LA CHORALE DES DAMES DE CHILBURY

La Chorale des dames de ChilburyLA CHORALE DES DAMES DE CHILBURY
Auteure : Jennifer RYAN
Editions Le Livre de Poche - 552 pages


1940. Un paisible village anglais voit partir ses hommes au front. Restées seules, les femmes affrontent une autre bataille : sauver la chorale locale pour défier la guerre en chantant. 

Autour de miss Primrose Trent, charismatique professeur de chant, se rassemble toute une communauté de femmes, saisie dans cet étrange moment de liberté : Mrs. Tilling, une veuve timide ; Venetia, la « tombeuse » du village ; Silvie, une jeune réfugiée juive ; Edwina, une sage-femme qui cherche à fuir un passé sordide. Potins, jalousies, peurs, amours secrètes... 

Entre rires et larmes, Jennifer Ryan, s’inspirant des récits de sa grand-mère qui a vécu le conflit depuis un petit village du Kent, sonde avec talent les âmes de ce chœur attachant et inoubliable.



Mon Avis :

Un portrait de femmes attachantes aux premières heures de la guerre. Les hommes valides sont partis au front, les démobilisés sont regardés en coin, les plus âgés souvent despotiques avec leur maisonnée.


Que reste-t-il à ces femmes parfois désoeuvrées, souvent inquiètes du départ d'un fils ou d'un mari, avec pour cause commune d'habiter un village de la campagne anglaise comme on peut la découvrir dans des séries comme "L'inspecteur Barnaby", où l'église et le chant offrent des parenthèses enchantées. C'est décidé ! Primrose Trent propose la reprise de la chorale par les femmes de Chilbury, quel que soit leur âge ou leur condition.

C'est un baume sur leurs inquiétudes. Toutes ces femmes ne sont pas vertueuses, il y a l'intrigante Mme Paltry, la jeune écervelée Venetia mais toutes, toutes sans exception aiment à se retrouver dans la pureté d'un chant au sein de la chorale, pour adoucir leur peines.

On suit les échanges épistolaires entre Venetia jeune femme de 18 ans, séductrice qui ne supporte pas qu'un homme lui résiste et son amie ; entre la peu honnête Miss Paltry et sa soeur, le journal intime de Kitty, les peurs de Silvie, jeune réfugiée que Kitty voudrait consoler de l'absence de ses proches, en lui offrant un foyer, ce que son très raide général de père balaie d'un revers de manche.

Comme dans toutes les périodes troublées, il y a les héros et les pleutres, les profiteurs et les espions... les petits secrets, les rancoeurs. À Chilbury, le chant est salvateur. 

Le récit est enlevé, la tendresse dans la description de certaines scènes, les drames sous-jacents, la peur très présente, Jennifer Ryan rend compte d'une époque avec légèreté et profondeur, beaucoup de charme dans l'écriture. Un roman sans vraies surprises mais des personnages bien campés qui offrent un très bon moment de lecture avec une tasse de thé of course !


Ma B.O du roman

Elizabethan Masque - Hampshire Guitar Orchestra



CENT MILLIONS D'ANNEES ET UN JOUR

CENT MILLIONS D'ANNEES ET UN JOUR
Auteur : Jean-Baptiste ANDREA
Aux Editions L'Iconoclaste - 308 pages

1954. C’est dans un village perdu entre la France et l’Italie que Stan, paléontologue en fin de carrière, convoque Umberto et Peter, deux autres scientifiques. Car Stan a un projet. Ou plutôt un rêve. De ceux, obsédants, qu’on ne peut ignorer. Il prend la forme, improbable, d’un squelette. Apatosaure ? Brontosaure ? 


Il ne sait pas vraiment. Mais le monstre dort forcément quelque part là-haut, dans la glace. S’il le découvre, ce sera enfin la gloire, il en est convaincu. Alors l’ascension commence.

Mais le froid, l’altitude, la solitude, se resserrent comme un étau. Et entraînent l’équipée là où nul n’aurait pensé aller. De sa plume cinématographique et poétique, Jean-Baptiste Andrea signe un roman à couper le souffle, porté par ces folies qui nous hantent.



Mon avis :


Tout commence lorsque Stan, à peine 6 ans, vient frapper une pierre avec colère pour y découvrir émerveillé un fossile.


Cette découverte le mène tout droit à la profession de paléontologue, pas de ceux mondialement connu. Non ! des besogneux qui rêvent de laisser leurs noms dans l'Histoire.


