VEILLER SUR ELLE
Auteur : Jean-Baptiste ANDREA
Aux Éditions Collection Proche
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre brutal et sans talent. Mais il a du génie entre les mains. Héritière du clan Orsini, Viola a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Libre et passionnée, elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, Viola et Mimo jurent de ne jamais se quitter. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ?
Mon avis :
Une fresque romanesque où l’art, l’amour et la liberté se dressent face aux vents de l’Histoire
L’auteur nous offre un roman construit comme une enquête, à travers le regard de Mimo — Michelangelo Vitaliani — qui, agonisant, se remémore ce qui a fait de lui un homme contraint de se cacher pour mourir. Autour de lui gravite le clan Orsini : deux frères, l’un ambitieux ecclésiastique, proche du Pape ; l’autre, séduit par les promesses d’avenir d’un dictateur en devenir. Leurré par l’illusion d’un pouvoir qu’on lui concède tant qu’il reste docile, il accepte d’être la main qui frappe dans l’ombre, à condition de ne jamais défier l’autorité souveraine.
Le souffle historique du récit prend corps dans la voix de Viola, qui égrène à Mimo les noms de cinq vents balayant l’Italie, comme l’écho d’un futur inéluctable si nul ne se dresse contre la tempête. Elle les lui murmure pour qu’il les grave en lui et saisisse les enjeux de ce qui, bientôt, sculptera leurs destins.
Ce roman, à la fois captivant, poétique et dur, raconte le destin tragique d’une jeune femme assignée à une place qu’elle refuse. Brillante, elle se rêvait pilote d’aéronef, passionnée d’art, et fut la première à déceler le talent de sculpteur de Mimo. Pour certains, la connaissance est une prison ; pour d’autres, elle est liberté. Elle veut le meilleur pour ce garçon pas comme les autres, qui comprend son besoin de s’allonger, la nuit, sur une tombe, pour écouter le bruissement de l’obscurité, regarder les lucioles. Deux êtres différents, moins bien né pour l’un, mais enfermés dans la même prison, épris de liberté.
De cette rencontre naît l’absolu, celui qui scelle les destins jusqu’au dernier souffle. Un roman-fleuve, porté par la quête d’une statue, une Pièta, dont l’aura unique, puissante ferait la gloire de celui qui la posséderait — une création forgée par un amour fou.
Jean-Baptiste Andréa nous offre bien plus qu’une histoire : il nous confie une mémoire, celle de deux êtres qui ont sculpté leur liberté à coups de passion et de courage, dans un monde qui voulait les enfermer.
Fermer Veiller sur elle, c’est comme quitter une salle où résonne encore une musique qu’on n’oubliera pas. On reste là, un instant, à écouter le silence après la dernière note, le cœur serré par ce qu’on vient de vivre.
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