UN LONG. SI LONG APRES-MIDI _ INGA VESPER

 UN LONG.SI LONG APRES-MIDI

Autrice INGA VESPER

Aux Editions De la Martinière - 408 pages

Dans un quartier riche et ensoleillé de Los Angeles, tout semble parfait. Mais la perfection n’existe pas, et là où il y a soleil, il y a ombre.
Secrets et tragédies se cachent à chaque coin de rue.
Dans une veine qui rappelle La Couleur des sentiments ou Desperate Housewives, Un long, si long après-midi est un premier roman époustouflant au coeur d’une Amérique asphyxiée par son sexisme et son racisme ordinaires.
« Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien-sûr. Pas encore. En réalité, j’ai du mal à y croire moi-même. Pourtant, quand je me suis réveillée ce matin, j’ai su que c’était vrai. »
C’est l’été 1959, les pelouses bien taillées de Sunnylakes, en Californie, cuisent sous le soleil. Dans la chaleur étouffante d’une trop longue après-midi, Joyce, une mère de famille comme on en rencontre dans les belles histoires du rêve américain, s’ennuie. Ses enfants crient, son mari va bientôt rentrer, les minutes rampent comme des limaces.
C’est l’été 1959 et Ruby, la femme de ménage de Joyce, rejoint la maison où elle doit effectuer ses dernières heures de travail de la journée. Mais Joyce a disparu et ne subsiste plus dans la cuisine qu’une mince tâche de sang sur le sol.

C’est l’été 1959 et quand on suspecte un crime, la femme de ménage noire et célibataire est toujours la meilleure des suspectes. Le fusible à faire sauter pour éviter que n’explose le grand miroir des faux semblants. Si ce n’est que Ruby a décidé de se saisir de son propre sort. L’émancipation féminine et raciale n’est pas encore à la mode, mais elle est déterminée à faire entendre sa voix. 


Mon avis


Roseview Drive a quelque chose de Wisteria Lane, des jardins entretenus, des femmes au foyer flanquées de mari laborieux pour prendre soin d'elle. Elles ont tout pour être heureuse, une bonne noire, des enfants à élever, un pavillon au calme dans une banlieue loin des ghettos dont sont issues leurs domesticités.

Pure fiction que ce besoin d'émancipation féminine, à la fin des années 50, dans une Amérique où les noirs témoins de violence deviennent les suspects des crimes commis ? En tout cas, cette enquête menée tambour battant nous plonge dans la sempiternelle question : doit-on se mêler d'affaires qui ne sont pas les nôtres pour assouvir un sentiment de justice quand votre couleur de peau peut vous amener tout droit à prendre la place du suspect ?

Fil rouge de cette intrigue, la voix de Joyce distille des informations sur sa vie, ses choix, ceux que la société lui impose.

Inga Vesper nous propose un premier roman, au coeur d'une enquête haletante, qui même s'il y a des invraisemblances nous amène à découvrir les déboires et aspirations de Ruby, Joyce, Deena jusqu'à l'épilogue. Le duo, flic hors des clous et bonne noire intelligente, deux personnages centraux, singulièrement humains avec leurs fêlures et leurs aspirations à voir une société plus juste advenir est parfois un peu caricatural, mais il serait agréable de le voir évoluer dans une suite à venir.

L'autrice nous conte le quotidien des femmes de cette époque. Y-a-t-il une barrière entre les "blanches et les noires" ? Pas dans les quatre murs de la maison de Joyce qui comprend parfaitement les aspirations et les blessures de Ruby. Pourtant, rien ne doit transpirer. Tout est faux-semblant et bien-pensance à Sunnylakes.

Un roman qui nous montre le chemin parcouru et celui qui reste à conquérir pour les femmes de quelques horizons qu'elles soient.

Un très bon moment de lecture. Je remercie Babelio et les Éditions de la Martinière de m'avoir permis de découvrir l'écriture fluide d'Inga Vesper.


 


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