RANEE TARA SONIA CHANTAL ANNA _ Mitali Perkins

RANEE TARA SONIA CHANTAL ANNA

Auteure : Mitali PERKINS

Aux éditions Bayard - 344 pages

Des années 1960 aux années 2000, cinq femmes cherchent leur propre voie, entre leur culture indienne et le rêve américain auquel elles aspirent.

Ranee migre avec sa famille du Bengale à New York pour une vie meilleure.
Tara, sa première fille, est admirée par tous, mais se sent obligée de jouer un rôle pour continuer à être aimée.
Sonia, sa cadette, rebelle et engagée, provoque un véritable séisme au sein de la famille lorsqu'elle tombe amoureuse.
Chantal, la fille de Sonia, talentueuse danseuse et athlète, est prise dans une lutte entre ses deux grands-mères et ses origines.
Anna, enfin, reproche à sa mère, Tara, de l'avoir forcée à quitter l'Inde pour les États-Unis et doit trouver sa place à New York.

Le fragile équilibre que les femmes de la famille Das peinent à trouver est chaque jour menacé par des blessures qui mettront des générations à cicatriser...


Mon avis :

Ranee et Rajeev ont quitté Londres pour New York avec l'espoir d'un meilleur avenir.

Le poids des traditions les a accompagné en même temps que leurs deux filles Tara et Sonia. 

Deux jeunes femmes de 17 et 15 ans, très différentes, l'une a besoin d'incarner un personnage pour s'intégrer dans le pays où elle réside, l'autre a besoin des mots pour faire face aux difficultés qu'elle rencontre.

Ce roman est estampillé "adolescent" mais il donne à voir autant aux adultes qu'aux jeunes lecteurs, la difficulté de trouver sa place, de vivre ses rêves, d'être pugnace et résiliant tout à la fois, de se confronter au racisme ordinaire.

J'ai aimé le caractère très différent, bien trempé, de ces cinq femmes même si leurs racines les ont menées à conduire leur vie de manière distincte. Finalement, Ranee a réussi à trouver une place centrale dans la vie de chacune. L'arbre de vie et la statue de la liberté les ont guidés en leur susurant les poèmes de Tagore.

Pour qu'un arbre grandisse, s'épanouisse, il lui faut un terreau adapté, de la lumière et de l'attention. C'est à la lueur d'un terrible drame que Ranee s'est rendu compte que le terrain qui lui avait été offert était favorable à ce qu'elle s'autorise à vivre à New York dans un quartier qu'elle avait d'abord honni.

On s'attache à ces femmes pour leur combativité, leur foi en l'avenir. L'auteure offre un roman feel-good agréable à lire même si parfois la facilité à traverser certains écueils ramène à la fiction. Néanmoins, ce roman choral nous fait traverser les époques, se questionner sur des thèmes universels tels que l'intégration, le deuil, l'amour, le racisme, l'importance des mots pour faire face aux maux, la religion avec délicatesse.

Un roman que l'on ne quitte pas avant l'épilogue, joliment happy-end. 

Je remercie Babelio pour sa proposition de lecture via son Masse Critique et les Éditions Bayard pour cette tendre découverte.

Durant toute ma lecture la musique de Maxime Le Forestier a tinté à mes oreilles "Né quelque part" : "Être né quelque part pour celui qui y est né c'est toujours un hasard..." 


INCONDITIONNELLES - Marlène Charine

INCONDITIONNELLES

Auteure : Marlène Charine

Aux éditions Calmann-Levy - 342 pages

TROIS MÈRES, UNE FLIC ET CETTE QUESTION : QUE MÉRITE CELUI QUI A BRISÉ UN ENFANT ?

« Venez ! Elles sont là ! » La capitaine Silke Valles et son équipe viennent d’investir une maison délabrée sur les hauteurs d’Annecy. Au sous-sol, une des trois fillettes enlevées dix jours auparavant gît, inconsciente, dans une baignoire remplie de glace. Les deux autres sont recroquevillées à côté, terrifiées mais indemnes.


