UN LOUP QUELQUE PART

 

UN LOUP QUELQUE PART

Auteure Amélie Cordonnier

Aux Editions Flammarion

« Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ? »

Que fait cette tache, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part.

Avec une écriture aussi moderne qu’acérée, Amélie Cordonnier met en scène une femme paniquée de ne pas réussir à aimer son enfant et dont l’affolement devient de plus en plus inquiétant.


Mon avis :


Amélie Cordonnier a un vrai talent pour parler avec justesse de la vie des femmes bousculées par la vie, de leur fragilité et de leur force.

Une fois de plus, nous voilà plongés dans la tête de cette femme, déjà mère, qui n'aspirait qu'à vivre une vie tranquille, sans difficultés majeures, en apparence.

C'est ainsi que lorsque après avoir accueilli Esther, huit ans plus tôt, elle comprend qu'elle est de nouveau enceinte, sans se réjouir. Vincent est tellement content lui, qu'elle n'a pas le coeur de mettre fin à sa grossesse.

Tout s'est si bien passé la première fois.  Seulement voilà, quelques jours après sa naissance, ce bébé joufflu se met à l'inquiéter. Que se passe-t-il avec Alban, d'où vient cette tâche ?

"Qu'il soit un démon, qu'il soit noir ou blanc, Malheur à celui qui blesse un enfant"

Le loup est lâché dans la bergerie. Est-elle victime ou bourreau, les deux peut-être ? Difficile pour le lecteur de rester insensible à ce qu'elle vit. L'amour maternel est-il inné ou instruit par la famille qui nous a chéris ? 

Amélie Cordonnier nous offre un roman descriptif avec peu de dialogues dans lequel perce l'angoisse, l'urgence, la folie contrôlée de cette mère qui découvre sa propre histoire avec cette naissance.

L'auteure, une fois de plus, bouscule les idées reçues, la société et ses certitudes, avec un roman percutant qui restera en mémoire.





LES COEURS IMPARFAITS

LES COEURS IMPARFAITS

Auteure Gaëlle Pingault

Aux Editions Roman Eyrolles

Barbara, la cinquantaine est sommée de prendre en charge sa mère frappée de sénilité. Elle refuse, ayant peu d'affection pour cette mère qui ne l'a jamais aimée ; elle veut pouvoir vivre sa vie d'universitaire extravagante et libre. Cependant, la nouvelle la touche plus qu'elle n'est prête à le dire, modifiant sa relation à ses amants, à ses étudiants, et même à la lecture, son plus grand plaisir.

Dans le mêm temps, Charles Bodier, médecin fantasque et désabusé de l'EHPAD où est hospitalisée la mère de Barbara, refuse de baisser les bras face à son apparente froideur : il la poursuit de messages décalés, jusqu'à établir le contact. Barbara va découvrir le secret de cette mère distante, et Charles finir par s'avouer la souffrance qui se cache derrière son excentricité.

A l'image de Lise, aide-soignante humaine et dévouée, ils vont ainsi apprendre tous les deux que le soin de soi passe par le soin de l'autre, et réciproquement.


Mon avis :

"Il est où le Bonheur, il est où" Voilà en substance la question que l'on se pose en présence de Charles, Barbara, Rose.

Ces trois personnages tout au long du roman de Gaëlle Pingault déroutent par leur incapacité à comprendre ce qu'ils ont fait de leur vie, à l'heure où l'on se pose la question.

Évidemment, le lieu de leur rencontre n'est pas non plus le siège du Bonheur de manière générale. Entre coupes budgétaires et douleurs variées des corps vieillissant pas de quoi se réjouir. Quand, de plus, vous n'avez pas une affection débordante pour la sénior qui y réside, cela n'aide pas non plus.

Charles a bien tenté une approche singulière pour faire entrer en communication Barbara et Rose mais le fardeau est bien trop lourd à porter pour les deux femmes.

Lise quant a elle "est précédée d'un parfum de gentillesse" qui l'empêche de comprendre ce qui désunit la mère et la fille. 

Un roman doux amer sur le temps qui passe, les choix ou non-choix qui s'imposent à nous. L'auteure décrit l'abnégation des soignants dans ces lieux de fins de vie, les personnages sont simplement humains, on les connaît. L'envie de les prendre dans les bras n'est jamais très loin.

Une plume sensible et juste pour raconter le vieillissement, la maladie mentale, les petites lâchetés du quotidien qui font prendre un chemin moins riant parfois que celui que l'on s'imaginait prendre. L'humain est imparfait mais son coeur peut le mener sur des chemins inattendus, sur le tard.






UNE CERTAINE IDEE DU PARADIS

 

Une certaine idée du paradis

Auteure Elizabeth Segard

Aux Editions Calmann-Levy_270 pages

Chacun a son idée du paradis dans la charmante bourgade de Mouy-sur-Loire en Touraine.

Madame le maire, d’abord, qui se bat pour faire de sa commune un territoire attractif. L’abbé Marcel, qui parvient à remplir son église, quitte à user d’astuces peu orthodoxes. Violette Laguille, vieille dame très discrète - pour faire oublier, peut-être, un passé trop flamboyant. Et aussi sa voisine, Nathalie, une citadine venue s’installer dans ce beau village pour y ouvrir un gîte alternatif et offrir des stages de pleine conscience.
Très vite cependant, la « Parisienne » tape sur les nerfs des habitants. Au point que quelqu'un finit par lui taper un bon coup sur la tête.

