COMME UN ENCHANTEMENT

COMME UN ENCHANTEMENT
Auteure Nathalie Hug
Aux Editions Calmann-Levy


Eddie, 35 ans, vit seule à Montmartre, dans un minuscule appartement où il lui faut grimper sur une chaise pour tenter d’admirer le dôme du Sacré Coeur Orpheline à seize ans, elle s’est construit une vie de détachement et d’invisibilité, pour tenir le malheur (et le bonheur) à distance.
Un jour, un notaire au charmant profil d’aigle ébouriffé, lui annonce qu’elle est l’unique légataire d’un très vieil italien et l’héritière d’une ferme en ruines dans la région de Parme, en Emilie Romagne.

Alors qu’elle n’y a jamais songé, Eddie ressent soudain l’envie de fuir Paris, sa vie monotone, de découvrir ses racines. Et coup de tête ou coup de poker pour séduire le charmant notaire, elle décide de s’envoler pour l’Italie. En partant à la découverte de ce mystérieux héritage et en plongeant dans cette merveilleuse région italienne, elle n’imagine pas combien le cours de son existence va se trouver chamboulé.

Dans les paysages magiques de l’Emilie Romagne, un roman lumineux et réjouissant sur la réinvention d’une vie et la puissance de l’amour


Mon avis :


Éddie, est installée à Montmartre dans un minuscule appartement avec vue sur le Sacré Coeur. Quelle chance : enfin si l'on excepte le fait qu'il faille monter sur une chaise pour en apercevoir le dôme. Elle est traductrice, ne sort que pour l'alimentaire, les jours s'écoulent sans qu'elle ne voie la différence des uns avec les autres.

Sauf, qu'un jour, un charmant notaire l'informe qu'elle est l'héritière d'un bien en italie. Héritage d'un vieil italien. La voilà doté d'un vieil oncle dans son arbre généalogique. Orpheline à 16 ans, Eddie a dirigé toute sa colère vers ses parents trop vite partis. 

Alors, ce vieil oncle Giuseppe Giangrandi, artisan chausseur, va lui livrer une part de son histoire, de son amour fou pour une femme promise à un autre...

Ce roman est parfaitement titré, l'écriture, les décors, les personnages, tout est fait pour vous enchanter, vous bloquer les zygomatiques en position haute. Invraisemblances vous trouverez certainement, dans votre voyage en Emilie-Romagne, mais l'amour frappera aux portes les plus sécurisées sans que vous contestiez cette part de fleur bleue qui nous habite sans qu'on y prenne garde.

L'atmosphère de ce roman nous offre une parenthèse enchantée sous le ciel d'Italie, comme une guimauve grillée au coin du feu, croustillante dessus, fondante et sucrée à souhait à l'intérieur.

Un moment coloré comme la couverture de l'ouvrage, tendre et acidulé. Que l'on a plaisir à décrocher du quotidien accompagné de la belle plume de l'auteure !





CIAO BELLA

CIAO BELLA
Auteure : Serena GIULIANO
Aux éditions Pocket

Anna a peur – de la foule, du bruit, de rouler sur l’autoroute, ou encore des pommes de terre qui ont germé… Et elle est enceinte de son deuxième enfant. Pour affronter cette nouvelle grossesse, elle décide d’aller voir une psy.
Au fil des séances, Anna livre avec beaucoup d’humour des morceaux de vie. L’occasion aussi, pour elle, de replonger dans le pays de son enfance, l’Italie, auquel elle a été arrachée petite ainsi qu’à sa nonna chérie.


C’est toute son histoire familiale qui se réécrit alors sous nos yeux…

À quel point l’enfance détermine-t-elle une vie d’adulte ? Peut-on pardonner l’impardonnable ? Comment dépasser ses peurs pour avancer vers un avenir meilleur ?

Attention, la lecture de Ciao Bella pourrait avoir des conséquences irréversibles : parler avec les mains, écouter avec le cœur, rire de tout (et surtout de soi), ou devenir accro aux pasta al dente.



Mon avis :


Anna, c'est une dose de Lemon Sherbet Fizz ! Acidulée dans ses réparties, consolée par la douceur du sorbet et picotée par le Prosecco, pétillante de vie. Anna est enceinte de son deuxième enfant, cela la mène chez une psy !

