SAUF QUE C'ETAIENT DES ENFANTS

   
Aux Editions Philippe Rey
Auteure : Gabrielle Tuloup

Un matin, la police entre dans un collège de Stains. Huit élèves, huit garçons, sont suspectés de viol en réunion sur une fille de la cité voisine, Fatima. Leur interpellation fait exploser le quotidien de chacun des adultes qui entourent les enfants. En quoi sont-ils, eux aussi, responsables ?
Il y a les parents, le principal, les surveillants, et une professeure de français, Emma, dont la réaction extrêmement vive surprend tout le monde. Tandis que l'événement ravive en elle des souvenirs douloureux, Emma s'interroge : face à ce qu'a subi Fatima, a-t-elle seulement le droit de se sentir victime ? Car il est des zones grises où la violence ne dit pas toujours son nom...

Avec beaucoup de justesse, Gabrielle Tuloup aborde la question de l'abus sexuel dans notre société. Le lecteur, immergé dans l'intimité de personnages confrontés à la notion de consentement et aux lois du silence, suit leur émouvante quête de réparation.



Mon avis :


Gabrielle Tuloup ouvre une porte sur la banlieue, sa ghettoïsation, son manque de perspectives, son école, la place des femmes.

Il faut un drame et la force d'une jeune fille pour vaincre l'omerta habituelle dans la cité pour ouvrir au sein du collège un débat, une faille. Fallait-il agir différemment ? Le proviseur est acculé, il n'a d'autres choix que de laisser agir la police au sein de son établissement pour que justice soit rendue à Fatima. 8 gamins, plus tout à fait des enfants, pas encore des adultes. Viol en réunion. Des vies brisées avant même d'avoir eu le temps de les aider à se construire.

L'équipe est bouleversée, voir les policiers embarquer des gamins, les mettre en fil indienne pour les extirper du collège, cela n'est pas acceptable. Chacun y va de son point de vue, les pions nés dans la cité laissés à l'écart sont furieux de la perte de confiance que cela génèrera après cela, les enseignants sont partagés et puis Emma...

L'adulte salue le courage de la jeune fille. 
Chacun a un avis en conscience sur les évènements survenus, élèves, parents, enseignants, "grands frères".

Sans pathos, d'une plume factuelle, l'auteure nous plonge dans la réflexion d'une femme qui décide de marcher pour se comprendre, se pardonner, accepter qu'elle aussi soit une victime. Une différence "sauf que c'étaient des enfants" au collège, alors que pour elle se fut un homme ayant perdu son humanité.

Un roman bouleversant qui oblige à s'interroger sur la place des femmes dès l'adolescence dans une société confrontée à la violence. Un flamboyant portrait de femme. Une communion entre deux victimes l'une assumée, l'autre obligée de s'interroger sur son statut parce qu'elle est adulte.

Un second roman nécessaire qui ne laisse pas indemne, sous tension, pour nous parler du consentement.
















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