Mêlée malgré à elle à cette affaire qui met la gendarmerie sur les dents, Violette va devoir, à ses risques et périls, prendre l’enquête en main…


Mon avis :


Mouy-sur-Loire, petit village paisible, où le curé rassemble ses ouailles en mode échange marchandises ! Voilà où Nathalie a décidé de s'installer.

Une maison a retapé des questions plein la tête pour accueillir ses futurs hôtes "aux petits oignons" avec les produits locaux. L'ennui c'est que Nathalie pose des tas de questions "Est-ce que les croissants sont maison ?", Est-ce que le miel est lavande à huit cents kilomètres du premier champ de lavande. Cela en exaspère plus d'un, enfin... au moins UN, celui qui décide de l'occire.

Trop de questions tuent la question ou la questionneuse ! L'auteure nous raconte avec humour les déboires de Nathalie qui pourtant n'hésite pas à faire vivre les artisans du cru.

Mais qui peut avoir si sournoisement commis ce crime et ceux qui vont suivre ? C'est la question que se pose la discrète Violette Laguille...

Enfin discrète aujourd'hui, tout le monde n'emménage pas en pleine nuit dans un petit village bucolique et sans histoire de Touraine. Violette Laguille, fluette mamie, pas sans ressources face au destin.

La plume d'Elisabeth Segard nous égare au coeur des luttes de pouvoir, des besoins de s'affirmer des uns et des autres dans ce village administré de main de maître par une Mairesse au caractère affirmé.

Comme Agathe Raisin, Violette rêvait d'une retraite tranquille au milieu de ses souvenirs chéris mais lorsque les meurtres se multiplient, elle ne fuit pas devant l'adversité. Elle n'est pas si fragile qu'on croit, on arrête son tant attendu plombier, elle va prouver son innocence ou du moins tout faire pour y parvenir...

Un roman plein de surprises, d'humour, pour une enquête sérieuse qui vous capte dès le premier chapitre. Une jolie plume qui vous chatouille les neurones avec les odeurs du marché et vous questionne "à qui profite le crime" ?

J'espère que la sémillante Violette vivra des aventures aussi rocambolesques que dans son glorieux passé. Un joli moment de détente et de lecture.



Le chien de Schrödinger


Auteur : Martin Dumont

Aux Editions Delcourt Littérature - 160 Pages


Le monde de Jean, c’est Pierre, le fils qu’il a élevé seul. Depuis presque vingt ans, il maraude chaque nuit à bord de son taxi, pour ne pas perdre une miette de son fils. Il lui a aussi transmis son goût pour la plongée, ces moments magiques où ensemble ils descendent se fondre dans les nuances du monde, où la pression disparaît et le cœur s’efface. Mais depuis quelque temps, Pierre est fatigué. Trop fatigué. Il a beau passer son temps à le regarder, Jean n’a pas vu les signes avant-coureurs de la maladie. Alors de l’imagination, il va lui en falloir pour être à la hauteur, et inventer la vie que son fils n’aura pas le temps de vivre. Quand la vérité s’embrouille, il faut parfois choisir sa réalité. Un premier roman pudique et poignant, le roman de l’amour fou d’un père pour son fils.


Mon avis :


Jean n'a pas choisi son métier par hasard. Le jour où il a posé son fils Pierre sur le capot de son taxi, il a été le plus heureux des hommes.

Il allait pouvoir élever son fils. Le regarder grandir, l'emmener en Bretagne, lui apprendre à respirer les embruns, à se glisser sous la surface. Lui faire découvrir comment calmer ses battements de coeur, être en pleine conscience vivant avec lui, durant ces moments suspendus. Transmettre.

Pierre à 20 ans. Les moments qu'ils partagent ensemble sont une parenthèse hors du temps, hors l'absence de Lucile et des questions qu'elle a laissées en suspens.

Martin Dumont nous offre une histoire d'amour en fusion, dans une course au temps effrénée, pour ne pas perdre une miette de ce qu'il reste à vivre, à partager. Un mensonge pour un sourire, un moment de bonheur pour être heureux encore, il choisit Jean. L'hôpital ne soigne plus, il accompagne.

La théorie de Schrödinger qu'elle s'applique au chat ou au chien soulève une question : peut-on choisir le moins de malheur, qui ne soustrait pourtant pas au chagrin, un coup de pouce pour vivre mieux la tragédie. La poésie de l'auteur, sa description si juste de l'amour nu, absolu, déchirant d'émotions d'un père pour son fils, qui ne peut que regarder la maladie manger inexorablement la vie du trop jeune Pierre. 

Ce roman est bouleversant tout simplement.






BATTLING LE TENEBREUX

BATTLING LE TENEBREUX
Auteur : Alexandre Vialatte
Aux Editions Gallimard _ 188 pages

"Battling, Battling, nous n'irons plus à Mexico nous laisser prendre à leurs promesses. Nous ne prêterons plus l'orielle aux conseils du ciel de cinq heures, ni aux voix du vent dans le préau. Nous n'agiterons plus sur les murs du parloir l'ombre emphatique de nos petites pélerines. Tu n'invectiveras plsu jamais Victor Hugo dans la cour qui sent le tilleul, à l'heure où les chats irrités font le gros dos sur la pleine lune"



Mon avis :


Alexandre Vialatte a écrit ce roman en 1928. Pourtant, l'exaltation et la révolte adolescente des trois jeunes amis restent très actuelles. Ce roman ne se lit pourtant pas si facilement, le style fait de phrases complexes, le vocabulaire recherché de l'auteur, requiert toute votre attention.

