lundi 30 août 2021

PLACE AUX IMMORTELS _ Patrice Quélard

PLACE AUX IMMORTELS

Auteur : Patrice Quélard

Aux éditions PLON _ 378 pages

Au printemps 1915, Léon Cognard, lieutenant de gendarmerie bourlingueur et anticonformiste, quitte sa brigade bretonne pour rejoindre le front de Picardie et prendre le commandement d'une prévôté de division d'infanterie. Sa nouvelle position est des plus délicates entre une bureaucratie tatillonne et l'hostilité légendaire des fantassins à l'égard des gendarmes, ces empêcheurs de tourner en rond considérés comme des planqués.
Lorsqu'il est confronté à un suicide suspect au sein de l'unité dont il doit assurer la police, Léon traite l'affaire avec son opiniâtreté habituelle. Mais celle-ci l'entraîne dans un engrenage qui risque bien de faire trembler la Grande Muette sur ses fondements...
Certains crimes ne doivent-ils pas demeurer impunis ? À la guerre, y a-t-il encore de la place pour l'idéalisme ? Et surtout, quelle valeur reste-t-il à la vérité quand seule compte la victoire ?


Mon avis :


Un roman de Patrice Quélard, c'est d'abord beaucoup d'humanité. Comme pour "Fratricide", l'histoire de Léon Cognard et ses camarades n'y déroge pas.

Force détails vous imprègnent de l'époque et des lieux pour vous accompagner pleinement dans la découverte des personnages : Jouannic, Bellec, Testard, Tanguy et les autres.

Léon Cognard, son nom n'est pas un hasard, frappe fort les esprits et dérange ses supérieurs comme ses subalternes par son anticonformisme. Un "cogne" qui n'applique pas le règlement sans avoir réfléchi d'abord, c'est tout de même hors normes. Jouannic ne vous dira pas le contraire.

Y a-t-il des morts justes en temps de guerre ? Le contexte donne-t-il devoir aux gendarmes de regarder ailleurs lorsqu'une mort est suspecte ? 

« Il est plus désirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi. » – Henry David Thoreau. Épris de justice, Léon aurait pu faire sienne cette maxime.

Les personnages livrés sont justes et captivants, le Bourru Jouannic, le sage greffier Bellec. 

Léon et son acharnement à obtenir vérité et justice pour ceux qui restent, malgré la multitude de morts qui l'entourent, vont lui valoir la haine farouche de la hiérarchie militaire. Il comprend mais ne lâche rien.

Un roman captivant, tendu par une intrigue policière glissée au coeur d'une fresque historique richement documentée. L'histoire d'un destin forgé dans la grande Histoire. Un hommage à tous ces hommes qui ont été les précurseurs de la gendarmerie d'aujourd'hui, chargée de s'assurer que les règles et lois soient appliquées, même juste derrière la ligne de front. 

Léon qui ne manque pas de lucidité, n'hésite pas à se comparer à Don Quichotte. Son fidèle destrier Rossinante, espiègle, au caractère bien trempé comme lui, l'accompagne dans son périple picard et champenois. Son humour désarmorce bien des situations que ses subalternes ne comprennent pas. Il a pourtant gagné leur respect, par ses décisions, ses actes et son acharnement à voir justice rendue. 

Léon, c'est le chevalier blanc de son époque, habité d'un esprit de camaraderie et de corps, idéaliste et ancré dans la réalité pour autant. 

Un personnage juste et sage dont on imagine qu'il essaime dans la gendarmerie d'aujourd'hui qui accorde un prix bien mérité à son histoire.

Ce roman est une vraie belle réussite pour ses informations historiques, la touche d'humour, la force de ses personnages. 

C'est aussi une belle manière de rendre hommage à ceux qui doivent rester immortels dans nos mémoires pour le sacrifice qu'ils ont consenti pour notre liberté. 

Un coup de coeur en ce qui me concerne !



 

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