IL ETAIT UNE FOIS MON MEURTRE - Emily KOCH

IL ETAIT UNE FOIS MON MEURTRE
Auteure : Emily KOCH
Aux Editions Calmnann-Levy

Comment élucider son propre meurtre ? Alex est dans le coma depuis deux ans, à la suite d'un accident d'escalade. Sa petite amie Bea, ses parents et sa soeur envisagent l'arrêt des soins comme il ne réagit à rien autour de lui. Mais en réalité, Alex est parfaitement conscient : son corps est certes inerte, mais son esprit est vif, et il entend tout ce qui se passe autour de lui. Quand un jour, Alex surprend deux policiers dans sa chambre, puis Bea se plaindre de se sentir suivie dans la rue, il comprend que le danger les menace tous deux.
En se replongeant dans ses souvenirs fragmentés, et au fil de phrases perçues ici et là, Alex commence à douter que sa chute n'ait été qu'un accident. Mais comment faire pour sauver sa peau, et celle de sa petite amie, en étant cloué à son lit d'hôpital ? 

Un thriller d'une grande intensité qui se lit comme un puzzle que l'on recompose, aidé d'un narrateur bouleversant, et unique en son genre.




 Mon Avis :


L'auteure propose un premier roman audacieux. L'intrigue se passe à huis clos dans la chambre d'hôpital d'Alex, personnage principal de la narration. Jeune journaliste féru d'escalade, il est dans le coma après un accident de varape.


On vit l'enfermement d'Alex dans son corps, le désarroi de Béa sa compagne, celui de son père, en parallèle des souvenirs qui s'insinuent dans l'esprit du jeune homme au gré des visites, son histoire familiale tragique, sa relation avec sa soeur.


La mise en place du récit peut sembler un peu longue, une centaine de pages tout de même pour comprendre Alex, sa vie, sa famille, son état de santé et d'esprit... son angoisse, ses peurs, la douleur.


Les gens parlent autour de lui, sans filtres, il est considéré comme étant dans un état végétatif, nul ne sait s'il entend, il ne réagit à aucun stimuli.  Les soignants, les policiers, sa Béa sont dans le doute... mais ainsi, il apprend que son accident n'en était pas un. Il combat sans que rien ne paraisse pour sortir du brouillard dans lequel il est plongé.



C'est un thriller intriguant qui questionne sur le maintien en vie de patients en état végétatif, sans pathos. Il est intéressant d'appréhender le point de vue d'Alex qui ne peut pas interagir sur les événements.


L'intrigue est bien ficelée, il m'a manqué quelque chose pour être totalement en empathie avec ce personnage.  Néanmoins, je n'aurai pas pu lâcher le roman avant l'épilogue, j'avais envie de savoir ce qu'il allait advenir d'Alex, qui le haïssait à ce point ? La tension est palpable lorsque le compte à rebours pour sa survie s'enclenche mais je ne vous en dis pas plus... 


Ma B.O du roman :


Mood To Be Wooed

Première Apparition sur Duke Ellington And His Orchestra – Kissing Bug / Mood To Be Wooed



VIGILE - HYAM ZAYTOUN



VIGILE
Auteure : Hyam Zaytoun
Aux Editions Le Tripode - 124 pages


Un bruit étrange, comme un vrombissement, réveille une jeune femme dans la nuit. Elle pense que son compagnon la taquine. La fatigue, l’inquiétude, elle a tellement besoin de dormir... il se moque sans doute de ses ronflements. Mais le silence revenu dans la chambre l’inquiète. Lorsqu’elle allume la lampe, elle découvre que l’homme qu’elle aime est en arrêt cardiaque. 
Avec une intensité rare, Hyam Zaytoun confie son expérience d’une nuit traumatique et des quelques jours consécutifs où son compagnon, placé en coma artificiel, se retrouve dans l’antichambre de la mort.
Comment raconter l’urgence et la peur ? La douleur ? Une vie qui bascule dans le cauchemar d’une perte brutale ? Écrit cinq ans plus tard, Vigile bouleverse par la violence du drame vécu, mais aussi la déclaration d’amour qui irradie tout le texte. Récit bref et précis, ce livre restera à jamais dans la mémoire de ceux qui l'ont lu.