Le ravisseur a été abattu dans l’assaut, l’affaire est donc officiellement close. Et pourtant, insidieusement, d’indice en indice, une interrogation fait son chemin dans l’esprit de la capitaine Valles, mais aussi dans celui de Garance, Cora et Blandine, les mères des trois fillettes : et si ça n’était pas fini ?


Mon avis :

La capitaine Silke Valles est soulagée. Les trois gamines ont été retrouvées vivantes. Le pervers qui les a enlevées durant 7 jours a été abattu. Tout cela fini aussi bien que possible, elles sont vivantes.
Alors pourquoi ce poids sur sa poitrine ?

Trois mères très différentes :

  • Garance, la dentiste, famille de notable sans soucis d'argent, qui envie la relation que son mari a tissée avec sa fille. 
  • Cora, mère célibataire, qui s'efforce de donner le meilleur à la sienne avec des difficultés à joindre les deux bouts.
  • Blandine, mère attentive, couple au bord de la rupture, que le drame ne va pas épargner qui doit surmonter son chagrin pour son fils.

Trois gamines traumatisées que ces mères louves vont protéger de leur mieux. Sam et Romane sont perturbées mais vivantes, Mélie ne survivra pas à son bain prolongé dans l'eau glacée. 

Qui et pourquoi a-t-on infligé de telles horreurs à de petites filles de 8 ans. Pourquoi elles ? Silke ne se résoudra pas à clore l'enquête à la mort de Lerieux. Se peut-il qu'il n'est pas agi seul ? Appelons cela l'instinct. Basile, son coéquipier la met en garde, l'enquête est officiellement close. Alors pas de vague.

Marlène Charline nous propose d'accompagner ces trois mères meurtries. Garance, doute la première de la version officielle. Que peuvent faire ces trois femmes pour protéger leur enfant ? Jusqu'où la haine de l'auteur des faits et l'amour absolu, inconditionnel qu'elles portent à leurs filles les mèneront-elles ?

Le crime peut-il rester impuni ? L'auteure nous fait vivre avec Silke, son enquête pas à pas, les questions, la culpabilité de ces femmes d'avoir failli à protéger leur progéniture, au gré des chapitres rythmés par les différents points de vue. 

On découvre aussi la force qu'il faut à ces familles face à la vraie-fausse empathie des commères qu'on croise tous les jours à l'école, qui se repaissent de l'horreur, "comment va ta fille ?". Le regard des autres pleins de compassion qu'on évite pour ne pas craquer.

Puis il y a Silke. Vous voilà à chercher ce qui la ronge au-delà de ce fait divers glaçant. Tous les personnages féminins sont vibrants. La plume incisive. 

Marlène Charine nous permet de comprendre que le retour à la maison n'est pas tout. Au fil de ce thriller captivant, des thèmes forts sont abordés, la maternité, la vengeance, la réparation, le deuil, l'amitié, la reconstruction. 

Ce thriller est totalement addictif, intense, saisissant pour les questions qu'ils vous imposent. L'épilogue livre une fin inattendue.

Ce roman est un de mes coups de coeur de l'année ! Je remercie Emmanuelle, Responsable du rayon livres de Cultura, de me l'avoir offert. 





 

VERS LE SOLEIL - JULIEN SANDREL

 VERS LE SOLEIL

Auteur : Julien Sandrel

Aux éditions Calmann-Levy - 268 pages

14 août 2018. Tess part vers la Toscane, où elle doit rejoindre pour les vacances sa fille Sienna et l’oncle de celle-ci, Sacha. Mais alors qu’elle fait étape chez sa meilleure amie à Gênes, un effroyable grondement ébranle la maison, et tout s’écroule au-dessus d’elle. Une longue portion du pont de Gênes vient de s’effondrer, enfouissant toute la zone. Tess est portée disparue.

