lundi 7 juillet 2025

LE LIVRE D'ANNA de Madeline ROTH _ Une chronique intime de l'amour maternel


 LE LIVRE D'ANNA

Autrice Madeline ROTH

Aux Editions La Fosse aux Ours

Les parents d'Anna sont séparés. Pour ses 18 ans, ils se réunissent et sa mère lui offre ses journaux intimes dans lesquels elle relate son quotidien depuis toujours.
Ces carnets composent la suite du récit, révélant ses peurs, ses doutes, ses douleurs à propos de la garde alternée ou encore l'amour inconditionnel qu'elle porte à sa fille.





Mon Avis

Madeline Roth nous offre avec Le livre d’Anna un roman aussi court qu’intense, aussi délicat que puissant. C’est une véritable célébration de l’amour maternel sous toutes ses formes — ses éblouissements, ses blessures, ses renoncements, ses élans. Ce récit touche au cœur, que l’on soit mère ou non.

Chloé, à l’aube de ses quarante ans, décide d’avoir un enfant avec l’homme qu’elle aime. Un pacte l’unit à Thomas : s’ils n’ont pas trouvé l’amour à quarante ans, alors ils auront un enfant ensemble. Ainsi naît Anna.

La veille de ses 18 ans, Anna reçoit en cadeau les carnets que sa mère a écrits depuis sa naissance : une mémoire intime tissée de joies, de doutes, de peurs, d’amour inconditionnel. Chloé y confie tout ce qui a façonné son parcours de mère : les douleurs de la garde partagée, les premiers pas qu’elle n’a pas vus, le frisson de voir une autre femme porter son enfant dans ses bras… mais aussi les instants suspendus de bonheur pur, les rires partagés, et cette tendresse farouche qui ne faiblit jamais.

Anna a deux foyers, mais une seule famille. À travers les mots de sa mère, elle comprend sans filtre ce que signifie aimer, transmettre, laisser partir. Les carnets deviennent passerelle : de femme à femme, de mère à fille, de silence à révélation.

Dans ce texte si court, Madeline Roth réussit le tour de force d’exprimer toute la palette des émotions qui traversent les mères. C’est un récit qui vous serre le cœur et vous fait sourire, vous touche au plus intime avec une plume poétique et épurée.

“Aujourd’hui, je crois que cette quête, c’était celle d’être mère. C’est mon plus beau rêve. Ma plus belle victoire. L’inaccessible étoile, c’est cet amour inconditionnel que l’on donne et que l’on reçoit.”

Le livre d’Anna est bien plus qu’une déclaration d’amour maternelle : c’est un hymne à la vie, à la transmission, à ce lien invisible et indestructible entre celles qui donnent la vie et celles qui la reçoivent.


samedi 28 juin 2025

UN ABRI DE FORTUNE de Agnès LEDIG


 UN ABRI DE FORTUNE

Autrice Agnès LEDIG

Aux Éditions Livre de Poche

« Avec un peu d’amour, on fait de grandes choses. En deux années, mes voisins ont transformé cette bâtisse vosgienne à l’abandon en refuge. Du haut de mon banc et de mon grand âge, je viens chaque jour guetter les changements. Les trois premiers locataires sont aussi cabossés que moi. Un homme qui se remet d’un geste irréparable, une gamine fragile comme un moineau et une femme camouflant la misère sous sa légèreté. Je savais qu’au contact des arbres, des bêtes et du jardin, ils allaient oublier leurs peines et s’offrir un nouveau destin. Quand ils ont fait cette découverte dans les taillis et qu’ils se sont mis à remuer le passé, je me suis demandé jusqu’où tout ça allait les mener. Eh bien, vous allez être sacrément surpris… » Jean
Installée en lisière de forêt, Agnès Ledig puise son inspiration dans la biodiversité, convaincue des bienfaits de la nature sur les émotions humaines. Avec la sensibilité qui confère à son écriture une force rare, elle nous invite ici à revenir aux sources du vivant.


Mon Avis


Dans Un abri de fortune, Agnès Ledig nous invite à plonger dans un roman à la fois doux et percutant. Une histoire qui mêle résilience, secrets enfouis et quête de rédemption. Ce roman d'apparence feel-good se revêle en réalité bien plus profond qu'il n'y paraît avec une intrigue digne d'un thriller et une galerie de personnages bouleversants, chacun portant ses fêlures et ses blessures du passé.

L'histoire prend racine dans un lieu perdu "au bout du monde" au bord de la forêt vosgienne. Un abri de fortune investi par Adrien et Capucine qui ont aménagé cette ferme pour accueillir des âmes en quête de reconstruction. Ce lieu perdu du bout du monde devient le théatre d'une enquête inattendue avec la découverte d'une sépulture d'enfants cachée depuis plusieurs années. Karine va s'investir pleinement dans la recherche des parents. Une enquête prenante et inattendue qui va dévoiler les caractères des personnages. 

