provence. On entend les branches du vénérable mais très en forme platane frémir à l'approche des hirondelles, se réjouir de l'arrivée du printemps. On entend les kss kss des cigales entre les disputes d'Adeline et Violette, les deux vieilles soeurs qui se chamaillent, les pensées de Clément perché dans l'arbre au-dessus de sa boîte à livres. Clément a beau avoir juste 10 ans, il a le sens du juste.

Il n'est pas question qu'on abatte son platane ! les personnages de cette tendre histoire sont Pagnolesques et touchants. Du 1er mars au 21 mars, la mobilisation du village qui va se solidariser autour de la survie de son platane se vit avec intensité et suspense.

Une jolie histoire pour se rappeler qu'il faut sauver cette part de nous qu'est notre enfance, notre environnement d'alors. Qu'est devenue votre école primaire ? Y avait-il le marronnier qui faisait pester le confrère de François Lebrun, lorsqu'il fallait en balayer les feuilles ?

Karine Lambert propose cette plongée dans des sensations olfactives, visuelles, émotionnelles fortes qui embarque totalement. Le platane se raconte, nous raconte sa sensibilité, sa joie d'être là parmi tous ces personnages attachants.

Un vrai bonheur de lecture !

LA VIE EST FACILE, NE T'INQUIETES PAS d'Agnès MARTIN-LUGAND

LA VIE EST FACILE, NE T'INQUIETES PAS
d'Agnès MARTIN-LUGAND Aux Editions Pocket - 250 pages

Rentrée d'Irlande, Diane est bien décidée à reconstruire sa vie à Paris. Avec l'aide de son ami Félix, elle s'est lancée à corps perdu dans la reprise en main de son café littéraire. C'est là, aux "Gens heureux lisent et boivent du café", son havre de paix, qu'elle rencontre Olivier. Il est gentil, attentionné, et, surtout, il comprend sonrefus d'être mère à nouveau. Car elle ne peut se remettre de la perte de sa fille. Bientôt, un événement inattendu va venir bouleverser les certitudes de Diane quant à ses choix, pour lesquels elle a tant bataillé. Aura-t-elle le courage d'accepter un autre chemin ?


MON AVIS :

Diane est extrêmement touchante. Poussée par son ami Félix, elle essaie de retrouver une vie sociale et amoureuse, après la perte de son mari et de sa fille.

Sa bouée, son assurance, elle les trouvent dans son café littéraire. Mais Félix pense qu'elle doit s'ouvrir à nouveau à l'amour. Sa rencontre avec Olivier, patient va l'y aider.

Agnès Martin-Lugand nous offre un roman touchant sur le deuil, la famille, l'amitié, le rapport aux parents. La difficulté de grandir en s'affranchissant de l'approbation des parents.

Une lecture plein d'émotions et de bons sentiments. Les cicatrices se referment, on avance même si l'on oublie jamais la blessure.

Un joli moment de lecture grâce à une écriture directe, fluide, des personnages attachants comme Félix et Judith.