Lorsque Sacha apprend la catastrophe, c’est tout leur univers commun qui vole en éclats. Tous leurs mensonges aussi. Car Sacha n’est pas vraiment l’oncle de cette petite fille de neuf ans : il est un acteur, engagé pour jouer ce rôle particulier quelques jours par mois, depuis trois ans. Un rôle qu’il n’a même plus l’impression de jouer tant il s’est attaché à Sienna et à sa mère. Alors que de dangereux secrets refont surface, Sacha sait qu’il n’a que quelques heures pour décider ce qu’il veut faire si Tess ne sort pas vivante des décombres : perdre pour toujours cette enfant avec laquelle il n’a aucun lien légal… ou écouter son coeur et s’enfuir avec elle pour de bon ?

En attendant, il décide de cacher la vérité à la petite fille, et de la protéger coûte que coûte..


Mon Avis :


Julien Sandrel, une nouvelle fois, nous offre une histoire délicate, fine comme de la dentelle de Calais.

De Londres en passant par Paris, Gênes ou Venise, on découvre l'histoire de Tess, Sienna, Sacha, Francesca, Chiara et bien d'autres. Un voyage en Italie, avec des yeux d'enfants, qui vous embarque des jardins de Nikki de St Phalle à la place Saint-Marco.

L'auteur, avec un talent qui ne se dément pas, nous embarque, nous ballote au gré d'un drame brutal, des émotions qui en découle, pour nous laisser finalement entrevoir la lumière, mais que de péripéties à vivre. On vibre avec Sacha et Francesca. 

D'une écriture délicate, il tisse une histoire d'amour peu ordinaire entre une petite fleur, un comédien et une femme meurtrie qui s'autorise à nouveau à ouvrir son coeur.

L'auteur nous offre un bouquet d'émotions à vivre lorsque le pont Morandi s'effondre. Soutenu par un vrai suspense, une fois de plus, l'histoire se déroule sans qu'il soit possible de quitter ces personnages désarmants d'humanité. 

"Come prima, tu me donnes tant de joie". C'est cela un roman de Julien Sandrel, à travers les difficultés de la vie, l'avènement de ce que l'humain peut offrir de plus tendre.

Un joli moment de lecture hors du temps, qui fait du bien à l'âme, plein de poésie, mais qui donne aussi à réfléchir sur des questions intemporelles : l'amour, la filiation, la violence, la différence.

 Julien Sandrel a cette faculté de nous plonger dans les drames les plus sombres pour nous faire vivre des sentiments forts et nous laisser entrevoir l'espoir d'un arc-en-ciel après la pluie.




POUR OUBLIER LA NUIT _ FRANCOISE BOURDON

 Pour oublier la nuit

Auteure : Françoise Bourdon
Aux éditions Calmann-Levy

La jeune et fougueuse Julie vit auprès de son père dans la demeure ancestrale des Ségurat, maîtres faïenciers à Moustiers- Sainte-Marie en Haute-Provence. La perte de sa mère, Livia, lors de l’épidémie de peste de 1720, reste une blessure inguérissable qui se ravive lorsqu’on lui remet, le jour de ses vingt-ans, le récit que celle-ci a laissé de sa courte existence.

Livia, une orpheline, y révèle avoir été manipulée par des aristocrates aixois qui ont fait d’elle l’instrument d’une conspiration diabolique. Elle est parvenue à échapper, à ses bourreaux mais a vécu jusqu’à son dernier souffle dans la crainte de retomber entre leurs mains.

L’intrépide Julie n’a plus qu’une idée en tête, rejoindre Aix-en- Provence pour venger sa mère. Elle ne sait pas encore qu’elle s’attaque à des hommes fortunés et puissants. Elle a cependant des atouts qui ne seront pas de trop : son adresse à
l’escrime et son habileté au pistolet…


Mon avis :


1720, un fléau frappe la Provence, la peste. Un autre, tout aussi dangereux frappe les jeunes gens de la ville d'Aix-en-Provence, quelques aristocrates dépravés. Livia y a laissé sa vie, les deux l'ont frappé. 