L'adolescence n'est elle pas la période où l'on est en conflit avec ses émotions, où l'on se construit en révolte contre sa famille, la société ? L'auteur fait transpirer ce mal-être entre les amis de toujours. Que faire contre l'état amoureux ? Doit-on le combattre au nom de l'amitié ? Fernand Larache et Manuel Feracci ont deux caractères bien différents mais le même élan pour Erna, l'Allemande.

Quelle est cette femme, exotique, artiste qui insuffle ce sentiment à deux jeunes gens qui s'enflamme pour elle ?

Une histoire d'un autre temps, c'est certain, critique à peine voilée d'une micro-société provinciale en filigrane de la vie de quelques jeunes gens. 
Classique car intemporelle, seuls les mots indiquent que l'époque est éloignée d'un peu plus de 90 ans. La vision d'Alexandre Vialatte de la jeunesse est plutôt mélancolique, triste. 

Il aurait pu s'agir de trois adolescents unis par une franche camaraderie, de celle que l'on conserve avec des sourires émus toute une vie, au sortir d'une guerre moderne aujourd'hui, plutôt qu'à cet enchainement d'évènements qui conduisent à une issue tragique..


Je ne me suis pas attachée aux personnages, mais plutôt à la découverte de la vision de l'auteur de son époque.




                                                            Participante aux "68 Premières fois"




ANTONIA : JOURNAL 1965-1966

ANTONIA : JOURNAL 1965-1966
Auteure ; Gabriella Zalapi
Aux éditions ZOE

Issue de grandes dynasties viennoises et anglaises au cosmopolitisme vertigineux, Antonia est mariée à un nanti de Palerme. Soumise et contrainte à l'oisiveté, mais lucide, elle rend compte dans son journal de ses journées-lignes et du profond malaise qu'elle éprouve. Suite au décès de sa grand-mère, Antonia reçoit quantité de boîtes contenants lettres, carnets et photographies. 

En dépouillant ces archives, elle reconstruit le puzzle du passé familial et de son identité intime, puisant dans cette quête, deux ans durant, la force nécessaire pour échapper à sa condition.Roman d'une émancipation féminine dans les années 1960, Antonia est rythmé de photographies tirées des archives familiales de Gabriella Zalapì.

Comme chez Sebald, elles amplifient la puissante capacité d'évocation du texte.Gabriella Zalapì est artiste plasticienne, d'origines anglaise, italienne et suisse. Née à Milan, elle a également vécu à Genève et New York. Aujourd'hui elle habite et travaille à Paris. Antonia est son premier roman.


Mon avis :


Années 60, Antonia est mariée à Franco. Bourgeoise oisive, elle laisse la nurse la priver de son fils Arturo. La honte de ne pas se battre pour honorer une toute petite promesse : je t'emmènerai à l'école la paralyse, tout la plonge dans une atmosphère ouatée, sans saveur... Son mari lui reproche avec condescendance d'être trop gentille avec le personnel.

Elle s'ennuie. Se laisse porter par une langueur angoissée, son mariage n'a plus de sens. Sa grand-mère décède, son mari s'occupe de la succession et lui fait livrer des cartons remplis de lettres, photos et carnets.

Elle apprend ce que les femmes de sa famille ont vécu. Les secrets. Alors jour après jour, Antonia s'extrait de sa torpeur en ouvrant frénétiquement les cartons. Elle pose les mots dans ce journal, raconte avec justesse la lente sortie de l'abattement pour reprendre sa vie en mains.

"On serait tenté de dire "ce ne sont que des mots", mais au moment important de l'histoire, les mots sont des actes" Clément Attlee.

C'est ainsi que les mots qu'elle lit, la porte, lui insufflent le courage de se battre pour changer sa condition de femme malgré la violence de la société.

Difficile, tant elle est détachée, d'être touchée par cette femme qui pourtant est touchante, enfermée dans la condition que son époque a voulue pour elle. Une femme tout simplement bridée par les conventions qui choisit la Liberté,
quelle que soit l'époque, est toujours une héroïne dont il faut connaître l'histoire.



Participante aux "68 Premières fois"


COMME UN ENCHANTEMENT

COMME UN ENCHANTEMENT
Auteure Nathalie Hug
Aux Editions Calmann-Levy


Eddie, 35 ans, vit seule à Montmartre, dans un minuscule appartement où il lui faut grimper sur une chaise pour tenter d’admirer le dôme du Sacré Coeur Orpheline à seize ans, elle s’est construit une vie de détachement et d’invisibilité, pour tenir le malheur (et le bonheur) à distance.
Un jour, un notaire au charmant profil d’aigle ébouriffé, lui annonce qu’elle est l’unique légataire d’un très vieil italien et l’héritière d’une ferme en ruines dans la région de Parme, en Emilie Romagne.

Alors qu’elle n’y a jamais songé, Eddie ressent soudain l’envie de fuir Paris, sa vie monotone, de découvrir ses racines. Et coup de tête ou coup de poker pour séduire le charmant notaire, elle décide de s’envoler pour l’Italie. En partant à la découverte de ce mystérieux héritage et en plongeant dans cette merveilleuse région italienne, elle n’imagine pas combien le cours de son existence va se trouver chamboulé.

