LES JOURS BRULANTS

LES JOURS BRULANTS
Auteure : Laurence PEYRIN
Editions Calmann-Levy - 324 pages

Pourquoi une épouse amoureuse, une mère aimante, décide-t-elle de disparaître ?

À 37 ans, Joanne mène une vie sereine à Modesto, jolie ville de Californie, en cette fin des années 1970. Elle a deux enfants, un mari attentionné, et veille sur eux avec affection.
Et puis… alors qu’elle rentre de la bibliothèque, Joanne est agressée. Un homme surgit, la fait tomber, l’insulte, la frappe pour lui voler son sac. Joanne s’en tire avec des contusions, mais à l’intérieur d’elle-même, tout a volé en éclats. Elle n’arrive pas à reprendre le cours de sa vie. Son mari, ses enfants, ne la reconnaissent plus. Du fond de son désarroi, Joanne comprend qu’elle leur fait peur.
Alors elle s’en va. Laissant tout derrière elle, elle monte dans sa Ford Pinto beige et prend la Golden State Highway. Direction Las Vegas.
C’est là, dans la Cité du Péché, qu’une main va se tendre vers elle. Et lui offrir un refuge inattendu. Cela suffira-t-il à lui redonner le goût de l’innocence heureuse ?



Mon avis :


Laurence Peyrin décrit des héroïnes ancrées dans leurs époques, fragiles et fortes à la fois.

Cette fois, l'auteure nous interroge sur ce qui peut, un jour qui peut sembler ordinaire, décider un proche à tout abandonner. Sans se retourner. Dans une brûlante nécessité de fuir ce qui n'est déjà plus la vie d'avant. 

Début des années 60, Joanne vit une jeunesse portée par Chuck Berry, le cruising sur le capot de belles décapotables. Thomas Linaker tombe sous le charme de ses 18 ans, son humour, sa joie de vivre et ses cocktails. La voilà Maman de Brianna.

18 années plus tard, quartier résidentiel de Modesto, Joanne est passionnément amoureuse de son chirurgien de mari, aime Brianna, adolescente rebelle et féministe même si sa condescendance la blesse et son petit garçon Christopher.

Une décision altruiste et une mauvaise rencontre sur la route de la bibliothèque vont faire basculer sa vie. Un type sorti de nulle part, la jette de sa bicyclette, lui arrache son sac, l'insulte, la laisse démunie et humiliée au sol. Joanne n'avait jamais connu la violence avant cette mauvaise rencontre. Pourquoi elle ?

Joanne perd pied, cherche un moyen de sortir d'elle-même en échangeant plusieurs fois par semaine son caddy de courses contre celui d'une inconnue. La souffrance psychique prend le pas sur la souffrance physique, son mari ne parvient pas à l'aider. Dépression, alcoolisme, déni, rien ne la ramène à sa vie d'avant.

Voilà, c'est décidé, elle doit partir pour Thomas et pour les enfants ! L.A devient une évidence. La cité de tous les vices, de l'oubli de soi. Il faut qu'elle parte.

Cette quête de soi entreprise par Joanne Linaker va être longue, peuplée de rencontres bouleversantes. Une longue reconstruction au son du rock bien sûr et des ballades acoustiques de "Murphy" à trois heures du matin. Elle s'échappe d'elle-même pour devenir "Pas Betty".

Chaque chapitre s'ouvre sur une recette de cocktail dont l'arôme décrit l'atmosphère : Bourgeoise à Modesto équivaut à "Root Beer", arôme : sucré-épicé ; la décision de disparaître "Highway To Hell", arôme : exalté. Laurence Peyrin rend son récit addictif tant par l'atmosphère de l'époque, que par la description de ses personnages attachants, bouleversants. 

Magnifique roman, je lui garderais le "Shirley Temple" arôme : acidulé.
Merci pour ce délicat moment de lecture ! Sur le podium des coups de coeur de l'année.