L'autrice, fidèle à sa plume sensible, nous offre des personnages qui, bien qu'en apparence ordinaires, sont traversés par des questionnements profonds et des parcours de vie bouleversants. A travers eu, elle exploire des thèmes universels : la reconstruction après des traumatismes, la quête de sens, la résilience et le poids du passé.

La plume d'Agnès Ledig est fluide, le suspense bien présents, les personnages attachants. Un roman qui tient ses promesses, il tient en haleine, fait du bien, rappelle des éléments de bon sens comme la gestion des ressources, l'espoir de trouver une vie nouvelle après avoir payer sa dette, se faire confiance, être ouvert aux autres.

Un roman qui vous embarque jusqu'à l'épilogue en quelques heures.


Les Orphelins de Löwengold_L'héritier d'Ézequiel de Stéphane Nançoz

LES ORPHELINS DE LOWENGOLD 2

L'Héritier d'Ézéquiel

Auteur Stéphane Nançoz

Aux Éditions JLB-ÉDITIONS Collection La Tête dans les Nuages

Cinq pour nous sauver !
Après s'être enfuis de la prison du Pandénium les cinq Protecteurs novices sont de retour à Löwengold. Ils trouvent une Terre dévastée, dominée par les armées du Seigneur des Ombres. Les survivants sont soumis aux volontés des démons.
Nicolas, Roxanne, Jean-Louis, Suzanne et Enzo, Maître du Feu, de l'Air, et de l'Eau se lancent dnaqs une guere sans merci poour éliminer les créatures de l'Enfer. Mais dans ce Monde des Ténèbres, ou seule une poignée de résistants luttent encore à leurs côtés, leur défaite semble inévitable. L'extinction des Protecteurs aussi !
Aidé pra une mystérieuse Enchanteresse et une fils des puissants Veilleurs, Nicolas trouvera-t-il un moyen de vaincre le tout-puissant Seigneur des Ombres sans sacrifier la vie de ses amis ? Le salut viendra-t-il de ce manuscrit ancien qui évoque les pouvoirs ancestraux de la lignée d'Horus ?
La fin de l'humanité est proche. Quoi qu'il arrive tout se terminera ici !
 

Mon avis :

430 pages d'une épopée qui tient en haleine, avec un final apocalyptique qui capte jusqu'à la dernière ligne du roman.

Dans ce second tome, l'auteur rend un hommage appuyé à J.R.R. Tolkien : les célèbres Orques, créatures démoniaques, font leur apparition, tandis que l'Oeil dans le ciel, réminiscence de l'Œil de Sauron, se transforme cette fois en symbole de bien, avec Nicolas et Horus, dans un rôle protecteur. L'univers se nourrit également de mythes et légendes, comme ceux de la Dame Blanche, de Bloody Mary ou de Baba Yaga, créant une toile de fond riche et intrigante.

Les jeunes novices, désormais âgés de 17 ans, sont attachants, même si certains d'entre eux auraient mérité un traitement plus approfondi.

Dans le premier tome, où les orphelins n'avaient que 10 ans, les dialogues paraissaient parfois étonnamment matures pour leur âge, ce qui affaiblissait la crédibilité des interactions. Stéphane Nançoz semble avoir corrigé ce déséquilibre dans L'Héritier d'Ézéquiel. Les protagonistes, comme Nicolas et Roxanne, ont des échanges plus en phase avec leurs préoccupations d'adolescents, ce qui renforce leur réalisme et rend leurs dilemmes intérieurs plus palpables. Ce travail sur les dialogues permet de mieux comprendre leurs conflits internes et de donner plus de profondeur à leurs choix, notamment lorsqu'ils sont tiraillés entre devoir et aspirations personnelles.

Si les protagonistes principaux sont bien développés, certains personnages secondaires, comme la mère supérieure et le nécromant, jouent des rôles cruciaux dans l’intrigue. Ces personnages porteurs de mystères et de tensions enrichissent l'univers du roman. Bien que leur impact soit indéniable, leur profondeur reste partiellement cachée, laissant au lecteur une impression de non-dit qui attise la curiosité. J'aurais aimé en apprendre davantage sur leur passé et leurs motivations profondes, mais cette part d'ombre n'en est pas moins un atout narratif, intensifiant leur aura mystérieuse.

Les batailles sont épiques, et des personnages comme Maximilian de Rais, dont la tentation de rédemption masque une complexité morale profonde, devront faire face aux conséquences de leurs actes. Comme dans les légendes et les contes, la dimension morale du récit est à découvrir.