Dans les paysages magiques de l’Emilie Romagne, un roman lumineux et réjouissant sur la réinvention d’une vie et la puissance de l’amour


Mon avis :


Éddie, est installée à Montmartre dans un minuscule appartement avec vue sur le Sacré Coeur. Quelle chance : enfin si l'on excepte le fait qu'il faille monter sur une chaise pour en apercevoir le dôme. Elle est traductrice, ne sort que pour l'alimentaire, les jours s'écoulent sans qu'elle ne voie la différence des uns avec les autres.

Sauf, qu'un jour, un charmant notaire l'informe qu'elle est l'héritière d'un bien en italie. Héritage d'un vieil italien. La voilà doté d'un vieil oncle dans son arbre généalogique. Orpheline à 16 ans, Eddie a dirigé toute sa colère vers ses parents trop vite partis. 

Alors, ce vieil oncle Giuseppe Giangrandi, artisan chausseur, va lui livrer une part de son histoire, de son amour fou pour une femme promise à un autre...

Ce roman est parfaitement titré, l'écriture, les décors, les personnages, tout est fait pour vous enchanter, vous bloquer les zygomatiques en position haute. Invraisemblances vous trouverez certainement, dans votre voyage en Emilie-Romagne, mais l'amour frappera aux portes les plus sécurisées sans que vous contestiez cette part de fleur bleue qui nous habite sans qu'on y prenne garde.

L'atmosphère de ce roman nous offre une parenthèse enchantée sous le ciel d'Italie, comme une guimauve grillée au coin du feu, croustillante dessus, fondante et sucrée à souhait à l'intérieur.

Un moment coloré comme la couverture de l'ouvrage, tendre et acidulé. Que l'on a plaisir à décrocher du quotidien accompagné de la belle plume de l'auteure !





CIAO BELLA

CIAO BELLA
Auteure : Serena GIULIANO
Aux éditions Pocket

Anna a peur – de la foule, du bruit, de rouler sur l’autoroute, ou encore des pommes de terre qui ont germé… Et elle est enceinte de son deuxième enfant. Pour affronter cette nouvelle grossesse, elle décide d’aller voir une psy.
Au fil des séances, Anna livre avec beaucoup d’humour des morceaux de vie. L’occasion aussi, pour elle, de replonger dans le pays de son enfance, l’Italie, auquel elle a été arrachée petite ainsi qu’à sa nonna chérie.


C’est toute son histoire familiale qui se réécrit alors sous nos yeux…

À quel point l’enfance détermine-t-elle une vie d’adulte ? Peut-on pardonner l’impardonnable ? Comment dépasser ses peurs pour avancer vers un avenir meilleur ?

Attention, la lecture de Ciao Bella pourrait avoir des conséquences irréversibles : parler avec les mains, écouter avec le cœur, rire de tout (et surtout de soi), ou devenir accro aux pasta al dente.



Mon avis :


Anna, c'est une dose de Lemon Sherbet Fizz ! Acidulée dans ses réparties, consolée par la douceur du sorbet et picotée par le Prosecco, pétillante de vie. Anna est enceinte de son deuxième enfant, cela la mène chez une psy !

Elisabeth, sa psy, comprend vite que cette Maman survitaminée n'est pas seulement hypocondriaque, flippée, débordante de vitalité. Elle a besoin de parler, d'être entendue, rassurée.

Comme toujours derrière l'humour se cachent les failles, pour Anna c'est San-andréas, longue et profonde.

266 pages à avoir envie de la bousculer, à sourire de ses réparties, à découvrir ses amies de toujours, son passé. Anna donne envie d'appeler les copines, de faire un apéro même virtuel pour combler la distance...

Anna est tendre, joyeusement déjantée mais elle va affronter ses peurs. On l'admire pour son dépassement de soi, sa résilience. L'auteur nous dépeint une femme de son temps, fragile et solide à la fois avec tendresse et humour.

Un joli moment de lecture.




LES OUBLIES DU DIMANCHE

LES OUBLIES DU DIMANCHE
Auteure : Valérie Perrin
Aux éditions Le Livre de Poche

Faute de connaître son histoire, Justine, vingt et un ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire, presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. Sa vie est un roman : Sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, la guerre, le juif Simon planqué dans la cave, la trahison, la Gestapo, la déportation...

Justine extorque peu à peu à la vieille dame de lourds secrets et finit par affronter ceux de sa propre famille.


Mon avis

Comme pour "Changer l'eau des fleurs" Valérie Perrin nous plonge au coeur d'une histoire d'amour et d'amitié cette fois intergénérationnelle.

L'histoire d'une quête parallèle de deux femmes l'une âgée Hélène, résidente aux Acacias, réfugiée sur une plage merveilleuse qu'elle conte à petits pas à Justine. Justine qui partage des moments d'intimité avec le même homme "Je ne me rappelle plus comment", refusant absolument de se rappeler son prénom, de partager autre chose avec lui que ces moments d'intimité qui lui donnent l'impression d'exister sans contrainte. L'auteure aborde des sujets sérieux sans pathos ni mièvrerie, tous les personnages sont incarnés et touchants.