C'est ainsi qu'une gamine lui raconte l'histoire, qu'un concierge italien contait aux enfants à la cave le soir, pour les effrayer et les faire rêver un peu : un dragon tapi dans une grotte attendrait d'être découvert. 

Stan se persuade que ce sera sa gloire, celle de son ancien assistant Umberto.

Le voilà donc, Stané, comme l'appelle son vieux complice Umberto, à la cinquantaine, prêt à tout pour se lancer dans l'aventure avec un guide et le jeune Peter, à son tour assistant d'Umberto. Il n'est pas question de ne pas trouver le monstre assoupi, préservé par la glace, endormi depuis des lustres dans une grotte qui se trouve entre les crêtes qu'il aperçoit du village où il vit.

Ce roman est une aventure humaine captivante, qui tient autant à l'intrigue, qu'au style de l'auteur tout aussi captivant. Des retours arrière permettent de découvrir l'enfance difficile de Stan, la relation père-fils, l'absence de la mère.

Jean-Baptiste Andrea a une plume magique qui vous envoûte par sa poésie. Son Stan est un héros romantique, dévoré par une recherche d'absolu qui va au-delà de la quête d'un animal fossilisé dans la pierre. Sous sa plume, le personnage de Stan devient le Enzo Maiorca de la paléontologie.

Cela amène à la question que parfois l'on se pose : qu'avons-nous fait de nos rêves d'enfants ?

«Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis» – Edgar Allan Poe

C'est à cela que nous a mené la finesse d'écriture de Jean-Baptiste Andrea : à voir le film de la vie de Stan se dérouler, nous en mettre pleins les yeux parce qu'il lui a taillé un rêve à la démesure de sa quête d'absolu, une véritable épopée.



Ma B.O. du livre

Hans Zimmer - Interstellar - Main Theme (Piano Version) + Sheet Music



Sélection Automne 2019



LA CHALEUR

LA CHALEUR
Auteur : Victor JESTIN - 144 pages
Aux Editions FLAMMARION 

« Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire. » Ainsi commence ce court et intense roman qui nous raconte la dernière journée que passe Léonard, 17 ans, dans un camping des Landes écrasé de soleil. 

Cet acte irréparable, il ne se l’explique pas lui-même. Rester immobile, est-ce pareil que tuer ? Dans la panique, il enterre le corps sur la plage. Et c’est le lendemain, alors qu’il s’attend chaque instant à être découvert, qu’il rencontre une fille.

Ce roman est l’histoire d’un adolescent étranger au monde qui l’entoure, un adolescent qui ne sait pas jouer le jeu, celui de la séduction, de la fête, des vacances, et qui s’oppose, passivement mais de toutes ses forces, à cette injonction au bonheur que déversent les haut-parleurs du camping.



Mon Avis :


Tel un sablier qui inexorablement laisse filer le temps, Victor Jestin distille la tension dans son récit dramatique des vacances de Léonard, dans ce camping animé des Landes, où la jeunesse s'abreuve de boissons et de musique, le soir venu.

Oscar est mort sous les yeux de Léonard, agacé par le bruit des campeurs qui l'empêchaient de dormir. Pourquoi est-il resté figé au lieu de porter secours à Oscar ? Pourquoi la disparition d'Oscar semble-t-elle n'émouvoir personne ?

La chaleur écrase le camping, les hormones s'agitent chez les jeunes garçons, cependant il ne se passe pas grand-chose dans cet ennui quotidien entre animations, piscine, bains de mer, fêtes sur la plage pour les jeunes gens qui se trouvent perdus là. Léonard agit ou réagit sans réfléchir, à l'instinct, pourtant la culpabilité le ronge sans qu'il sache quoi faire pour en sortir. 

Le talent de Victor Jestin est de vous maintenir en haleine avec une seule angoisse : que va faire Léonard ? Sera-t-il démasqué avant la fin des vacances ou s'en ira-t-il sans se retourner en laissant ses parents dans l'ignorance de son inaction face à la mort d'Oscar ?

Le roman est court, le suspense extrêmement présent. Une histoire qui m'a laissé à la fois un goût d'inachevé et la sensation que la boucle était bouclée... Paradoxal ! c'est en cela que ce roman m'a bousculé. Un auteur qu'il sera intéressant de suivre.