Mon Avis :


L'auteure nous offre un premier roman qui captive dès les premières pages avec des mots touchants pour évoquer un accident de la vie.


Livré à la première personne, ce récit bouleversant décrit le combat d'une femme pour faire face au choc de l'attaque cardiaque que subit son compagnon, une nuit. 

En trente petites minutes, le basculement total, la peur : et si Antoine ne se réveillait pas ? Comment expliquer aux enfants, Margot et Victor, ce qui arrive à leur papa.  

C'est une explosion de tendresse et d'amour. Les mots sont beaux, justes, délicats, pour dire la peur, l'attente, la remise en perspective de ce qui est important, l'amour. On accompagne la narratrice, sous tension, dans l'attente du réveil d'Antoine, jusqu'au bout elle va être sa vigile, son garde du corps contre la mort.

Un roman précis, dense, chargé d'émotions, porté par une écriture puissante qui vous embarque, vous bouscule, jusqu'à l'épilogue. Un bref instant de vie, qui colle à la mémoire irrémédiablement, sous la plume élégante de Hyam Zaytoun.

Un vrai coup de coeur !


Ma B.O. du roman :

Staying Alive des Bee Gees - pour accompagner le massage cardiaque.



Sélection 2019





COMME ELLE L'IMAGINE - STEPHANIE DUPAYS

COMME ELLE L'IMAGINE
Auteure : Stéphanie DUPAYS
Aux éditions Mercure de France - 160 Pages



Laure avait des mots d’amour mais pas les preuves : Vincent n’évoquait jamais de date pour une prochaine rencontre. Et ce décalage entre les paroles et les actes la perturbait. Les messages maintenaient un lien entre eux, mais ils rendaient aussi la distance plus palpable et transformaient Vincent en une divinité inaccessible.

Laure est tombée amoureuse de Vincent en discutant avec lui sur Facebook. Depuis des mois, ils échangent aussi des SMS à longueur de journée. Elle sait tout de lui, de ses goûts, de ses habitudes mais tout reste virtuel. Si Vincent tarde à lui répondre, l’imagination de Laure prend le pouvoir et remplit le vide, elle s’inquiète, s’agace, glisse de l’incertitude à l’obsession. Quand une rencontre réelle se profile, Laure est fébrile : est-ce le début d’une histoire d’amour ou bien une illusion qui se brise? 
Subtile analyste du sentiment amoureux, Stéphanie Dupays interroge notre époque et les nouvelles manières d’aimer et signe aussi un roman d’amour intemporel sur l’éveil du désir, l’attente, le doute, le ravissement.



Mon Avis :


Laure, professeur trentenaire, seule, va se livrer sur Facebook à un échange nourri de messages avec Vincent. Même amours de Flaubert, Proust, René Guy Cadou ou encore Véronique Sanson, J.J. Goldman, de la nostalgie, des vieux films de Rohmer... Laure est séduite.

"J'aime à vous écrire, c'est épouvantable, c'est donc que j'aime votre absence" Mme de Sévigné.

Est-elle amoureuse ou est-ce la recherche du sentiment amoureux qui rend Vincent si attirant ?  Les réseaux sociaux ont changé la manière de se rencontrer pour certains : se livrer sincèrement, être dans l'attente de l'approbation de l'autre, dans l'inquiétude si la réponse tarde, le désir d'apprendre à connaître virtuellement Vincent, pour se convaincre que ce sera la bonne personne, avant de l'avoir face à soi. Tout cela donne l'impression à Laure de vivre plus intensément, de remplir l'espace vide, de développer un lien plus fort puisqu'elle a été comprise. 