Elisabeth, sa psy, comprend vite que cette Maman survitaminée n'est pas seulement hypocondriaque, flippée, débordante de vitalité. Elle a besoin de parler, d'être entendue, rassurée.

Comme toujours derrière l'humour se cachent les failles, pour Anna c'est San-andréas, longue et profonde.

266 pages à avoir envie de la bousculer, à sourire de ses réparties, à découvrir ses amies de toujours, son passé. Anna donne envie d'appeler les copines, de faire un apéro même virtuel pour combler la distance...

Anna est tendre, joyeusement déjantée mais elle va affronter ses peurs. On l'admire pour son dépassement de soi, sa résilience. L'auteur nous dépeint une femme de son temps, fragile et solide à la fois avec tendresse et humour.

Un joli moment de lecture.




LES OUBLIES DU DIMANCHE

LES OUBLIES DU DIMANCHE
Auteure : Valérie Perrin
Aux éditions Le Livre de Poche

Faute de connaître son histoire, Justine, vingt et un ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire, presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. Sa vie est un roman : Sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, la guerre, le juif Simon planqué dans la cave, la trahison, la Gestapo, la déportation...

Justine extorque peu à peu à la vieille dame de lourds secrets et finit par affronter ceux de sa propre famille.


Mon avis

Comme pour "Changer l'eau des fleurs" Valérie Perrin nous plonge au coeur d'une histoire d'amour et d'amitié cette fois intergénérationnelle.

L'histoire d'une quête parallèle de deux femmes l'une âgée Hélène, résidente aux Acacias, réfugiée sur une plage merveilleuse qu'elle conte à petits pas à Justine. Justine qui partage des moments d'intimité avec le même homme "Je ne me rappelle plus comment", refusant absolument de se rappeler son prénom, de partager autre chose avec lui que ces moments d'intimité qui lui donnent l'impression d'exister sans contrainte. L'auteure aborde des sujets sérieux sans pathos ni mièvrerie, tous les personnages sont incarnés et touchants.

Elle nous accroche un sourire tendre au visage tandis qu'une larme y perle sans qu'on y prenne garde. Le talent de Valérie Perrin : aimer les gens qu'on voit tous les jours sans y prêter attention. Les oubliés du dimanche nous parle d'humanité, de solitude, d'amour, d'amitié, de tendresse et de secrets souvent douloureux.

Des mouettes, que plus jamais, je ne regarderai comme avant cette lecture.

Ce roman n'est pas un simple roman "feel good", il pose sans façon, doucement tellement de questions et d'émotions sur le bord du coeur qu'il mérite bien plus que cette appellation qui invite à s'installer confortablement dans une histoire sensible et douce amère. C'est effectivement un roman qui fait un bien fou, à savourer sans précipitations jusqu'au dénouement trop rapidement atteint.

J'attends le prochain roman de Valérie Perrin avec impatience !




DIX PETITES POUPEES

DIX PETITES POUPEES
Auteure : B.A PARIS
Aux Editions Le Livre de Poche

La disparition
Layla a disparu il y a douze ans, en pleine nuit, alors qu’elle rentrait de vacances en France avec son petit ami, Finn. On ne l’a jamais revue depuis.

Les soupçons
Lorsque les policiers l’ont interrogé, Finn leur a raconté la vérité sur cette nuit-là. Mais pas toute la vérité. Pas un mot, par exemple, sur la dispute violente qui les a opposés juste avant la disparition de Layla. 

La peur

Finn a refait sa vie. Avec la sœur de Layla. Jusqu’au jour où le passé ressurgit. Quelqu’un croit apercevoir Layla. Et pourquoi les petites poupées russes de son enfance font-elles soudain leur apparition ?



Mon avis :


B.A. Paris confirme son talent pour le thriller psychologie. Le triangle amoureux est un grand classique de la littérature mais quand douze ans ont passé depuis la disparition de la fiancée, que penser ? Peut-on refaire sa vie sereinement après un drame pareil car Finn continue de s'interroger : Layla pourrait-elle être en vie ? 

Helen s'est installée dans la vie de Finn, elle est l'antithèse de Layla, cela lui convient parfaitement. Sophistiquée, elle est à l'aise en société. Aime son travail d'illustratrice qu'elle exerce à la maison. 

Finn et Helen sont heureux, d'un bonheur tranquille sans passion débordante, sans violence dans leur rapport, tout est douceur et volupté jusqu'au jour où les bans de leur mariage sont publiés.

