Auteur : Erik L'Homme - 173 pages
Editions Calmann - Levy
"Il ne reste plus que ça aujourd’hui, la communion des caves, cette sauvagerie qui seule subsiste une fois quittée la grisaille de la surface où les clans survivent dans des boulots plus pourris qu’une charogne oubliée sur un piège."
Ce pourrait être le monde de demain. Paris est envahi par une obscurité perpétuelle et livré aux instincts redevenus primaires d’une population désormais organisée en clans. Dans ce monde urbain terriblement violent, Féral est un des derniers à avoir des souvenirs des temps anciens. Il est aussi un as de la « cogne»,
ces combats à mains nues qui opposent les plus forts des clans dans des sortes de grand-messes expiatoires. C’est lors d’une de ces cognes qu’il rencontre Livie, qui respire la liberté, l’intelligence, la force. Leur amour est immédiat, charnel, entier. Mais le destin de Féral va se fracasser sur cette jeune femme qui n’est pas libre d’aimer.
Bijou littéraire, Un peu de nuit en plein jour parle de notre monde qui s’abîme, de la part de sauvagerie en l’homme, de l’inéluctabilité des destins.
Mon avis :
Le monde dans lequel vit Féral est sombre, rude, sans concessions. Il a fait le choix des arbres, de la force brute pour s'exprimer même si le feu qui brûle dans les yeux de Livie le consume tout entier.
Une brève relation va unir ces deux êtres si différents, l'un qui a connu le monde d'avant, taiseux, contemplatif, brutal dans l'arène lorsqu'il s'adonne à la cogne. Elle, jeune, libre, lumineuse, fascinée par la force féroce de cet homme hors du commun. Un monde sombre et violent où coexiste pourtant la solidarité, la passion, l'amitié et le pire de ce que l'homme peut produire, la cupidité, l'envie, la haine...
Fable moderne, conte cauchemardesque, roman d'anticipation ? Inclassable ! La plume est poétique, les phrases et les chapitres courts concourent au sentiment d'urgence de ce monde où les pauvres vivent en clans pour survivre, où les riches créent des serres pour recréer leurs jardins d'avant, où la vie dure toujours dans l'ennui et la solitude...
Erik L'Homme nous offre un roman dense, dans lequel la fiction est proche de la projection que l'on se fait d'un monde où la nature n'est plus au coeur de la société.
J'aurais aimé en apprendre plus sur Féral, la vie d'avant, pourquoi le monde en est arrivé là ? Peut-on choisir entre instant et éternité ?
Une lecture intense, toute en nuances, qui captive le lecteur, une ode à la vie. Des questions restent sans réponses mais impossible pour autant de lâcher le livre avant son épilogue. Un roman pour se poser des questions sur l'avenir de l'Homme et de l'Humanité.
Merci à Babelio et son opération Masse Critique, aux Editions Calmann-Levy pour la belle découverte de la plume d'Erik L'Homme.
Ma B.O. du roman :
Une goutte d'eau Nicole Rieu
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