Auteure ; Gabriella Zalapi
Aux éditions ZOE
Issue de grandes dynasties viennoises et anglaises au cosmopolitisme vertigineux, Antonia est mariée à un nanti de Palerme. Soumise et contrainte à l'oisiveté, mais lucide, elle rend compte dans son journal de ses journées-lignes et du profond malaise qu'elle éprouve. Suite au décès de sa grand-mère, Antonia reçoit quantité de boîtes contenants lettres, carnets et photographies.
En dépouillant ces archives, elle reconstruit le puzzle du passé familial et de son identité intime, puisant dans cette quête, deux ans durant, la force nécessaire pour échapper à sa condition.Roman d'une émancipation féminine dans les années 1960, Antonia est rythmé de photographies tirées des archives familiales de Gabriella Zalapì.
Comme chez Sebald, elles amplifient la puissante capacité d'évocation du texte.Gabriella Zalapì est artiste plasticienne, d'origines anglaise, italienne et suisse. Née à Milan, elle a également vécu à Genève et New York. Aujourd'hui elle habite et travaille à Paris. Antonia est son premier roman.
Mon avis :
Années 60, Antonia est mariée à Franco. Bourgeoise oisive, elle laisse la nurse la priver de son fils Arturo. La honte de ne pas se battre pour honorer une toute petite promesse : je t'emmènerai à l'école la paralyse, tout la plonge dans une atmosphère ouatée, sans saveur... Son mari lui reproche avec condescendance d'être trop gentille avec le personnel.
Elle s'ennuie. Se laisse porter par une langueur angoissée, son mariage n'a plus de sens. Sa grand-mère décède, son mari s'occupe de la succession et lui fait livrer des cartons remplis de lettres, photos et carnets.
Elle apprend ce que les femmes de sa famille ont vécu. Les secrets. Alors jour après jour, Antonia s'extrait de sa torpeur en ouvrant frénétiquement les cartons. Elle pose les mots dans ce journal, raconte avec justesse la lente sortie de l'abattement pour reprendre sa vie en mains.
"On serait tenté de dire "ce ne sont que des mots", mais au moment important de l'histoire, les mots sont des actes" Clément Attlee.
C'est ainsi que les mots qu'elle lit, la porte, lui insufflent le courage de se battre pour changer sa condition de femme malgré la violence de la société.
Difficile, tant elle est détachée, d'être touchée par cette femme qui pourtant est touchante, enfermée dans la condition que son époque a voulue pour elle. Une femme tout simplement bridée par les conventions qui choisit la Liberté,
quelle que soit l'époque, est toujours une héroïne dont il faut connaître l'histoire.
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