L'Héritier d'Ézéquiel m'a donné envie de poursuivre l'aventure dans l'univers de Löwengold et de découvrir la suite d'une histoire qui mêle mystère, action et réflexion.

Si vous souhaitez découvrir d'autres avis : 
https://www.babelio.com/livres/Nancoz-Les-orphelins-de-Lwengold-tome-2--LHeritier-d/1853828

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vendredi 27 juin 2025

UN ÉCLAT ROUGE de Clémentine BIANO _ Un drame familial _


 UN ÉCLAT ROUGE

Autrice : Clémentine BIANO

Aux Éditions CALMANN LEVY

« Tu ne dis rien, tu as compris ? Rien. » 
Dans ce village français des années 1950, le monde de Jeannot, 9  ans, s’écroule le jour où sa désobéissance provoque un accident fatal pour son petit frère. Les parents, sous le choc, lui imposent le silence et inventent pour les gendarmes un rôdeur responsable du drame. De peur que la vérité ne lui échappe, Jeannot devient muet et se fait le plus discret possible. A-t-il encore le droit d’avoir des copains ? D’obtenir un câlin de sa mère ? Un sourire de son père ? Entouré de l’affection maladroite de sa grand-mère, Jeannot oscille entre isolement et culpabilité, et ne sait pas comment continuer à grandir. Un jour, une fillette de son âge s’installe au village. Elle n’a pas peur des mots, elle, et parle pour eux deux. Leur amitié naissante est la première étincelle qui parvient à traverser les ténèbres de Jeannot et lui fait entrevoir un chemin inattendu. Se pourrait-il que, un jour, la vie reprenne un cours heureux ?
"Un éclat rouge" a reçu le Prix du Printemps Romillois 2025, ainsi que le Prix du LÀC 2025, sur le thème de l'espoir.


Mon avis :


Jeannot a désobéi. Il était tellement fier quand son père l’a fait monter dans sa belle auto rouge. Alors… il est monté à bord, avec prudence. Quand son petit frère s’est mis à toucher à tout, il lui a demandé de descendre de la voiture. Le drame est survenu.

Quand les adultes ont décidé de raconter une autre version des faits, Jeannot s’est muré dans le silence. Une peine immense. Son père, en colère. Le gendarme, les questions. L’exil chez la grand-mère. À l’épicerie, les regards des copains, des commères — il n’a pas su comment y faire face.

Puis Charlotte est arrivée de la ville. Avec elle, pas besoin de parler. Elle laisse couler les mots pour deux. Elle comprend.

Clémentine Biano nous livre un récit bouleversant. 
L'autrice signe un premier roman puissant. Le deuil, la culpabilité, l’incompréhension des adultes face à la douleur d’un enfant : Un éclat rouge aborde ces thèmes avec une grande justesse. Les personnages sont bien campés, l’écriture fluide, l’émotion constante.

J’ai été profondément touchée. Par le drame bien sûr, mais surtout par la réaction du père, à la fois brutale et désespérée. Par ce silence de Jeannot, nourri de culpabilité et d’amour. Ce roman est un accrolivre. On ne le lâche pas. Et on n’en sort pas indemne. Une autrice à suivre.



dimanche 25 mai 2025

AU CABARET DES OISEAUX ET DES SONGES de Eric Poindron


 AU CABARET DES OISEAUX

ET DES SONGES

Auteur : Eric POINDRON

Aux Éditions LE PASSEUR

Une réflexion vagabonde et un "roman d`escapades" par " un fou de mots et de poésie " campant aux frontières du rêve et de la fantaisie." Je suis un casanier qui a la bougeotte ; je marche donc je suis. Je suis sur la trace de mes traces. " La question reste entière : qu`est-ce qu`un voyage ?
Voilà ce que nous sommes, des enfants, un peu robinsons, un peu " bandits ", découvrant perplexes le monde et émerveillés par l`estran. Nous revenons du voyage chargé de rencontres foudroyantes parfois, d`émotions essentielles (le froid, le mal, la lumière) et de phrases à fabriquer. Dans ces phrases, il faut essayer d`offrir à l`autre cette précieuse récolte. C`est à la fois une ambition et une obsession. Le moindre chemin possède un rythme cardiaque et son histoire à raconter. Alors celui qui s`en approche endosse parfois le costume du scribe ou du confesseur. Ainsi, sous forme de confessions et de fictions entremêlées, dans des textes courts et percutants, Éric Poindron nous emmène en voyage : dans l`enfance, en Europe, sur les chemins buissonniers, dans sa bibliothèque, chez les écrivains voyageurs et à travers les siècles. L`auteur du livre Le Voyageur inachevé sait qu`un voyage est toujours inachevé. Aussi, inachevons-nous les uns les autres.