Julie est une jeune femme, fougueuse, habile à l'escrime. Elle veut trouver le moyen de venger sa mère. De tout temps, les moins nantis ont souffert de la loi imposée par les plus riches. Alors quand ces derniers s'affranchissent de toutes règles, il ne reste que peu de courageux pour s'interposer. Julie veut être de ceux-là au fil de l'épée, d'autres usent de la plume. Défis tout aussi dangereux l'un que l'autre pour qui a l'arrogance de se croire puissant.

Cette belle association de la plume et de l'épée nous offre un roman historique et romanesque, très agréable à lire. La noblesse des Ségurat, maîtres faïenciers viendra soutenir de leur amour l'indépendante Julie.

Dans des temps où la place de la femme est au foyer, Françoise Bourdon nous dépeint une héroïne farouchement attachée à son libre arbitre. 

Un joli moment de détente dans un univers sombre où la volonté farouche de vengeance d'une jeune femme va bouleverser toute la société.


UNE TOUTE PETITE MINUTE _ Laurence PEYRIN


 UNE TOUTE PETITE MINUTE

Auteure : Laurence Peyrin
Aux Editions Calmann Levy - 484 pages

l a suffi d’une toute petite minute, et la vie de Madeline a basculé.

C’était une nuit de 1995, elle avait 17 ans et fêtait la nouvelle année. Que s’est-il passé dans cette salle de bains où elle s’était enfermée avec sa meilleure amie ? Vingt ans après, Madeline sort de prison. Personne n’a jamais su la vérité sur le drame de cette fameuse nuit. Elle a effectué sa peine jusqu’au dernier jour.

Comment reprendre le cours de cette vie interrompue ?
Parler à des gens qui ne savent pas de quoi on est coupable ?


Renouer avec une petite soeur qu’on n’a pas vue devenir adulte ?
Vivre et y trouver un sens ?

Mad va chercher le bon chemin, pas après pas, dans les dunes des Hamptons, dans les jardins des belles maisons qui l’embauchent, dans les précieux gestes d’entraide. Et grâce à sa mère, au-delà de ses mystères, grâce aussi à Ezra, le cuisinier qui ressemble à un pirate, peut-être Madeline acceptera-t-elle un jour  qu’on puisse l’aimer quand même…


Mon avis :

Avec Madeline, on touche du doigt les rêves d'échappées belles d'une adolescente protégée de Park Avenue à New York. Comme souvent à cet âge, l'amitié est exclusive, les sentiments exacerbés, l'envie de rendre le monde meilleur que celui que les parents proposent bien présente. 

Il suffit donc d'une toute petite minute pour que la vie bascule. Mad refuse tout compromis. Estrella ne brillera plus de cette vitalité qu'elle admirait tant, de cette liberté qu'elle lui enviait. Elle doit payer. 20 ANS.

Comment fait-on pour survivre à un monde carcéral brutal lorsque l'on a bénéficié d'une vie protégée. Lorsqu'une Méphista, directrice de Bedford Hills, où elle est incarcérée, s'offusque que son comportement soit trop parfait ? 

Pour faire face à la violence de cette prison de femmes où les meurtrières sont ses voisines, il y a Dylan. Présent depuis toujours, il est son lien avec la vie d'avant avec Estrella. Le meurtre a eu lieu dans sa salle de bains, un soir de réveillon en 1995. Il ne juge pas, il est présent, l'aide à mener à bien les études qu'elle a décidé de reprendre.

De Bedford Hills à Taconic, durant ces vingt ans, Mad s'efforce de grandir sans heurts avec ses codétenues, de s'échapper en étudiant. Puis elle s'emploiera à devenir Horticultrice et former ensuite d'autres condamnées, comme elle.

Mad doit apprivoiser sa liberté toute nouvelle. Saura-t-elle s'ouvrir à une mère qu'elle ne reconnaît pas ? Apprendre à connaître sa soeur, qui n'était qu'une enfant, lors de son incarcération ? 

