IL FAUT BEAUCOUP AIME LES GENS _ Solène Bakowski



 IL FAUT BEAUCOUP AIME LES GENS

Autrice : Solène Bakowski

Aux Editions Plon - 364 pages

Après un séjour en prison, Eddy Alune, 31 ans, est devenu veilleur de nuit, un métier qui lui permet d'échapper aux gens et aux ennuis. Il vient de perdre son père. En vidant l'appartement de son enfance, il retrouve des effets personnels qu'il a volés, vingt ans plus tôt, à proximité d'une SDF morte dans la rue. Poussé par la culpabilité, il décide de rendre à cette femme l'histoire qui lui a été confisquée.
Une enquête commence, dans laquelle Eddy se lance magnétophone à la main, pour ne rien oublier. De rencontre en rencontre surgissent plus que des souvenirs. Des liens nouveaux se tissent et la mémoire, ravivée par Eddy, va bouleverser bien des vies.
Il faut beaucoup aimer les gens trace le parcours d'un homme ordinaire qui, voulant réparer ses fautes, se trouve réparé par les autres. Ce roman pudique et profondément humain dessine les contours extraordinaires des visages qui font notre quotidien.


Mon avis :


Solène Bakowski m'a conquise une fois de plus avec les destins croisés d'Eddy Alune, Luciole, Rosa et ses personnages secondaires Noémie, Ahmed, Amalia et les autres.

L'autrice a l'art de nous conter les destins fragiles de ces gens que l'on croise sans les voir. Elle tisse sa toile de dentelles pour nous donner à rencontrer des êtres abîmés par la vie, en proie aux doutes et aux remords comme Eddy et Luciole. Chaque roman de Solène Bakowski nous parle d'humanité.

Je ne veux pas divulgâcher cette histoire si délicatement écrite. Mais, ne passez pas à côté de la perspective qui vous est offerte de regarder le monde autrement, de vous laisser porter par la voix de Luciole et l'envie de réparer d'Eddy.

Eddy redonne vie à Rosa, morte sous un porche. Il retrace sa vie à travers le récit des personnes qui l'ont connue, aimée, qui ont été intrigués par cette femme croisée au hasard d'un café. Une femme vibrante. Cela va permettre à cet homme fermé, solitaire, blessé, de s'ouvrir aux autres.

L'autrice sort de l'ombre ces personnages que la vie malmène. Elle nous parle tout en pudeur de ceux qui leur offre un lien ténu, une écoute indispensable jusqu'au matin suivant, pour qu'ils aient la force de continuer jusqu'à la nuit suivante. 

Solène Bakowski est une guérisseuse, elle pose sa plume avec tendresse sur votre coeur pour vous permettre d'aimer les gens, tout simplement.


NOS COEURS SI LOIN - ELAINE CASTILLO

 NOS COEURS SI LON

Autrice ELAINE CASTILLO

Aux Editions La Croisée - 552 pages

Quand elle arrive dans la baie de San Francisco après a voir fui les Philippines, son pays natal, Hero refuse d'evoquer ce qui lui est arrivé. Au coeur de la Californie, c’est toute une communauté d’expatriés qui va l’accueillir : jeunes adultes, enfants, employés de restaurants, salons de beauté, qui se sentent ni tout à fait américains, ni tout à fait philippins. Parmi eux, Hero tombe amoureuse de Rosalyn, et son passe resurgit malgre elle…
Entre La Vie breve et merveilleuse d’Oscar Wao de Junot Diaz et les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin, Nos coeurs si loin est un premier roman lumineux et profond sur l’amour sous toutes ses formes, sur les exactions d’un régime politique et le pouvoir salvateur des communautés - de sang ou de coeur.



Mon avis :

Ce roman est difficile à aborder, un peu trop dense à mon goût. Pourtant les portraits de femmes proposés par l'autrice : Hero, Paz, Roni, d'âge différents, bel et bien liées par ce destin d'expatriées sont poignants.

Le traumatisme vécu par Hero, Paz, s'imprime à la génération suivante sans que rien ne puisse l'empêcher. Beaucoup d'humanité dans ce roman choral. L'écriture est intense, les questionnements nombreux car même si la communauté permet un sentiment d'appartenance, tous ces gens ne sont plus vraiment Philippins et pas Américains.

Même si pour la plupart d'entre eux, c'était une question de survie, le déracinement est une blessure indélébile. L'autrice nous touche en nous faisant traverser le temps, celui du passé aux Philippines et du présent en Amérique avec ses difficultés d'intégration, la langue qui émaille les conversations à la maison, la double culture à construire dans une ville cosmopolite nous éclaire sur les difficultés d'une communauté qui doit trouver sa survie dans des petits boulots.

L'autrice nous permet d'entrevoir les Philippines, la dictature, le multiculturalisme, l'importance des communautés pour les expatriés, la sauvegarde de l'amour.

Toutefois, je n'ai pas trouvé la référence avec les chroniques de San Francisco pertinente. Le roman aurait mérité d'être élagué d'un nombre trop important de personnages pour rendre de la lisibilité au destin de Hero.

Je remercie l'opération Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de découvrir la plume d'Elaine Castillo.