L'auteur nous offre un roman ciselé, ponctué de références littéraires, pour décrire la solitude d'aujourd'hui. Elle intellectualise, décortique la rencontre 2.0, les amitiés virtuelles, la relation créée par Laure dans sa soif d'amour, son besoin de reconnaissance et paradoxalement d'un réel alter-ego puisqu'elle a été elle-même, totalement, avant la rencontre physique. 

Un récit maîtrisé, enlevé, pour décrire un sujet d'une grande banalité, avec justesse, dans un monde où le portable est posé entre les individus en permanence dans l'attente d'un partage que l'on a trop souvent des difficultés à vivre face à face. La prédation de pseudo-séducteurs qui vampirisent les informations confiées pour construire l'amoureux idéal de femmes rendues naïves par excès de solitude.

Une fiction pour alerter sur la solitude, la rupture de contact vrai entre les individus, qui trouvera certainement son lectorat. Un roman adroit qui donne à réfléchir sur nos pratiques sur les réseaux sociaux.


Ma B.O. du roman :

Comme elle l'imagine - Véronique Sanson (titre soufflé par l'auteur)

Sélection 2019



DEMAIN LE JOUR SE LEVERA - Georgina Tuna Sorin

DEMAIN LE JOUR SE LEVERA
Auteure : Georgina Tuna Sorin
Aux Editions : Librinova - 242 pages

Décembre 2018. 

Anna, Nico et Mathis, trois jeunes pleins de vie, préparent ensemble les fêtes du Nouvel An. Inséparables, ils partagent leur quotidien entre les amis, les amours, et les études.Pourtant, l'année suivante débute au rythme des machines de l'hôpital où Anna s'accroche à la vie. 

Au fil des pages, l'auteure nous transporte dans un futur proche et inquiétant, et laisse deviner qu'une menace pèse sur la petite bande : pour eux, tout semble devoir changer. Quel drame va donc les frapper ? 

Demain le jour se lèvera met en scène des personnages touchants dont le courage et l'envie de vivre surpassent toutes les épreuves qu'ils ont à affronter. Un récit intense et émouvant !


Mon avis :


"Personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir

ou ne meurt que pour renaître" Marguerite Yourcenar.

La question est posée : qu'y a-t-il au-delà du perceptible ? Bip Bip Bip : on entre dans le roman au rythme de la machine qui contrôle les battements de coeur d'une jeune femme pleine de vie. Anna.

Anna, Mathis, Nico, Sophie, étudiants en Staps à Dijon. Inséparables. Amoureux de la vie. Amoureux sans le dire.

L'auteure nous embarque dans l'après accident, nous attache aux respirations de Mathis et Anna. On manque une respiration quand le Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip peu rassurant, s'emballe, on trésaille quand Mathis crie le nom d'Anna.

Ce roman est lumineux par l'amour qu'il irradie ; gris lorsqu'il nous plonge dans le coma d'Anna. L'auteure a une écriture percutante. Qu'est-ce qui nous guide lorsqu'un drame de la route nous ramène à la vulnérabilité du corps ? Qu'est-ce qui détermine que l'on sorte ou non d'un coma ? L'amour est-il un fil suffisamment ténu pour nous ramener, nous donner la force de se dépasser pour retrouver la lumière des néons de l'hôpital.

Ce roman se dévore, impossible à lâcher, ponctué d'humour, touchant. Les émotions sont vives à la lecture de la bataille pour la vie de ces jeunes gens. Ce récit est un hymne à la vie, l'amour, l'amitié, la parentalité, aux soignants.

C'est une gamme d'émotions qui monte crescendo au fil de ce premier roman très efficace !

Un vrai coup de coeur pour la construction, l'écriture, le drame sans le pathos, les émotions fortes ! Un vrai bon moment de lecture, un bémol après tant de frissons partagés avec des personnages tous très attachants, difficile de les abandonner sans espérer en savoir plus sur leur avenir.

Ma B.O du livre :

We belong to me