Ma BO du roman :

"Summertime" - Lello Petrarca con Emilio Merola e l'Orchestra Accademia San Giovanni


Sélection Automne 2019










DERNIERS SACREMENTS

DERNIERS SACREMENTS
Auteur : M.J.ARLIDGE - 464 pages
Aux Editions Les Escales


Elle entend leurs cris. 
Elle ressent leur peur. 
Elle est désormais leur seul espoir.
Don ou malédiction ? D'un simple échange de regards, Kassie est capable de voir quand et comment vous allez mourir. Un lourd fardeau à porter pour une jeune fille de quinze ans.

Elle croise la route d'Adam Brandt, brillant psychologue, alors qu'une série de meurtres frappe Chicago. Kassie semble toujours avoir un lien avec les victimes. Coïncidence malheureuse ou terrible manipulation ?

Intrigué par cette adolescente un peu perdue, Adam est tenté de croire à ses troublantes déclarations. D'autant que le danger se rapproche et que Kassie est la seule à savoir où il va s'abattre.

Mon Avis

Thriller envoûtant qu'on ne quitte qu'à l'épilogue au final haletant, l'espoir vissé au corps que Kassie s'en sorte...

Le destin de Kassie est écrit. Comme celui de tous ceux qui ont le malheur de croiser son regard. Petite mère courage, solitaire, impuissante, aimante, perdue.

Seule sa grand-mère la comprend vraiment. Sa mère se bat pour qu'elle reste dans le droit chemin qu'elle lui a tracé. Interdiction d'évoquer ce qu'elle croit voir, ce qu'elle croit savoir.

Kassie croise la route d'Adam. Le psychologue tente de comprendre, de rationaliser ce que vit la gamine. Les révélations qu'elle lui fait ne le convainquent pas, mais il tente de l'accompagner pour la ramener dans sa réalité. Qui a raison ? Qui a raison ? Kassie qui voit l'avenir où le destin d'Adam bascule dans le drame ? Ou Adam qui s'accroche à ses connaissances en psychologie pour ramener l'adolescente dans ce qu'il croit être le réel ?

M.J. Arlidge insuffle l'angoisse  à son récit dans un rythme effréné. Embarque, bouscule, ballotte ses personnages pour emmener le lecteur sur les chemins obscurs de leur destinée. Sauvera-t-il Kassie de ses visions cauchemardesques ?

Peut-on dire qu'il y a une part de fantastique dans ce roman si violemment terre à terre. Un criminel perpètre des crimes les plus monstrueux qui soient, une gamine voit la mort de ses proies ? irrationnel comme le croit l'inspectrice Gabrielle ? 

Puis il y a Gabrielle, inspectrice en charge de l'affaire. Archétype de la femme qui a dû faire sa place, être crédible dans une équipe d'hommes. Suivre son instinct, ne pas s'en laisser conter, quitte à faire des raccourcis dangereux, c'est son credo. Un seul objectif : arrêter coûte que coûte l'assassin barbare qui agit dans sa ville. 

Tout est-il écrit ou peut-on influer sur sa vie et celle de ceux que l'on aime. La question est posée dans ce thriller trépidant, captivant, noir de l'inhumanité du pire criminel qui soit... celui qui se repaît des peurs, de la souffrance, de l'agonie de ses proies.

Gabrielle ne m'a pas convaincue. Avec les personnages forts, profondément humains que sont Adam et Kassie, Gabrielle semble froide, sans épaisseur. J'ai aimé que l'auteur m'embarque, me fasse trembler pour Kassie, me donne envie de secouer Adam. Un roman qui interroge : notre perception du monde est-elle bâtie de nos expériences, de notre environnement, de ce que l'on nous a donné à croire ou pas via notre éducation ?

J'ai découvert l'auteur et le roman grâce à Babelio et son opération Masse Critique, aux Editions Les Escales que je remercie pour cet excellent moment de lecture. 

Ma B.O. du roman :
Diana Salvatore : Crazy


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RHAPSODIE DES OUBLIES


RHAPSODIE DES OUBLIES
Auteure : Sofia Aouine
Aux Editions de la Martinière - 192 pages

« Ma rue raconte l'histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s'appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans ».


Abad, treize ans, vit dans le quartier de Barbès, la Goutte d'Or, Paris XVIIIe. C'est l'âge des possibles : la sève coule, le coeur est plein de ronces, l'amour et le sexe torturent la tête. Pour arracher ses désirs au destin, Abad devra briser les règles. A la manière d'un Antoine Doinel, qui veut réaliser ses 400 coups à lui.


