DE MINUIT A MINUIT
Autrice : SARA MYCHKINE
Aux Éditions Le bruit du monde
Une femme écrit à sa fille, dont la garde lui a été enlevée. Sa longue lettre revient sur les fragilités et les traumatismes qui ont conduit à ce déchirement, mais aussi sur les déterminismes familiaux, sociaux et historiques qui ont conditionné leur existence à toutes deux.
Face à la désolation d’un quotidien misérable, face à la violence de l’addiction, se dresse le rempart d’amour absolu qu’une mère a érigé pour sa fille, quitte à la perdre, quitte à se perdre.
C’est la poésie ardente et lumineuse de ce premier roman qui parvient à conjurer la noirceur de son sujet, à sauver une vie infime de l’effacement.
Mon avis :
De minuit à Minuit de Sara Mychkine nous plonge dans une réalité crue et bouleversante. À travers une narration fragmentée et poétique, l’auteure nous fait vivre l’histoire d’une mère aux prises avec une addiction dévastatrice au crack, et de sa fille, arrachée à son foyer pour être placée.
Ce roman, c’est avant tout une tentative désespérée de la mère pour expliquer l’inexplicable à son enfant. Comment raconter l’indicible ? Comment mettre des mots sur une situation d'une tristesse absolue, le renoncement ? L'autrice nous offre une réflexion profonde sur la douleur, l’amour maternel et la résilience face à l’adversité.
La forme choisie, déstabilisante par moments, reflète parfaitement le chaos intérieur de cette mère qui veut laisser une trace de son existence à sa fille. Lui laisser une lettre pour la sauver du destin qui a été le sien. C’est un récit où chaque mot est pesé, chaque silence est lourd de sens. Une lecture qui ne laisse pas indemne, mais qui ouvre une fenêtre sur des réalités souvent invisibles.
Je n'aurai pas choisi spontanément ce roman très sombre sans les 68 Premières Fois. Le sujet difficile à aborder sans noirceur, sans une atmosphère oppressante, malgré un style poétique d'une intensité émotionnelle difficile à soutenir.