Elle nous accroche un sourire tendre au visage tandis qu'une larme y perle sans qu'on y prenne garde. Le talent de Valérie Perrin : aimer les gens qu'on voit tous les jours sans y prêter attention. Les oubliés du dimanche nous parle d'humanité, de solitude, d'amour, d'amitié, de tendresse et de secrets souvent douloureux.

Des mouettes, que plus jamais, je ne regarderai comme avant cette lecture.

Ce roman n'est pas un simple roman "feel good", il pose sans façon, doucement tellement de questions et d'émotions sur le bord du coeur qu'il mérite bien plus que cette appellation qui invite à s'installer confortablement dans une histoire sensible et douce amère. C'est effectivement un roman qui fait un bien fou, à savourer sans précipitations jusqu'au dénouement trop rapidement atteint.

J'attends le prochain roman de Valérie Perrin avec impatience !




DIX PETITES POUPEES

DIX PETITES POUPEES
Auteure : B.A PARIS
Aux Editions Le Livre de Poche

La disparition
Layla a disparu il y a douze ans, en pleine nuit, alors qu’elle rentrait de vacances en France avec son petit ami, Finn. On ne l’a jamais revue depuis.

Les soupçons
Lorsque les policiers l’ont interrogé, Finn leur a raconté la vérité sur cette nuit-là. Mais pas toute la vérité. Pas un mot, par exemple, sur la dispute violente qui les a opposés juste avant la disparition de Layla. 

La peur

Finn a refait sa vie. Avec la sœur de Layla. Jusqu’au jour où le passé ressurgit. Quelqu’un croit apercevoir Layla. Et pourquoi les petites poupées russes de son enfance font-elles soudain leur apparition ?



Mon avis :


B.A. Paris confirme son talent pour le thriller psychologie. Le triangle amoureux est un grand classique de la littérature mais quand douze ans ont passé depuis la disparition de la fiancée, que penser ? Peut-on refaire sa vie sereinement après un drame pareil car Finn continue de s'interroger : Layla pourrait-elle être en vie ? 

Helen s'est installée dans la vie de Finn, elle est l'antithèse de Layla, cela lui convient parfaitement. Sophistiquée, elle est à l'aise en société. Aime son travail d'illustratrice qu'elle exerce à la maison. 

Finn et Helen sont heureux, d'un bonheur tranquille sans passion débordante, sans violence dans leur rapport, tout est douceur et volupté jusqu'au jour où les bans de leur mariage sont publiés.

L'auteure nous embarque dans une tension qui monte crescendo, nous bouscule au gré de l'arrivée des petites matriochkas... qui les déposent ? Qui connaît leur histoire, Harry l'ami de toujours ou l'ex petite amie éconduite en faveur d'Helen ?  Pourquoi Layla ne s'est-elle pas manifestée durant ces douze ans ? Qu'est-il arrivé en France ? A-t-elle réellement put revenir en Angleterre ? 

Toutes ces questions s'imposent au gré des chapitres, des réponses s'esquissent, nous plongent dans la plus totale perplexité. L'histoire pourrait sembler "facile" mais les allers-retours dans le passé des personnages embrument encore le récit. L'auteure depuis "derrière les portes" a développé un sens de la narration machiavélique qui lui permet de brouiller la piste de Layla et ballote le lecteur au gré des avancées de l'histoire fluide et efficace.

Difficile de poser le roman avant le dénouement. C'est le grand talent de B.A. Paris nous plonger dans une tempête de sentiments contrastés, nous laisser croire que la solution est trouvée, c'est si simple. Mais le pourquoi ? L'aurez-vous découvert ? Je n'y suis pas parvenue bien que les indices et le doute aient été semés au gré des pages, le pourquoi ne m'est apparu que dans les toutes dernières lignes. 

Un excellent moment de lecture.

SAUF QUE C'ETAIENT DES ENFANTS

   
Aux Editions Philippe Rey
Auteure : Gabrielle Tuloup

Un matin, la police entre dans un collège de Stains. Huit élèves, huit garçons, sont suspectés de viol en réunion sur une fille de la cité voisine, Fatima. Leur interpellation fait exploser le quotidien de chacun des adultes qui entourent les enfants. En quoi sont-ils, eux aussi, responsables ?
Il y a les parents, le principal, les surveillants, et une professeure de français, Emma, dont la réaction extrêmement vive surprend tout le monde. Tandis que l'événement ravive en elle des souvenirs douloureux, Emma s'interroge : face à ce qu'a subi Fatima, a-t-elle seulement le droit de se sentir victime ? Car il est des zones grises où la violence ne dit pas toujours son nom...

Avec beaucoup de justesse, Gabrielle Tuloup aborde la question de l'abus sexuel dans notre société. Le lecteur, immergé dans l'intimité de personnages confrontés à la notion de consentement et aux lois du silence, suit leur émouvante quête de réparation.



Mon avis :


Gabrielle Tuloup ouvre une porte sur la banlieue, sa ghettoïsation, son manque de perspectives, son école, la place des femmes.

Il faut un drame et la force d'une jeune fille pour vaincre l'omerta habituelle dans la cité pour ouvrir au sein du collège un débat, une faille. Fallait-il agir différemment ? Le proviseur est acculé, il n'a d'autres choix que de laisser agir la police au sein de son établissement pour que justice soit rendue à Fatima. 8 gamins, plus tout à fait des enfants, pas encore des adultes. Viol en réunion. Des vies brisées avant même d'avoir eu le temps de les aider à se construire.