Rhapsodie des oubliés raconte sans concession le quotidien d'un quartier et l'odyssée de ses habitants. Derrière les clichés, le crack, les putes, la violence, le désir de vie, l'amour et l'enfance ne sont jamais loin.

Dans une langue explosive, influencée par le roman noir, la littérature naturaliste, le hip-hop et la soul music, Sofia Aouine nous livre un premier roman éblouissant.



Mon avis



Sofia Aouine déroule la vie d'Abad. Gamin déraciné du Liban qui tente de s'enraciner entre Barbès et la Goutte d'Or. Rue Léon. 

Abad est un peu le gavroche des temps modernes, débrouillard, ouvert au monde qui l'entoure, surtout aux femmes. Gamin sensible dans un quartier tout aussi sensible !

Histoire de déracinés, tombés tous dans la rudesse d'un quartier où il faut être fort, où règne la délinquance. Pourtant il y a de l'amour aussi dans le quartier de ce môme, le tarifé et le vrai, celui que le lie à la Batman d'abord, à Gervaise, Odette, Ethel et son drôle de chat, Colette. 


Afin de lui éviter de tomber dans la délinquance, il est envoyé voir une psychologue censée lui guérir le dedans. Coupé de ses racines, il enferme la douleur jusqu'à la rencontre de la dame qui lui fouille le dedans. La perte de sa Mémé, la guerre de 1975. Avec quelques clins d'oeil littéraires et cinématographiques à découvrir pour étoffer le propos.


Sofia Aouine nous offre une histoire percutante, réaliste, violente, sombre et lumineuse où se concentre toute la noirceur du monde, qui ne laisse pas indifférent. L'écriture est crue, brutale et tendre à la fois.


Ce premier roman-là bouscule, ne laisse pas indifférent, on aime ou il échappe des mains. Je l'ai tenu jusqu'à l'épilogue !



Ma B.O. du roman :


Etre né quelque part de Maxime Leforestier




Sélection Automme 2019



UN PEU DE NUIT EN PLEIN JOUR

UN PEU DE NUIT EN PLEIN JOUR
Auteur : Erik L'Homme - 173 pages
Editions Calmann - Levy

"Il ne reste plus que ça aujourd’hui, la communion des caves, cette sauvagerie qui seule subsiste une fois quittée la grisaille de la surface où les clans survivent dans des boulots plus pourris qu’une charogne oubliée sur un piège."

Ce pourrait être le monde de demain. Paris est envahi par une obscurité perpétuelle et livré aux instincts redevenus primaires d’une population désormais organisée en clans. Dans ce monde urbain terriblement violent, Féral est un des derniers à avoir des souvenirs des temps anciens. Il est aussi un as de la « cogne»,
ces combats à mains nues qui opposent les plus forts des clans dans des sortes de grand-messes expiatoires. C’est lors d’une de ces cognes qu’il rencontre Livie, qui respire la liberté, l’intelligence, la force. Leur amour est immédiat, charnel, entier. Mais le destin de Féral va se fracasser sur cette jeune femme qui n’est pas libre d’aimer.

Bijou littéraire, Un peu de nuit en plein jour parle de notre monde qui s’abîme, de la part de sauvagerie en l’homme, de l’inéluctabilité des destins.



Mon avis


Le monde dans lequel vit Féral est sombre, rude, sans concessions. Il a fait le choix des arbres, de la force brute pour s'exprimer même si le feu qui brûle dans les yeux de Livie le consume tout entier.


Une brève relation va unir ces deux êtres si différents, l'un qui a connu le monde d'avant, taiseux, contemplatif, brutal dans l'arène lorsqu'il s'adonne à la cogne. Elle, jeune, libre, lumineuse, fascinée par la force féroce de cet homme hors du commun. Un monde sombre et violent où coexiste pourtant la solidarité, la passion, l'amitié et le pire de ce que l'homme peut produire, la cupidité, l'envie, la haine...


Fable moderne, conte cauchemardesque, roman d'anticipation ? Inclassable ! La plume est poétique, les phrases et les chapitres courts concourent au sentiment d'urgence de ce monde où les pauvres vivent en clans pour survivre, où les riches créent des serres pour recréer leurs jardins d'avant, où la vie dure toujours dans l'ennui et la solitude...


Erik L'Homme nous offre un roman dense, dans lequel la fiction est proche de la projection que l'on se fait d'un monde où la nature n'est plus au coeur de la société.

