MES SOEURS, N'AIMEZ PAS LES MARINS _ Grégory NICOLAS

 

MES SOEURS, N'AIMEZ PAS LES MARINS

Auteur : Grégory NICOLAS

Aux Editions : LES ESCALES

Grand roman d’amour et d’aventure, Mes sœurs, n’aimez pas les marins rend un hommage bouleversant à ces femmes à qui la mer a tout pris et qui ne renoncent jamais.

1942, sur les côtes de Bretagne. Quatre vies entre petits matins calmes et furie des tempêtes. Celles de Perrine et de son fils Jean, qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, décide d’embarquer sur un bateau de pêche à seize ans, contre l’avis de sa mère. Puis c’est la rencontre entre Jean et Paulette, le coup de foudre, la naissance de Pierre.
Quand le bonheur semble installé, c’est la mer qui revient pour l’arracher avec violence. Alors un jour, la jeune Paulette décide de briser les chaînes du destin : Pierre, son petit garçon, ne sera jamais marin. Elle l’emmène à l'abri, comme font les louves, aussi loin du rivage que possible. Mais il faut croire que la mer, encore et toujours, a des ruses auxquelles nul ne peut échapper…


Mon avis :

Une histoire d'amour rude, pleine de tendresse qui dépeint une époque pas si révolue. Les femmes des bords de mer continuent d'attendre que la mer leur rende les hommes qu'elles aiment à chaque campagne de pêche, avec la crainte qu'elle ne le fasse pas.

L'auteur offre un roman bouleversant. La mer fascine, nourrit, tue, emprisonne ceux qui se sont laissé porter par elle. La mer est presque mythologique tant sa puissance à captiver ceux qui l'ont respiré est grande.

Femmes de marins, femmes de chagrin ? Perrine a perdu son époux englouti par la mer. Elle prie pour que Jean se détourne d'elle, reprend espoir lorsque Paulette, fille de charpentier, apprivoise Jean. Peut-être que l'amour le gardera à terre ?

Des amoureuses transies de peur pour leurs hommes qui chevauchent la mer par tous les temps pour une maigre pitance trop souvent. L'attente, la peur, la famine, la fierté pour le courage des hommes qu'elles ont choisis en sachant qu'un jour peut-être la mer les leur prendra, tel est le destin de ces femmes : l'attente angoissée, affamée parfois.

La solidarité des autres qui ont eu plus de chance, jusqu'à quand ? La fierté d'avoir résisté dans les temps troubles des guerres. L'amour et la peur qui gainent l'estomac de ces hommes qui ne pourraient pas faire un autre métier malgré les suppliques des femmes de leur vie.

Grégory Nicolas offre un roman bouleversant, vibrant hommage à ces femmes courageuses devenues soeurs dans l'adversité du quotidien, fières et fragiles à la fois.

Merci aux Éditions Les Escales pour la belle découverte de la plume délicate de Grégory Nicolas, qui façonne des personnages captivants, un roman poignant.


SOUS LE SOLEIL DE SOLEDAD _ Laurence Peyrin

 

SOUS LE SOLEIL DE SOLEDAD

Auteure : Laurence PEYRIN

Aux Editions Calmann-Levy

Peut-on encore être heureuse quand on ne s’est jamais aimée ?
Quand les complexes et les avanies de l’enfance vous ont endurcie ?
Quand le monde tel qu’il est devenu vous semble étranger ?
Voici l’histoire de Cassie.
La Floride, de nos jours. Depuis qu’elle est toute petite, tout le monde appelle Cassie par son surnom, Mama Cass, comme la chanteuse pop.
Elle a cinquante ans, elle est complexée par ses kilos, solitaire, désenchantée. Sa vie tourne autour du safari-alligators hérité de ses parents, qui embarque les touristes en aéroglisseur pour observer les merveilles de la nature dans les Everglades.
Elle n’a qu’un ami, Oleg, qui la fait rire et supporte son caractère. Quand elle retrouve sa grande maison vide, le ménage est fait, par Soledad, une Mexicaine âgée qui travaillait déjà pour ses parents.
Un soir, Mama Cass découvre Soledad étendue sur le tapis du salon. Morte. Crise cardiaque. Qui prévenir ? Un peu honteuse, elle se rend compte qu’elle n’en sait rien. En furetant, elle trouve dans un tiroir un mot de Soledad : « Mademoiselle Cassie, quand je serai morte, ramenez-moi chez moi. »
Mama Cass n’est jamais sortie de Floride. Mais elle se sent tenue de respecter ces dernières volontés. Pour la première fois de sa vie, elle va prendre l’avion, et partir pour le Yucatan, à la recherche des origines de Soledad, la Mexicaine aux yeux clairs.

Au cours de son voyage, elle découvrira l’amitié, incongrue, et l’humanité des autres…Et le goût de la vie.


Mon avis :

Laurence Peyrin nous offre une fois de plus un portrait de femmes dans leur époque. 

Pourquoi j'aime lire, comme vous probablement, pour le voyage immobile, l'imagination en vogue au creux des pages que l'on tourne fébrilement pour connaître l'issue de l'histoire qui nous est offerte.

Oui, bien sûr ! mais aussi pour l'humanité des personnages, pour la rencontre avec ceux que l'on n'oubliera pas. Mama Cass-Cassie, Viva vont m'accompagner un moment.

Je suis une fan inconditionnelle de Laurence Peyrin, néanmoins je crois qu'il faut lire le roman sans attente, lui laisser le temps de nous embarquer. 

J'ai apprécié le temps de la découverte de l'univers particulier de Mama-Cass, il permet de tenter de discerner sa complexité entre désamour d'elle-même, sa joie d'accueillir des gens d'un autre horizon pour le plaisir d'explorer d'autres mondes, sans quitter son refuge. Il s'agit bien d'un refuge pour Mama Cass, entourée de quelques hommes dont Oleg, une seule nuit partagée qui ne les a pas séparé mais qu'ils ont eu peur de renouveler. Il y avait tant à perdre. Le Safari avec Senior et les quelques gaillards qui l'entourent devenus sa famille.

Soledad est une ombre discrète dans la vie de Mama Cass. Arrivée 30 ans plus tôt pour pallier l'absence de sa maman lorsqu'elle travaillait au Safari. Mama Cass est restée en périphérie de la vie de cette femme qui a continué à prendre soin d'elle au quotidien après le décès brutal de sa mère. 

Mama Cass se dit qu'elle ne peut pas faire autrement que d'accéder à la dernière volonté de Soledad : la ramener chez elle au Yutacan. C'est le moins qu'elle puisse faire pour elle, même si cela la terrorise de quitter son safari. La rencontre de Viva changera tout ! 

Un roman qui aborde des thèmes chers à Laurence Peyrin : l'estime de soi, la sororité, l'amour, l'émancipation. Cette fois encore l'histoire est touchante, Mama Cass qui découvre Cassie est bouleversante. Elle a pris chair, est sortie de ses pages pour vibrer, s'émanciper, être criante de vérité. 

J'aurais aimé une fin plus happy-end même si... Mais dans la vie tout ne se déroule pas comme on le souhaite, c'est ce qui rend la Cassie de Laurence Peyrin si vivante. 

Merci pour ce joli moment de lecture, je n'ai pas pu quitter Cassie avant de connaître Soledad.