L'équipe est bouleversée, voir les policiers embarquer des gamins, les mettre en fil indienne pour les extirper du collège, cela n'est pas acceptable. Chacun y va de son point de vue, les pions nés dans la cité laissés à l'écart sont furieux de la perte de confiance que cela génèrera après cela, les enseignants sont partagés et puis Emma...

L'adulte salue le courage de la jeune fille. 
Chacun a un avis en conscience sur les évènements survenus, élèves, parents, enseignants, "grands frères".

Sans pathos, d'une plume factuelle, l'auteure nous plonge dans la réflexion d'une femme qui décide de marcher pour se comprendre, se pardonner, accepter qu'elle aussi soit une victime. Une différence "sauf que c'étaient des enfants" au collège, alors que pour elle se fut un homme ayant perdu son humanité.

Un roman bouleversant qui oblige à s'interroger sur la place des femmes dès l'adolescence dans une société confrontée à la violence. Un flamboyant portrait de femme. Une communion entre deux victimes l'une assumée, l'autre obligée de s'interroger sur son statut parce qu'elle est adulte.

Un second roman nécessaire qui ne laisse pas indemne, sous tension, pour nous parler du consentement.
















ET LA VIE REPRIT SON COURS - Catherine BARDON


ET LA VIE REPRIS SON COURS
AUTEURE Catherine BARDON
Aux Editions LES ESCALES

Jour après jour, Ruth se félicite d’avoir écouté sa petite voix intérieure : c’est en effet en République dominicaine, chez elle, qu’il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. À la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée.


En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, son énergie et ses projets pour lesquels elle se démène sans compter. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth – tout comme Arturo et Nathan – sème les graines de sa nouvelle vie.

Jusqu’au jour où Lizzie, malade, réapparaît. Dès lors, Ruth n’a de cesse de remettre son amie sur pied et s’y emploie avec tout l’optimisme qui la caractérise.

Roman des amours et de l’amitié, Et la vie reprit son cours raconte la construction et les chemins de traverse qu’emprunte parfois la vie, de défaites en victoires, de retrouvailles en abandons.

Guerre des Six-Jours, assassinat de Martin Luther King, premiers pas de l’homme sur la lune, chute de Salvador Allende… Catherine Bardon entrelace petite et grande histoire et nous fait traverser les années 1960 et 1970. Après l’immense succès des Déracinés, salué par plusieurs prix, et de L’Américaine, elle poursuit sa formidable fresque romanesque en nous transmettant sa passion pour la République dominicaine.

Mon Avis :

Cette saga en trois tomes captive pour la richesse des personnages qui l'habitent et pour la traversée historique qu'elle implique.

Almah et Wihlem Rosenbeck, chassés par les nazis dans le premier opus vont s'enraciner en République Dominicaine. Ruth leur fille deviendra durant quelques années "L'Américaine" puis "La vie reprit son cours" à Sosüa, toute la tribu réunie.

On y découvre la vie de 1967 à 1979 d'une communauté sous la dictature, l'amitié indéfectible des femmes de cette famille pour leurs amis qui vivent sur d'autres continents, Arturo le musicien, fils d'un planteur de tabac, incompris de sa famille, l'amour qui frappe à nouveau à la porte de Ruth et sa fille.

Le lecteur traverse l'Histoire sur une dizaine d'années, au détour des vies d'Almah, Ruth, Fréderick son frère, Arturo son ami devenu New-Yorkais, Domingo le médecin, Lizzie, Svenka. Il traverse les évènements depuis les années Flower-Power Américaines à celles d'Israël avec les accords de Camp David, en passant par la dictature de République Dominicaine depuis Trujilho et son remplaçant tout aussi terrible en coulisses, le tout en musque avec Janis Joplin, Jimmy Hendrix et Otis Redding.

J'ai beaucoup aimé ce volet de la vie de Ruth après les années américaines, retrouvé la solide et volontaire Almah et découvrir sa petite-fille dans ce nouvel environnement. Une saga riche, sans temps morts, qui rend l'Histoire plus humaine. 

Des trois volets, mon préféré reste "Les Déracinés" mais cette suite, qui voit grandir Ruth, a la même densité que le premier tome sorti en pocket. On se laisse prendre par les émotions, happer par les liens tissés par Almah et Wilhem au cours des années et les drames survenus durant cette décennie riche en événements.

Un roman captivant qui ne s'abandonne à regret qu'à l'épilogue.


LES JOURS BRULANTS

LES JOURS BRULANTS
Auteure : Laurence PEYRIN
Editions Calmann-Levy - 324 pages

Pourquoi une épouse amoureuse, une mère aimante, décide-t-elle de disparaître ?

À 37 ans, Joanne mène une vie sereine à Modesto, jolie ville de Californie, en cette fin des années 1970. Elle a deux enfants, un mari attentionné, et veille sur eux avec affection.
Et puis… alors qu’elle rentre de la bibliothèque, Joanne est agressée. Un homme surgit, la fait tomber, l’insulte, la frappe pour lui voler son sac. Joanne s’en tire avec des contusions, mais à l’intérieur d’elle-même, tout a volé en éclats. Elle n’arrive pas à reprendre le cours de sa vie. Son mari, ses enfants, ne la reconnaissent plus. Du fond de son désarroi, Joanne comprend qu’elle leur fait peur.
Alors elle s’en va. Laissant tout derrière elle, elle monte dans sa Ford Pinto beige et prend la Golden State Highway. Direction Las Vegas.
C’est là, dans la Cité du Péché, qu’une main va se tendre vers elle. Et lui offrir un refuge inattendu. Cela suffira-t-il à lui redonner le goût de l’innocence heureuse ?