J'aurais aimé en apprendre plus sur Féral, la vie d'avant, pourquoi le monde en est arrivé là ? Peut-on choisir entre instant et éternité ?

Une lecture intense, toute en nuances, qui captive le lecteur, une ode à la vie. Des questions restent sans réponses mais impossible pour autant de lâcher le livre avant son épilogue. Un roman pour se poser des questions sur l'avenir de l'Homme et de l'Humanité.


Merci à Babelio et son opération Masse Critique, aux Editions Calmann-Levy pour la belle découverte de la plume d'Erik L'Homme.

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Ma B.O. du roman :
Une goutte d'eau Nicole Rieu




L'ULTIME MYSTERE DE PARIS

L'ULTIME MYSTERE DE PARIS
Auteur : Bernard Prou
Editions Anne Carrière

En 1960, au lycée Bugeaud d’Alger, pendant les événements dramatiques qui marquent la fin de la guerre d’indépendance de l’Algérie, s’ébauche une amitié sans faille entre trois élèves, un surveillant et un professeur de l’établissement : Stefano Buenvenutto, Oreste Bramard et Michel Garousset, lycéens ; Philippe Courtillac, professeur de physique ; Ernest Bourbaki, surveillant et, accessoirement, membre de l’OAS.

Vingt ans plus tard, à Paris, les cinq hommes créent un cercle de recherches dédié à l’étude et à la conservation d’inestimables archives historiques disparues depuis plus de mille ans. Ces archives, conservées à l’origine dans le sanctuaire de Qadisha, au nord de l’actuel Liban, remontent aux premiers siècles de notre ère. Elles se composent de textes manuscrits et d’une relique mythique : l’authentique tête, suppliciée et embaumée, de saint Jean-Baptiste. Pour les conserver à l’abri des convoitises, les cinq amis ont aménagé une crypte, dans les anciennes carrières situées sous le cimetière du Montparnasse. Mais l’assassinat d’un de leurs proches, puis celui de Michel Garousset, au beau milieu du cimetière, sonnent comme un signal d’alarme. Gustave Mugniard, le lieutenant de police d’abord chargé de l’enquête, est mis d’office à la retraite. Il offre alors ses services aux membres survivants du « cercle Qadisha ».



Mon avis :


Avec ce roman, vous retrouverez les ingrédients qui ont fait la réussite des deux précédents romans de Bernard Prou. Des protagonistes érudits, un contexte historique omniprésent, documenté. Une amitié indissoluble dans le temps.

J'ai été ravie de découvrir d'où venait Oreste, remarqué lors de l'expertise de la bibliothèque extraordinaire du docteur Saint-Marly. Joli clin d'oeil à "Délation sur ordonnance". 

Cinq hommes décident envers et contre tout de préserver la relique de Saint-Jean Baptiste, les archives historiques inestimables pour le monde qui l'accompagnent. Cinq amis aux compétences complémentaires, férus de sciences  et amoureux des livres : Philippe Courtillac, Michel Garousset, Stefano Bienvenutto, Oreste Bramard, Ernest Bourbaki.

Ces hommes vont tout faire pour mettre à l'abri de toutes convoitises les secrets contenus dans ces archives, quittent à y laisser leur peau. À la mort de Ludovic, que vous découvrirez au coeur de l'intrigue va précipiter les choses pour les cinq amis.

L'enquête est confiée à Gustave Mugniard, lieutenant de police, qu'une mise à la retraite forcée ne va pas dissuader d'enquêter sur ce meurtre hors du commun. Un petit côté Nestor Burma, zesté de Simon Templar pour la sape, mais enquêteur chevronné qui ne lâchera rien pour découvrir la vérité au nez et à la barbe de ses anciens collègues.

On plonge avec Léonard dans ce cercle de Qadisha, avec la bataille menée par les survivants du Cercle pour la préservation, au nom de l'amitié d'abord, pour éviter le cahos dans le monde ensuite, des secrets qui accompagnent la relique. Une tension qui monte crescendo pour une histoire d'hommes qui s'inscrit dans celle de l'Humanité.

Un moment de lecture intense qui demandera toute votre attention, dont vous sortirez instruits de secrets à garder !


