mercredi 23 janvier 2019

Simple - Julie Estève

SIMPLE
Auteure : Julie Estève
Edtions Stock - 208 pages
On ne l’appelle jamais Antoine Orsini dans ce village perché au coeur des montagnes corses mais le baoul, l’idiot du coin. À la marge, bizarre, farceur, sorcier, bouc émissaire, Antoine parle à sa chaise, lui raconte son histoire, celles des autres, et son lien ambigu avec Florence Biancarelli, une gamine de seize ans retrouvée morte au milieu des pins et des années 80.
Qui est coupable ?
On plonge à pic dans la poésie, le monde et la langue singulière d’un homme simple, jusqu’à la cruelle vérité.






Mon avis :

Roman à suspense, cruel récit de la vie d'Antoine Orsini. Personne ne l'appelait ainsi. Vous l'aurez compris, il est mort.

Antoine a perdu son prénom à la naissance. Il a tué sa mère. Enfin, c'est ce que le père répète à l'envi. C'est le cadet d'une fraterie de trois enfants. Il est différent, complexe. 

Tout le monde l'appelle le "Baoul" dans son beau village de Corse. Son refuge c'est l'arbre au pied de la maison de Florence. Un soleil, Florence. Jolie comme un coeur, ses seize printemps attisent bien des convoitises chez les garçons comme chez les hommes du village. Elle est différente aussi, Florence. Bien trop jolie... 

Ce "Simplet" là, a vécu une vie de solitude à tenter de préserver Florence de ses prédateurs. Accusé à tort de la mort de la jeune fille, il va jeter son dévolu sur une chaise abîmée, comme lui. Tout lui raconter de façon décousue, sans omettre de détails sur la vie des villageois, leur travers. Personne ne veut voir son innocence enfantine, absolue. Comprendre sa capacité à être le témoin crédule des vilénies des autres sans rien révéler.

Vous entendrez sa voix de candide dire avec des mots simples, crus sa réalité, le machiavélisme de ceux qui le montrent du doigt, le condamnent, le rejettent, crachent sur sa tombe. Le village lui fera expier ses propres fautes.

Antoine est attachant, touchant. L'histoire est cruelle. On sourit avec tendresse à ses facéties téléphoniques. Antoine est un brave garçon, comme on dit au village. L'auteure nous offre une histoire souvent brutale de cabossés avec poésie, tendresse, humour. 

Un récit juste qui touche au coeur, émerveille, désarçonne par sa violence. Comme moi, vous aurez envie de rendre son prénom à Antoine, de croire qu'il a vraiment trouvé un ami, même si c'est en prison. Un peu de bonheur simple, lumineux comme le sourire de Florence.

Julie Estève nous offre un roman audacieux, généreux, plein d'humanité, pour raconter comment toute l'incompréhension de l'autre, lorsqu'il ne rentre pas dans la norme, peut mettre un voile sur les mauvaises actions des plus "normaux", la cruauté sociale. Un bouc-émissaire bien pratique l'Antoine Orsini.

Ma B.O. du roman :

HUMAN de Rag'nBone Man

Sélection Automne



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