LE LOUP PEINT - Jacques SAUSSEY

 LE LOUP PEINT

Auteur : Jacques SAUSSEY

Editions Le Livre de Poche thriller- 462 pages

Vincent Galtier est vétérinaire dans une petite ville de l’Yonne, près d’Auxerre. Depuis la mort de son fils, son couple est exsangue. Seule, Marion, sa maîtresse, parvient avec peine à lui faire vivre quelques rares moments d’oubli au creux de son lit. Une nuit, alors qu’il vient de la quitter et traverse une forêt isolée pour rentrer chez lui, les passagers d’une voiture inconnue lui tirent dessus et tentent de le précipiter dans un ravin. Lorsque Vincent parvient enfin à son domicile, après leur avoir échappé de justesse, c’est pour y découvrir une scène de massacre. Mais ce n’est pas la seule qui l’attend. Le cauchemar ne fait que commencer...



Mon avis :


Je découvre Jacques Saussey avec ce thriller.

L'idée d'une intrigue au sein d'un trafic de chiens, dont un plus exotique que les autres, soutenu par un vétérinaire, m'a paru très intéressante, même si l'auteur s'autorise à utiliser de vieilles recettes, un peu éculées : "sexe et hémoglobine", plus quelques clichés attendus pour agrémenter le récit.

Il ne faut pas être fragile pour se laisser embarquer tambour battant par la frénésie de vengeance de Sophie, la "bombe" assassine. Je ne sais pas si le prénom a été choisi à dessein mais Sophie a en effet eu bien des malheurs, qu'elle va faire payer à qui se mettra en travers de la mission qu'elle a décidé de poursuivre en souvenir de son amoureux de mentor.

L'auteur nous ballote au gré des désastres qui vont s'abattre sur un Vincent Galtier qui se laisse porter par les évènements et son "deuxième cerveau", ce qu'il va amèrement regretter. Le vieux brisquard de Richard Milan, policier incolore, a l'instinct de limier va permettre des avancées que le lieutenant Dardenne n'a pas vues venir.

Un thriller habile qui rend captif jusqu'à l'épilogue. J'ai été ballotée au gré des manigances de Sophie, des frayeurs de Galtier, des réflexions de Milan, de tous les twists semés, comme des petits morceaux de pain sur le chemin du lecteur, qu'un corbeau aurait englouti pour le perdre dans les méandres de l'esprit d'un couple infernal, d'un flic obsédé et d'un vétérinaire attentiste et velléitaire. 

Un bon moment de lecture !



MAMMA MARIA - Serena GUILIANO

 MAMMA MARIA

Autrice : Serena Guiliano

Aux éditions Pocket - 227 pages

"Ciao, Sofia, qu'est-ce que je te sers ? Comme d'habitude ? Et j'ajoute un cornetto, parce qu'il faut manger, ma fille !
– Oui, merci, Maria."
Je m'installe en terrasse, face à la mer, comme chaque matin depuis que je suis de retour en Italie. J'aime bien travailler au son des tasses qui s'entrechoquent. Et, au Mamma Maria, j'ai toujours de la compagnie. Il y a ceux qui viennent tuer le temps. Il y a les enfants qui rêvent devant le comptoir à glaces. Il y a les ados qui sirotent un soda, monsieur le curé, et, surtout, mes partenaires de scopa.
Ici, on vient échanger quelques mots, partager un apéro, esquiver la solitude ou écouter Celentano. Moi, je viens pour me persuader que j'ai bien fait de quitter Paris... et l'autre abruti.
Il fait quand même meilleur ici.
Et puis, on cherche aussi à profiter de la bonne humeur (ou non) de Maria, qui mène, comme une mamma, tout ce petit monde à la baguette.
Bref, j'ai enfin retrouvé mon village paisible.
Enfin, paisible jusqu'au jour où...


Mon avis :


Je ne vais pas révolutionner les avis déjà donnés sur ce roman aussi doux qu'un jour d'été face à la mer.

Serena Guiliano nous propose d'accompagner Sofia de Paris à son village italien posé sur une colline face à la mer. "Choisir c'est renoncer", Sofia veut Paris, sa grisaille, sa vie survitaminée et le farniente, la jovialité ou pas d'une Maria, intrusive, aux petits soins, de mauvaise foi, mais aussi tendre à l'intérieur qu'elle peut être cruelle parfois.

Une vie baignée de chaleur et d'absence, du petit bonheur de jouer à la Scopa avant l'heure de l'apéritivo. D'avoir Lella pour amie, comme une soeur qui la comprend, la soutient. Alors, lorsque Franco décide que non, le monde ne l'obligera pas à prendre une décision qui lui briserait le coeur, Sofia embarque dans sa galère et ne lui lâche plus la main.

Une bataille qui amènera Sofia à trouver son chemin mais je ne vais pas divulgâcher l'histoire si délicatement narrée par Serena Guiliano.

Elle nous offre un roman plein d'humanité, une bouffée de lumière de la côte Amalfitaine, une plongée dans les recettes de Maria. Sofia nous embarque, nous impose la question : "et moi, aurais-je su me comporter ?".

Cette histoire qui donne envie de s'asseoir en terrasse, devant un spritz, un limoncello ou le fameux amalfitano, est bien plus qu'une parenthèse ensoleillée qui chatouille les papilles.

Découvrez-le, ce roman nous laisse croire que nous pouvons dépasser nos inquiétudes pour être plus à l'écoute du monde qui nous entoure. Peut-être enverrez-vous plus de cartes postales désormais ?!