Ma B.O. du roman :

Paris, c'est une idée Léo Férré

J'AI CRU QU'ILS ENLEVAIENT TOUTE TRACE DE TOI

J'AI CRU QU'ILS ENLEVAIENT TOUTE TRACE DE TOI
De Yoan Smadja
Aux Editions Belfond - 279 pages

Printemps 1994. Le pays des mille collines s'embrase. Il faut s'occuper des Tutsi avant qu'ils ne s'occupent de nous. Rose, jeune Tutsi muette, écrit tous les jours à Daniel, son mari médecin, souvent absent. Elle lui raconte ses journées avec leur fils Joseph, lui adresse des lettres d'amour... Jusqu'au jour où écrire devient une nécessité pour se retrouver. Obligée de fuir leur maison, Rose continue de noircir les pages de son cahier dans l'espoir que Daniel puisse suivre sa trace. Sacha est une journaliste française envoyée en Afrique du Sud pour couvrir les premières élections démocratiques post-apartheid. Par instinct, elle suit les nombreux convois de machettes qui se rendent au Rwanda. Plongée dans l'horreur et l'indicible, pour la première fois de sa vie de reporter de guerre, Sacha va poser son carnet et cesser d'écrire...


Mon Avis


Quelle délicatesse pour raconter les temps de la Vanille puis l'avènement du pire. Le massacre de masse d'une partie d'un peuple. Comment alors que, comme Rose, on vit depuis toujours paisiblement proche de l’Ambassade de France, qu’on se ravit les papilles avec insouciance, qu’on cotoie ses voisins, devient-on l'objet de toutes les haines ?
Deux femmes, Sacha la correspondante de guerre "du temps" qu'un simple accident de la circulation avec un camion, va mettre sur la piste d'un convoi de machettes. Trop aguerrit aux situations de guerre pour ne pas sentir le danger que représentent un nombre impressionnant de caisses de machettes à destination du Rwanda, elle va écouter son instinct, se rendre à Kigali avec Benjamin, contre l'avis de son rédacteur en chef. On vit au coeur des écrits de Rose, qu'elle destine à Daniel, et de ceux de Sacha plongée avec Benjamin le photographe, dans ce monde devenu sanguinaire, aux côtés de Daniel passé d'obstétricien à médecin humanitaire. Rose voudrait pouvoir crier face aux atrocités dont elle est témoin. L'écrit lui permet de survivre dans l'espoir que Daniel les retrouve, elle et Joseph. Dans ce monde effroyable, au coeur de ce printemps tragique, deux femmes vont prendre des décisions d'amour pur pour un petit garçon qui les liera à jamais. La puissance de ce roman est le point de vue de ces deux femmes sur le désastre humanitaire qu’a vécu le Rwanda, à jamais meurtri par son génocide. Un récit tragique, où la poésie conte l'inhumanité, la terreur, l'amour sincère de Rose et Daniel au creux d'un monde devenu d'une brutalité insoutenable. L’amour éperdu de Rose pour son fils, Joseph. Un premier roman lumineux où l'espoir rayonne. Un cri d'amour déchirant.

Ma B.O. du roman :

Wyclef Jean - Million Voices


Sélection hiver 2019

LA VIE SECRETE DES ECRIVAINS - GUILLAUME MUSSO

LA VIE SECRETE DES ECRIVAINS
Aux Editions Calmann-Levy
Auteur : Guillaume Musso - 352 pages

“Tout le monde a trois vies : une vie privée, une vie publique et une vie secrète…”
Gabriel García Márquez


En 1999, après avoir publié trois romans devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée.

Automne 2018. Fawles n’a plus donné une seule interview depuis vingt ans. Alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste suisse, débarque sur l’île, bien décidée à percer son secret.

Le même jour, un corps de femme est découvert sur une plage et l’île est bouclée par les autorités. Commence alors entre Mathilde et Nathan un dangereux face à face, où se heurtent vérités occultées et mensonges assumés, où se frôlent l’amour et la peur…



Mon avis :

Nathan Fawles auteur torturé, retiré sur une île, dans une villa inaccessible que la mer bat de ses embruns. Seul compagnon un labrador. Raphaël, fan de l'écrivain n'est là que parce qu'il veut l'approcher, percer le mystère de son isolement.

Un naïf romancier balbutiant, une femme forte et fragile, un auteur reclus, clichés ? Pourtant la survenue de meurtres sanglants dans une lande battue par les vents et la mer finissent par vous embarquer jusqu'au dénouement.

D'accord, il y a quelques règlements de comptes de l'auteur avec l'édition, un point de vue sur ce qu'est un lecteur, les libraires, qui viennent brouiller les pistes par interviews interposées. Simples interludes ou messages à passer chacun y trouvera son interprétation.

