Auteur : Vincent Villeminot
Aux Editions LES ESCALES
Le jour où son père, pêcheur de longue date, se noie, Ismaëlle se retrouve seule.
Seule, vertigineusement, avec pour legs un métier d’homme et une chair de jeune fille.
Mais très vite, sur le lac franco-suisse, d’autres corps se mettent à flotter. Des morts nus, anonymes, par dizaines, par centaines, venus d’on ne sait où — remontés des profondeurs de la fosse.
C’est en ces circonstances qu’Ismaëlle croisera Ezéchiel, fils d’un « Ogre » africain, qui a traversé les guerres du continent noir et vient sur ces rives affronter une Bête mystérieuse.
Fais de moi la colère est le récit halluciné, à deux voix, de leur rencontre, et de la partie de pêche qu’ils vont mener — échos lointains de Moby Dick. Une partie de pêche où le désir, la convoitise,
le blanchiment, les génocides, sont autant de Léviathans. Mais où la joie, comme les larmes, pourra gonfler les ventres.
Mon avis :
Roman osé ! La transmission racontée en envolées lyriques presques hallucinées, poétiques, métaphoriques qui rendent ce roman sui generis.
Ezéchiel arrive peu de temps après qu'Ismaëlle ait repris l'activité de pêche de son père. Lui, fils de tous les méfaits de la dictature, elle fille d'un pêcheur et d'une femme de lettres. Le lac pour ciment, chacun sa rive. La pêche va les unir dans leur quête de la Bête, du corps du père de la jeune fille disparu dans le lac.
Les thèmes abordés sont puissants : génocides, corruption, critique du capitalisme. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le récit notamment à l'arrivée d'Ezéchiel dans son palais pillé...
L'auteur propose un roman très particulier, analyse du comportement de l'homme : ses monstres cachés : le "greed" besoin de possession, envie, convoitise, pouvoir... désir, rejet, peur, attirance. La Bête qu'est venue combattre Ezéchiel n'est-elle pas constituée des oripeaux de cette humanité-là ? Pourtant, sur le chemin, joies et larmes pourront "gonfler les ventres". On y retrouve des échos lointains à Moby Dick.
Ce roman évoque une quête d'un monde meilleur. L'enfance bousculée, le passage à l'âge adulte. Vincent Villeminot a travaillé la symbolique, la musique du texte, son dépouillement parfois, pour faire vibrer son lecteur.
Ce roman captive par sa singularité, son style, à lire à voix haute pour en saisir le sens, la musicalité, la sensualité parfois. Une histoire déroutante, un roman exigeant ! Aucune étiquette possible, tant l'histoire flotte entre rêve et réalité.
Mon premier Objet Littéraire Non Classable depuis longtemps, pour l'apprécier pleinement, il faut sans doute lacher prise, mon côté cartésien n'a pas trouvé le chemin pour ce rendez-vous dans les eaux troublées du Léman.
Ma B.O. du roman :
lindsey stirling : shadows
Sélection Automne |
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