Mon avis :


Laurence Peyrin décrit des héroïnes ancrées dans leurs époques, fragiles et fortes à la fois.

Cette fois, l'auteure nous interroge sur ce qui peut, un jour qui peut sembler ordinaire, décider un proche à tout abandonner. Sans se retourner. Dans une brûlante nécessité de fuir ce qui n'est déjà plus la vie d'avant. 

Début des années 60, Joanne vit une jeunesse portée par Chuck Berry, le cruising sur le capot de belles décapotables. Thomas Linaker tombe sous le charme de ses 18 ans, son humour, sa joie de vivre et ses cocktails. La voilà Maman de Brianna.

18 années plus tard, quartier résidentiel de Modesto, Joanne est passionnément amoureuse de son chirurgien de mari, aime Brianna, adolescente rebelle et féministe même si sa condescendance la blesse et son petit garçon Christopher.

Une décision altruiste et une mauvaise rencontre sur la route de la bibliothèque vont faire basculer sa vie. Un type sorti de nulle part, la jette de sa bicyclette, lui arrache son sac, l'insulte, la laisse démunie et humiliée au sol. Joanne n'avait jamais connu la violence avant cette mauvaise rencontre. Pourquoi elle ?

Joanne perd pied, cherche un moyen de sortir d'elle-même en échangeant plusieurs fois par semaine son caddy de courses contre celui d'une inconnue. La souffrance psychique prend le pas sur la souffrance physique, son mari ne parvient pas à l'aider. Dépression, alcoolisme, déni, rien ne la ramène à sa vie d'avant.

Voilà, c'est décidé, elle doit partir pour Thomas et pour les enfants ! L.A devient une évidence. La cité de tous les vices, de l'oubli de soi. Il faut qu'elle parte.

Cette quête de soi entreprise par Joanne Linaker va être longue, peuplée de rencontres bouleversantes. Une longue reconstruction au son du rock bien sûr et des ballades acoustiques de "Murphy" à trois heures du matin. Elle s'échappe d'elle-même pour devenir "Pas Betty".

Chaque chapitre s'ouvre sur une recette de cocktail dont l'arôme décrit l'atmosphère : Bourgeoise à Modesto équivaut à "Root Beer", arôme : sucré-épicé ; la décision de disparaître "Highway To Hell", arôme : exalté. Laurence Peyrin rend son récit addictif tant par l'atmosphère de l'époque, que par la description de ses personnages attachants, bouleversants. 

Magnifique roman, je lui garderais le "Shirley Temple" arôme : acidulé.
Merci pour ce délicat moment de lecture ! Sur le podium des coups de coeur de l'année.







TOUT LE BLEU DU CIEL - MELISSA DA COSTA

TOUT LE BLEU DU CIEL
Auteure : MELISSA DA COSTA
Edition : Livre de Poche - 840 pages

Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.



Mon avis :

Laissez-vous embarquer dans un voyage bouleversant. Celui d'Émile, jeune homme dont l'avenir vient d'être obéré par une maladie dégénérative incurable . Émile souffre d'un Alzheimer précoce. Sa famille veut le voir entrer dans un protocole d'étude qui permettra de faire avancer la recherche avec l'espoir de le sauver.
Émile, ne voit pas ses derniers mois dans une chambre d'hôpital.  Il veut vivre le voyage qu'il s'était promis de faire avec son vieux copain Renaud. Alors, il achète un camping-car et passe une petite annonce secrètement. 
Joanne y répond. Un rendez-vous est pris sur une aire d'autoroute. Une jeune femme guère plus âgée que lui l'attend, assise au pied d'un arbre, méditant sous un grand chapeau noir.
Elle est pâle, discrète et la destination lui importe peu. Elle s'engage à accompagner Émile, quoi qu'il en coûte, dans ce voyage sans retour.
Melissa Da Costa propose un roman pétri d'émotions, nous embarque sans pathos dans la découverte l'un de l'autre des personnages. Elle nous fait vibrer au coeur des paysages de montagnes, décrit les rencontres avec Myrtille et Sebastian.
Des personnages attachants comme souvent dans les romans feel-good mais celui-ci questionne en profondeur la quête du bonheur. La plume de l'auteure est tout en sensibilité ! Les dialogues sonnent justes, la poésie est omniprésente dans ce récit.
Mais de celui-ci, on ne ressort pas indemne, conduit par les citations nombreuses, on trace une route faite de menthe et de romarin, de ciel bleu et d'arbres de vie. On vit le moment présent en traversant la vie de Joanne et Émile d'hier à aujourd'hui.
Lorsqu'on entame un voyage aussi important, s'encombre-t-on d'une jeune femme pas vraiment funky, sombre et méditative ? de prime abord, vous répondriez non ?! Eh bien, ces deux-là étaient pourtant vraiment faits pour se comprendre, être dans leurs pas, au coeur de leur quête de nature et d'authenticité, est un bonheur que l'on partage tout au long de ces 840 pages.
Un pavé dans votre jardin pour vous imposer de vous poser et regarder le bleu du ciel, écouter le ronronnement du chat "Pok", vous imprégnez du moment présent. Un hymne à la lenteur et la douceur de vivre même si la vie doit être écourtée ! Un délice de tendresse et d'émotions, une magnifique histoire d'amour que l'on quitte à regret !