Laurence Peyrin nous conte ce moment où tout bascule avec justesse, d'une écriture qui suscite beaucoup d'émotions. Un fait divers, qui comme il se doit nous attrape, nous malmène et nous réconcilie avec la part d'humanité de tout un chacun.

Laurence Peyrin ou l'art de livrer des portraits de femmes, pleins, sincères, humains avec une grande finesse pour nous amener à réfléchir à une époque, à la société, avec délicatesse. 

Vous serez captifs de ce roman addictif, Estrella vous livrera sa fin à l'épilogue. 484 pages pour faire le tour d'une vie à reconstruire et comprendre combien cela peut être difficile de ne pas céder à la facilité, retourner entre les quatre murs d'une cellule où le temps est planifié pour vous, s'ouvrir aux autres, se dire que ce serait possible, que l'on a le droit de vivre sans oublier, jamais.

Parfois, une toute petite minute peut devenir une éternité, sans que l'on puisse rien y changer, sauf à s'autoriser à avancer. 

"Je prendrai dans les yeux d'un ami, ce qu'il a de plus chaud, de plus beau et de plus tendre aussi" Jacques Brel.
C'est exactement ce qu'a réussi l'auteure : prendre le meilleur au coeur du pire pour nous offrir cette rencontre inoubliable avec Madeline, Dylan, Ezra et Estrella !

Merci à Laurence Peyrin et aux Éditions Calmann-Levy pour ce moment de lecture suspendu.



UN INVINCIBLE ÉTÉ

 UN INVINCIBLE ÉTÉ

Auteure : Catherine BARDON
Aux éditions Les Escales

Depuis son retour à Sosua, en République dominicaine, Ruth se bat aux côtés d’Almah qui n’a rien perdu de son énergie, pour les siens, pour la mémoire de sa communauté, pour contribuer à faire de sa terre natale le pays dont elle rêve, alors que les touristes commencent à déferler sur l’île.

Gaya, sa fille, affirme son indépendance et part faire des études de biologie marine aux États-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d’artistes. Comme sa mère, elle mène son propre combat à l’aune de ses passions, tout comme ses deux frères dont l’engagement est d’une autre nature.

La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Ureña : « C’est en continuant à nous battre pour créer le pays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds. »
Mais l’histoire, comme toujours, les rattrapera. De l’attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République dominicaine, chacun tracera son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde.

Le dernier volet de l’inoubliable saga des Déracinés : roman de l’engagement et de la résilience, Un invincible été clôture avec passion une fresque romanesque bouleversante.


Mon avis :

Almah, Wilhelm Rosenbeck. trois romans pour raconter l'Histoire dans la naissante histoire de ce jeune couple que la folie des hommes a déracinée.

Voici venue le temps du quatrième volet. Celui de la troisième génération, celle de Gaya Rosenbeck-Soteras, fille de Ruth, petite-fille d'Almah. 

Cette dernière partie de l'histoire de l'aïeule, des descendants des Rosenbeck, de leurs amis, pionniers à Sosúa au coeur d'une dictature ensoleillée mais bien présente. La République Dominicaine, un refuge pour ses familles spoliées, brutalisées, rejetées pour certaines d'Ellis Island, la terre promise, qui vont faire de cet endroit inhospitalier leurs racines. 

Un long chemin de trente ans où les cataclysmes vont encore frapper avec les Twins Towers, les émeutes réprimées dans le sang, ou le monde va aussi s'ouvrir avec la chute du mur de Berlin et la fin d'un dictateur honni. 

Au gré de ses romans, même au pire de l'Histoire, l'espoir, la foi en l'humanité, l'optimisme reprendront leur droit sur les drames. 4 tomes au creux desquels on vit la résilience, on ne s'essouffle pas, accrochés à l'épaisseur des personnages, leur humanité, c'est un peu comme découvrir les carnets intimes d'une aïeule qui vous conterait comment cette dernière génération a vu le jour, à force de courage, de volonté et d'amour.

Les hommes et les femmes font l'Histoire. Ils se sont forgés des ressources insoupçonnées pour y puiser le meilleur au milieu du pire. Cela s'appelle l'humanité et les romans de Catherine en sont définitivement empreints.

