Le Secret de Jeanne
Autrice Sophie Astrabie
Aux Éditions Flammarion
Alors qu'elle pensait son père mort depuis dix-sept ans, Alexandra apprend son décès. Elle n'ose interroger sa mère, mais quand elle découvre un plan de la maison de sa grand-mère indiquant la présence d'une porte cachée, elle ne peut s'empêcher de fouiller. Ainsi ressurgissent les secrets de Jeanne, une éleveuse d'oies dans les années 1930, et de Nicole, une femme mariée des années 1980.
Mon Avis :
Il y a des romans qui vous happent sans bruit, comme une porte entrouverte sur un passé qu’on croyait oublié. Le Secret de Jeanne fait partie de ceux-là. Trois femmes, trois voix, une mémoire qui ne demande qu’à être entendue.
Jeanne est née en milieu rural, gardienne d'oie, elle vit une vie tranquille et oisive, jusqu'à ce qu'un drame l'oblige à 14 ans à "monter à Paris", y rejoindre une cousine. La tendresse n'a pas sa place dans ce monde rude où seule la nature offre un peu de beauté. Jeanne est sensible à la beauté.
Nicole se sent moins désirée que sa soeur Claudine, plus jolie, mieux aimée. Elle convoite toutes deux le beau Jacques. Finalement, Nicole aimera Marc, l'ami de Jacques. Marc a cela de commun à Nicole de se sentir comme un second choix, toujours en compétition avec Jacques. Des rivalités toxiques.
Alexandra ne sait pas grand chose de son enfance sinon que son père est mort lorsqu'elle avait 4 ans dans un accident de circulation. Le coup de fil d'un notaire lui annonçant la mort de son père va totalement bouleverser ses certitudes.
Ce roman nous parle des non-dits, des secrets de familles qui même inconnus ont un impact inconscient sur les générations suivantes. Nous sommes la somme de nos choix, même s'ils sont parfois dictés par l'absence de connaissance du passé des générations précédentes.
Les personnages sont attachants, résilients, des femmes fortes et fragiles à la fois. Sophie Astrabie de son écriture romanesque questionne la place des femmes, leur instinct de protection, leur vie laborieuse mais passionnée comme celle de Jeanne aux portes de la Guerre. La petite Jeanne, si naïve, tombée amoureuse de l'art et d'un peintre capable de poser des émotions sur une toile et de s'en affranchir dans la vie de tous les jours en ces temps troublés.
Sophie Astrabie explore les secrets de famille, ces silences transmis comme des héritages invisibles, interroge la place des femmes dans une société où l’amour, la résilience et la douleur se mêlent sans toujours se dire.
Et puis il y a cette phrase de l'autrice : « La mémoire n’est pas récit, elle est matière.* » Un tableau glissé parmi d’autres, une douleur cachée à la vue de tous. Il faudra la volonté de Jeanne pour briser le cycle, pour qu’Alexandra reprenne les rênes de sa vie et comprenne enfin ce qui l’a précédée.
Un accrolivre doux et puissant, qui nous rappelle que nous sommes faits de ce que l’on sait… et surtout de ce que l’on ignore.
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