LES CICATRICES - CLAIRE FAVAN

LES CICATRICES
Auteure : Claire Favan
Aux éditions Harper Collins Noir

Centralia, État de Washington. La vie d’Owen Maker est une pénitence. Pour s’acheter la paix, il a renoncé à toute tentative de rébellion.

En attendant le moment où il pourra se réinventer, cet homme pour ainsi dire ordinaire partage avec son ancienne compagne une maison divisée en deux. Il est l’ex patient, le gendre idéal, le vendeur préféré de son beau-père qui lui a créé un poste sur mesure. Un type docile. Enfin, presque. 

Car, si Owen a renoncé à toute vie sociale, il résiste sur un point : ni le chantage au suicide de Sally ni les scènes qu'elle lui inflige quotidiennement et qui le désignent comme bourreau aux yeux des autres ne le feront revenir sur sa décision de se séparer d’elle.

Mais, alors qu’une éclaircie venait d’illuminer son existence, Owen est vite ramené à sa juste place. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime d’un tueur qui sévit en toute impunité dans la région, et ce depuis des années. La police et le FBI sont sur son dos. L’enfer qu’était son quotidien n’est rien à côté de la tempête qu’il s’apprête à affronter.


Mon Avis :


Owen est un type bien. Mari tyrannisé par la jalousie maladive de Sally. Otage de son employeur qui n'est autre que son ex-beau-père, qui le menace de chômage, s'il ne rentre pas au bercail. Père orphelin de sa fille, morte accidentellement.

Owen vit dans le même périmètre d'activités morbides qu'un tueur en série, qui sévit impunément depuis des années.

Un énième meurtre vient d'être commis, Dwain et sa coéquipière Carol, vont s'adjoindre les services d'un agent du FBI hors pair sur ce dossier insoluble, Lyle Esteves, pour stopper les horreurs que Twice, tueur démoniaque se remet à commettre, après des années de calme dans la région.

L'auteure tisse la toile de son intrigue machiavélique autour de personnages fouillés, intriguants, bien abîmés par la vie, pour lesquels tour à tour on frémit ou compatit. Aucun d'entre eux ne laisse indifférents. Qui cache le plus profondément ses cicatrices qu'elles soient physiques ou psychologiques ?

L'histoire nous montre les masques et les visages qu'ils protègent, nous embarque et nous ballote jusqu'à un épilogue époustouflant. Les indices pour épingler le monstre pervers sont disséminés, de main de maître, dès le prologue, plus on avance, plus l'on pense que l'étau se resserre sur le coupable dans une atmophère infernale, avec des scènes très cinématographiques.

Je découvre Claire Favan avec "les cicatrices". Elle m'a bluffé de sa plume brillante empreinte de noirceur, m'a manipulé avec brio jusqu'à la fin. 








TOMBENT LES ANGES - MARLENE CHARINE

TOMBENT LES ANGES
Auteur : Marlène Charine
Aux Editions Calmann-Levy

Lors d’une intervention de routine à Paris, Cécile Rivère, une jeune gardienne de la paix un brin désabusée, entend une femme appeler au secours dans un appartement pourtant vide. Le lendemain, on apprend que la locataire a été assassinée à des centaines de kilomètres de là. Cécile n’a pas pu l’entendre.
Sauf si…
Mais quand on est flic, on croit au Mal, pas aux fantômes. Moquée et mise au ban de sa brigade, Cécile est recrutée par le capitaine Kermarec, le seul à ne pas la prendre pour une folle, le seul prêt à lui donner une nouvelle chance.
Ensemble, ils vont enquêter sur la mort d’une infirmière de vingt-cinq ans, décrite comme un modèle de gentillesse par ses proches. Mais qui cachait de bien sombres secrets…



MON AVIS


Marlène Charine nous offre un roman totalement addictif. 

La plume est captivante, l'écriture ancrée dans le suspense, poudré d'une pointe de surnaturel. Un cocktail étonnant pour un thriller bien noir. On y entre de plain-pied, incapable de reposer l'objet, embarquée par un suspense haletant.

Tout n'est pas noir ou blanc, l'enquête que vont mener Cile, la stagiaire en quête de rédemption et son patron Merlin va le leur prouver.

Impossible de vous en dire beaucoup sans risquer de divulgâcher aussi je vous propose de vous embarquer dans ce voyage terrible aux confins de la noirceur humaine, éclairé toutefois par la passion d'un peintre pour sa muse, par la tendresse d'un Breton solitaire perdu sur une terre bien inhospitalière. 

Il y est question aussi d'esprit d'équipe, de liens familiaux, de regrets, de vocation, de tendresse. Un récit servi par des personnages étonnants, crédibles malgré la touche fantastique. Tout est à sa place. La voix d'Audrey avant/après guide les pas du lecteur sans lui dévoiler trop tôt ce qu'il doit découvrir.

Un thriller incroyable qui vous laisse orphelins de Cécile, qu'il sera difficile d'oublier tout à fait.

Un excellent moment de lecture. Coup de coeur pour cette auteure que je suivrai désormais avec attention. Que d'émotions !