L'auteure nous embarque dans une tension qui monte crescendo, nous bouscule au gré de l'arrivée des petites matriochkas... qui les déposent ? Qui connaît leur histoire, Harry l'ami de toujours ou l'ex petite amie éconduite en faveur d'Helen ?  Pourquoi Layla ne s'est-elle pas manifestée durant ces douze ans ? Qu'est-il arrivé en France ? A-t-elle réellement put revenir en Angleterre ? 

Toutes ces questions s'imposent au gré des chapitres, des réponses s'esquissent, nous plongent dans la plus totale perplexité. L'histoire pourrait sembler "facile" mais les allers-retours dans le passé des personnages embrument encore le récit. L'auteure depuis "derrière les portes" a développé un sens de la narration machiavélique qui lui permet de brouiller la piste de Layla et ballote le lecteur au gré des avancées de l'histoire fluide et efficace.

Difficile de poser le roman avant le dénouement. C'est le grand talent de B.A. Paris nous plonger dans une tempête de sentiments contrastés, nous laisser croire que la solution est trouvée, c'est si simple. Mais le pourquoi ? L'aurez-vous découvert ? Je n'y suis pas parvenue bien que les indices et le doute aient été semés au gré des pages, le pourquoi ne m'est apparu que dans les toutes dernières lignes. 

Un excellent moment de lecture.

SAUF QUE C'ETAIENT DES ENFANTS

   
Aux Editions Philippe Rey
Auteure : Gabrielle Tuloup

Un matin, la police entre dans un collège de Stains. Huit élèves, huit garçons, sont suspectés de viol en réunion sur une fille de la cité voisine, Fatima. Leur interpellation fait exploser le quotidien de chacun des adultes qui entourent les enfants. En quoi sont-ils, eux aussi, responsables ?
Il y a les parents, le principal, les surveillants, et une professeure de français, Emma, dont la réaction extrêmement vive surprend tout le monde. Tandis que l'événement ravive en elle des souvenirs douloureux, Emma s'interroge : face à ce qu'a subi Fatima, a-t-elle seulement le droit de se sentir victime ? Car il est des zones grises où la violence ne dit pas toujours son nom...

Avec beaucoup de justesse, Gabrielle Tuloup aborde la question de l'abus sexuel dans notre société. Le lecteur, immergé dans l'intimité de personnages confrontés à la notion de consentement et aux lois du silence, suit leur émouvante quête de réparation.



Mon avis :


Gabrielle Tuloup ouvre une porte sur la banlieue, sa ghettoïsation, son manque de perspectives, son école, la place des femmes.

Il faut un drame et la force d'une jeune fille pour vaincre l'omerta habituelle dans la cité pour ouvrir au sein du collège un débat, une faille. Fallait-il agir différemment ? Le proviseur est acculé, il n'a d'autres choix que de laisser agir la police au sein de son établissement pour que justice soit rendue à Fatima. 8 gamins, plus tout à fait des enfants, pas encore des adultes. Viol en réunion. Des vies brisées avant même d'avoir eu le temps de les aider à se construire.

L'équipe est bouleversée, voir les policiers embarquer des gamins, les mettre en fil indienne pour les extirper du collège, cela n'est pas acceptable. Chacun y va de son point de vue, les pions nés dans la cité laissés à l'écart sont furieux de la perte de confiance que cela génèrera après cela, les enseignants sont partagés et puis Emma...

L'adulte salue le courage de la jeune fille. 
Chacun a un avis en conscience sur les évènements survenus, élèves, parents, enseignants, "grands frères".

Sans pathos, d'une plume factuelle, l'auteure nous plonge dans la réflexion d'une femme qui décide de marcher pour se comprendre, se pardonner, accepter qu'elle aussi soit une victime. Une différence "sauf que c'étaient des enfants" au collège, alors que pour elle se fut un homme ayant perdu son humanité.

Un roman bouleversant qui oblige à s'interroger sur la place des femmes dès l'adolescence dans une société confrontée à la violence. Un flamboyant portrait de femme. Une communion entre deux victimes l'une assumée, l'autre obligée de s'interroger sur son statut parce qu'elle est adulte.

Un second roman nécessaire qui ne laisse pas indemne, sous tension, pour nous parler du consentement.