Globalement un polar de bonnes factures, pour qui, Musso n'est pas une institution, ni un objet de dévotion. Un récit fluide qui fait perdre la boussole qui ne tend plus vers le Nord, mais sous tension vers un épilogue bien amené. 

En conclusion un bon moment de lecture tout simplement.

Ma B.O du roman :

John Tavener - Fragments Of A Prayer




LES REFUGES - JEROME LOUBRY

LES REFUGES
Auteur : Jérôme Loubry
Aux Editions Calmann-Levy - 395 pages

Installée en Normandie depuis peu, Sandrine est priée d’aller vider la maison de sa grand-mère, une originale qui vivait seule sur une île minuscule, pas très loin de la côte.
Lorsqu’elle débarque sur cette île grise et froide, Sandrine découvre une poignée d’habitants âgés organisés en quasi autarcie. 
Tous décrivent sa grand-mère comme une personne charmante, loin de l’image que Sandrine en a.
Pourtant, l’atmosphère est étrange ici. En quelques heures, Sandrine se rend compte que les habitants cachent un secret. 
Quelque chose ou quelqu’un les terrifie. Mais alors pourquoi aucun d’entre eux ne quitte-t-il jamais l’île ?
Qu’est-il arrivé aux enfants du camp de vacances précipitamment fermé en 1949 ?

Qui était vraiment sa grand-mère ?

Sandrine sera retrouvée quelques jours plus tard, errant sur une plage du continent, ses vêtements couverts d’un sang qui n’est pas le sien…

Mon Avis :

EPOUSTOUFLANT !

Une tension latente soutenue. Des personnages captivants, un lieu hors du temps, une intrigue tirée au cordeau pour vous embrouiller l'esprit.

Sandrine est une victime touchante et inquiétante à la fois. Impossible de développer un quelconque argumentaire au risque de divulgâcher une intrigue de haute volée.

Cependant à un moment, je me suis dit OK, c'est inspiré d'un fait divers glauque, l'issue est cousue de fil blanc. Je ne vais pas me faire avoir... En refermant le livre, j'y avais perdu mon latin, ma voie, n'avais pas trouvé de refuge pour éviter la claque inattendue prise aux dernières lignes. Bravo !

Jérôme Loubry est un maître conteur précis, qui cisèle son histoire, l'émaille de petits cailloux pour vous montrer la piste de la vérité. Quel brio pour nous faire perdre sa trace.

Y a-t-il plusieurs vérités ? Comment démêle-t-on le vrai du faux ? Vous l'apprendrez à vos dépens grâce à l'auteur. C'est un roman dans lequel le lecteur est embarqué, balloté, laissé pantelant sans boussole, qui fait froid dans le dos. 

En fermant le livre, j'ai poussé un NON ?! Vraiment, cet épilogue ne m'était pas venu à l'esprit, détourné qu'il était par la noirceur du moment ? Quelle maestria ! C'est bluffant ! Chapeau bas monsieur Loubry, si ce roman ne marque pas le genre cette année c'est à ne rien y comprendre !! 

C'est cinématographique, flippant à souhait, bref promis je ne vous quitte plus, vous m'avez fait trembler pour Sandrine, Damien. 

Je suis Fan définitivement ! Merci aux Editions Calmann-Levy pour la découverte de ce nouvel opus de Jérôme Loubry. A recommander absolument !


Ma B.O. du roman offerte par l'auteur :

Parlez moi d'amour - Lucienne Boyer 

SENTINELLE DE LA PLUIE - Tatiana de Rosnay

SENTINELLE DE LA PLUIE
Auteure : Tatiana de Rosnay
Editeur : Le livre de poche - 384 Pages

Sentinelle de la pluie est un roman d’une rare intensité dramatique où Tatiana de Rosnay déploie une tension psychologique magnifiée par un cadre apocalyptique renversant. Elle fait surgir de l’ordinaire bouleversé, l’insubmersible pouvoir de l’amour et de la rédemption.

La famille Malegarde est réunie à Paris pour fêter les 70 ans de Paul, le père, arboriste de renommée internationale. Sa femme Lauren prépare l’événement depuis deux ans, alors qu’importe les pluies diluviennes qui s’abattent sur la Ville Lumière et contrarient les retrouvailles. Mais Linden, le fils cadet, photographe charismatique, pressent que la redoutable crue de la Seine n’est pas la plus grande menace qui pèse sur l’unité de sa famille. Les secrets enfouis déferlent sous le ciel transpercé par les flots...