Cette fresque familiale m'a permis de découvrir ce kibboutz du bout du monde alors que ce territoire ne m'inspirait que sable blanc et cocktail pour touristes. 

Merci pour cette chaleureuse et résiliente traversée du monde et de l'histoire au bras d'Almah et Ruth. 

On quitte Almah serein. Il n'y a rien de triste à boucler l'histoire de sa vie. Elle reste encrée dans nos coeurs par la plume délicate de Catherine Bardon.






WILD CHILD _ NEIL CONNELLY

WILD CHILD

Auteur : Neil Connelly
Editions Bayard _ 410 Pages

Eddie est un lutteur hors-pair.
Battu pendant toute son enfance par son père, il écume sa rage sur le ring.

Un jour, il explose et s'en prend à l'arbitre. Sa vie bascule. Il est exclu de son lycée et risque la prison.
Mais Sunday, l'organisateur des plus grands combats illégaux du pays, a repéré depuis longtemps le talent de Mac, et souhaite qu'il rejoigne ses combattants.
En échange : la richesse et la liberté.

Eddie rentre alors dans un monde de violence et de fureur, un univers sans pitié soumis à la loi du plus fort.
Pour l'entraîner, il est confié à Khadjee, une jeune adolescente qui évolue dans ce milieu depuis sa plus tendre enfance.

Elle connaît les combats et les lutteurs mieux que quiconque.
Si elle n'était pas une femme, elle serait, elle aussi, sur le ring.
Ensemble, ils vont tenter de survivre et de ne pas laisser leurs démons prendre le contrôle.


Mon avis :

Eddie MacIntyre n'est pas un gamin comme les autres. Il pense son avenir tracé. La lutte lui permettra de payer ses études. Il a d'indéniables qualités de lutteur et cette capacité d'anticiper le coup d'après de son adversaire qui lui a assuré la victoire tant de fois mais il se laisse envahir par la rage parfois.

Cette colère qui enfle en lui à chaque combat, il croit être plus fort qu'elle ! Lors d'une compétition, l'arbitre va le détromper. Il va le ressentir comme une totale injustice.
Dans l'ombre de ses matchs, un type louche attend sagement ce dérapage.

De Brute Boy à Wild Child, il y aura l'amitié de Khadjee, l'affection de son oncle Than féru d'arts martiaux, l'amour de sa mère et la rage contre son père pour le guider. Ni le sang, ni l'argent facile ne détourneront Eddie de son objectif, seule Khadjee coach de ce type de lutte sans règles auquel Blalock le fait participer, lui permet de rester lucide.

C'est un parcours initiatique à la Karaté Kid, fait de patience et de contrôle de la peur et de la rage que nous livre Neil Connelly au travers de l'adolescence d'un gamin doué pour la lutte de 110 kilos. Un ado qui va devoir grandir très vite, faute de se retrouver dans une situation où il perdra la maîtrise de sa vie.

"Nous sommes nos choix" a dit Jean-Paul Sartre. Encore faut-il avoir les clés pour faire les bons...

C'est un roman efficace, les personnages sont touchants ou exaspérants. Impossible de le quitter sans savoir comment ce gamin va s'en sortir. 

L'écriture est rythmée et captivante, ce n'est ni une apologie de la violence ou de pratiques sportives rugueuses dont il n'est nul besoin de connaître les subtilités, ni une bluette d'adolescents, mais bien le chemin d'un môme à l'enfance abîmée qui doit se construire en prenant conscience d'où il vient, d'où il veut aller. "T'inquiète. Tu gères"...

J'ai peu l'habitude des romans jeunes adultes, celui-ci est un coup de maître pour amener la réflexion sur la gestion des émotions, la violence et l'acceptation de soi.

Je tiens à remercier les Éditions Bayard et Babelio via son MassCritique pour m'avoir permis la lecture de ce roman qui m'a totalement captée ♥♥♥♥♥