PAYS PROVISOIRE de FANNY TONNELIER
250 pages aux Editions ALMA
Amélie Servoz, jeune modiste d’origine savoyarde, n’a pas froid aux yeux. En 1910, elle rallie Saint-Pétersbourg avec, pour seul viatique, l’invitation d’une compatriote à reprendre sa boutique de chapeaux et un guide de la Russie chiné en librairie. Sept ans plus tard, la déliquescence de l’Empire l’oblige à fuir. Le retour, imprévisible et périlleux, lui fera traverser quatre pays, découvrir les bas-côtés de la guerre et rencontrer Friedrich… Fanny Tonnelier qui raconte avec verve et finesse aussi bien le détail des gestes que l’ample vacarme d’une Révolution naissante, s’est inspirée d’un pan d’histoire méconnu : au début du XXe siècle, de nombreuses Françaises partirent travailler en Russie. Fanny Tonnelier, née en 1948, vit à Cunault près d’Angers. Pays provisoire, est son premier roman.
MON AVIS :
Sélection Hiver 2018 des "68 Premières fois", ce livre raconte la vie d'expatriée d'Amélie à Saint-Pétersbourg. Charmante modiste française, trentenaire au caractère bien trempé, venue reprendre la boutique d'une compatriote, Clémence.
1917, sept petites années après avoir développé sa clientèle, Amélie se voit aux prises avec la politique : émeutes, famine, Nicolas II abdique ! Cela ne suffira pas à sauver le commerce d'Amélie, malheureusement.
Il serait facile de vous parler du fabuleux destin d'Amélie Servoz. Il s'agit plus simplement de la destinée d'une jeune femme ambitieuse qui doit tout abandonner pour rentrer en France. Ce n'est pas un échec, elle a rencontré l'Amour avec un beau militaire Nicolas et l'a perdu. Elle a beaucoup appris, elle maîtrise désormais une autre langue et connaît une autre culture.
Elle rencontrera Friedrich durant son périple de retour, mais reprendra seule son voyage au travers de multiples pays : Suède, Écosse, Angleterre, France. Cependant, cet épisode d'amour un peu plus que courtois, plein de promesses est charmant.
Pourtant, je n'ai pas réussi à être touchée par le romanesque dans ce récit. Il manque quelque chose d'indéfinissable. L'histoire est joliment écrite, il n'est pas possible de l'abandonner... mais le charme slave n'a pas totalement opéré !
Néanmoins, la plume est belle, le roman documenté certes, mais Amélie reste sur le papier très à-plat dans cette peinture de début de siècle... Durant cette période de tensions mondiales, où la guerre se répand, toujours une bonne âme pour assister, porter secours, héberger, c'est un peu trop idyllique, même pour une fiction.
Amélie ne nous laissera pas son nom, comme Scarlett O'Hara ou d'autres héroïnes, à la volonté inébranlable d''aimer, de rentrer chez elles. Même son amitié avec Joséphine manque de chaleur.
Amélie, pourtant est une créatrice, une passionnée de mode et l'on apprend beaucoup sur les métiers des Arts : Plumassiers, modistes.... devenus rare. Cette part-là du récit est passionnante. Elle redonne leurs lettres de noblesse aux petites mains, au savoir-faire.
L'histoire est originale. On apprend sur les relations Franco-Russes. Sur l'appétence des Russes à apprendre la langue française. Sur les femmes de l'époque bien plus aventureuses qu'on ne l'imagine. C'est un premier roman émaillé de rencontres, de voyages, qui renseigne la vie à cette époque.
Une lecture dépaysante, une auteure à suivre à n'en pas douter !
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