Mon avis

Lauren Malegarde souhaite réunir sa famille autour de son mari Paul, pour ses 70 ans. Sa fille Tilia réside à Londres, son fils Linden réside aux USA. Ce sera donc Paris !

Paris en crue capte la tension, les eaux montent, les secrets de famille trop longtemps restés enfouis reviennent en surface.

Ce roman est construit entre présent et passé, un drame est survenu dans la propriété des Malegarde lorsque Linden était enfant. Paul est tombé sous le charme de Lauren, la belle américaine mais n'a jamais vraiment été amoureux que des arbres dont il est le spécialiste incontesté. Les non-dits tissent des silences entre père et fils.

Au gré des crues, les secrets se dévoilent et l'on apprend à connaître les Malegarde.

Un roman tendu dont la fin m'a laissé sur ma faim. Bien écrit, poétique, un peu long parfois, mais avec des personnages riches, touchants comme Linden et Mistral. Trop de drames n'ont pas réussi à souder cette famille hors norme.

L'histoire est touchante, facile, à lire sans se poser de questions.


Ma B.O. du roman :

NOBODY KNOWS - Louis Armstrong

LES COULEURS DE LA VIE - LORRAINE FOUCHET

LES COULEURS DE LA VIE
Auteure : Lorraine Fouchet
Aux Editions Le livre de Poche - 374 pages

Quand Kim, jeune Groisillonne fraîchement débarquée de sa Bretagne natale à Antibes, est embauchée comme dame de compagnie par Côme, elle est touchée par le dévouement de ce fils pour sa mère Gilonne. D’autant que cette mondaine, ancienne actrice au caractère bien trempé, n’est pas toujours facile à vivre ! 
Quelle est donc sa surprise quand elle découvre, au hasard d’une conversation téléphonique, que le fils de Gilonne est mort… Ce jeune homme est-il un escroc, ou ses intentions sont-elles sincères ? Et pourquoi Gilonne, qui n’est pourtant pas sénile, le fait-elle passer pour son fils ? Guidée par sa curiosité et son attachement pour ces deux être cabossés par la vie, Kim se lance dans une enquête, afin de démêler le vrai du faux, et de faire la lumière sur la personnalité du « vrai » Côme, disparu dans des circonstances mystérieuses.

Les apparences sont parfois trompeuses, et la vérité peut être plus douloureuse que le mensonge… Dans ce roman choral aux accents résolument optimistes, Lorraine Fouchet dépeint la vieillesse avec ses regrets, ses tracas, mais aussi ses espoirs. On retrouve avec plaisir les ingrédients qui font la magie des livres de l’auteur : des personnages pittoresques, une touche de Bretagne, des airs de musique, le tout formant un merveilleux hymne à la vie.


Mon Avis

"La vie vaut son pesant de cacahuètes" pourtant "le chat" la grand-mère de Kim choisi de l'écourter, partir dignement sans être un poids pour personne est un acte que Kim ne comprend pas... Sa mère l'a laissé à sa naissance pour le monde où l'on va après, son père lui est inconnu. Elle n'a plus que Clovis et Cassiel, ne sait plus où est sa place. Elle fuit.

De son île de Groix, elle va partir pour les rives ensoleillées de la Méditerranée. Devenir membre de la confrérie des roux heureux que Gilonne va lui faire découvrir. Cette femme qui choisit de vivre sa vieillesse sans vraiment la toucher du doigt va lui redonner foi en la vie grâce aux rencontres qu'elle lui permettra de faire.

Vieille Gilonne ? jamais !

Lorraine Fouchet nous offre un roman délicat sur la vie, la mort, l'amour, la maternité, l'amitié, la construction de soi, d'une tendresse absolue.

Un origami délicat qui même malmené, déplié, reste un objet d'art, une musique délicate qui vous reste à l'oreille pour vous dire combien la vie est précieuse, la partager merveilleux car aimer finalement est ce que l'on fait de mieux.

J'ai aimé les personnages un peu fous, les décors qui n'étaient pas de Roger Hart, les costumes qu'ils ont endossés qui n'étaient pas de Donald Cardwell pourtant le petit théatre de la vie de Lorraine Fouchet m'a émue.

Ma B.O du roman :

Promenade sentimentale - Vladimir Cosma