Mon Avis :


Eric Poindron est de ces auteurs que l'on imagine à la veillée vous conter ses rêves mélancoliques émerveillés.

Un peu Méliès, magicien des images qu'il vous souffle à l'âme, un peu Charlot pour dire avec tendresse et détermination la brutalité du monde, un peu écumeur de chemins pour les rencontres offertes, un peu Magicien d'Oz pour tracer un chemin poétique,  vers une destination inconnue : l'avenir.

L'auteur nous offre une déambulation dans sa vie d'homme né poète absolument. Ses amitiés forgées de rencontres avec les fantômes qu'il aurait aimé rencontrés, celles bien ancrées qui accompagnent son récit d'agapes épicuriennes, de petits riens qui font tout.

Ce récit truffé de références littéraires, de personnages célèbres ou anonymes, n'est pas facile mais il est tellement doux de se glisser dans ses pages, de sourire, de soupirer au tragique perte que la vie nous inflige, d'espérer que les amis de trente ans qui vous suivent auront ses mots pour dire le manque, les souvenirs. Ne croyez pas lecteur, que ce livre est triste, impossible, parce que certaines scènes sont affabulées, fantasmées, en réalité les mots sont touchants du réel à la magie.

Ce roman est un voyage intérieur à la recherche de l'enfant qui sommeille en nous. Magique et complexe, il faut s’y plonger et se laisser emporter, au creux des mots choisis par l’auteur, pour une déambulation nostalgico-heureuse.

Eric Poindron nous embarque dans un voyage intime à la recherche du temps passé, jamais perdu car empreint d'émerveillement. À sa lecture, une douceur réconfortante s’installe : les souvenirs, parfois teintés de tristesse, souvent embellis d’une magie-nostalgie poétique, loin d’être figés, continuent à nous nourrir et à éclairer tendrement le présent.

Milan Kundera évoque parfaitement ce que me suggère l'errance poétique de l'auteur qui n'a d'autre ambition que de nous offrir une porte vers la poésie qui nous entoure tant auprès de nos amis de coeur perdus, que par la flânerie d'un coeur ouvert : "La vocation de la poésie n'est pas de nous éblouir par une idée surprenante, mais de faire qu'un instant de l'être devienne inoubliable et digne d'une insoutenable nostalgie".

À l’image des sculptures de Catalano, où le voyageur se laisse traverser par les éléments—nuages, lumière, vent—Eric Poindron avance, porté par les rencontres et les songes, chaque instant gravé en lui comme une empreinte fugace du monde.

mardi 13 mai 2025

BIENTOT LES VIVANTS de Amina DAMERDJI_

 

BIENTOT LES VIVANTS

Autrice AMINA DAMERDJI

Aux Éditions Gallimard

« Aïcha courut à travers le village. Ses jambes tremblaient et son cœur battait si fort qu’il semblait vouloir sortir de sa poitrine. Elle connaissait le mot, dhabahine, les égorgeurs. Dhabahine, dhabahine ! »
Algérie, 1988. Après les premières émeutes sauvagement réprimées, le mouvement islamiste montre sa puissance grandissante. La jeune Selma vit dans la proche banlieue d’Alger. Elle n’a qu’une passion, l’équitation, qu’elle pratique dans un centre non loin du village de Sidi Youcef, où se déroulera en 1997 l’un des épisodes les plus atroces de la guerre civile. Elle consacre tout son temps libre au dressage d’un cheval que tout le monde craint, tandis que les déchirements de l’histoire traversent sa famille comme toute la société algérienne : certains sont farouchement opposés aux islamistes, d’autres penchent pour le FIS, d’autres encore profitent du chaos pour s’enrichir… C’est dans ce contexte tragique que Selma apprendra à grandir, trouvant dans la relation avec son cheval et avec la nature un antidote à la violence des hommes. Bien que le martyre du village de Sidi Youcef éclaire d’une lumière terrible les trajectoires des divers personnages, ce roman reste constamment chaleureux et humain.


Mon avis


Plongée dans l'ombre et la lumière de l'Algérie

De 1988 à 1997, l'Algérie traverse une décennie de ténèbres, où la lutte pour le pouvoir oppose le Front Islamiste du Salut, le Groupe Islamique Armé et le régime en place. Dans ce chaos, la violence s'impose, implacable, tissant une toile de peur et d'incertitude parmi les populations.

Selma, fille de médecin, trouve refuge dans une passion : l'équitation. Mais ce n'est pas un simple loisir—sa fascination pour Sheïtane, un cheval maltraité et indomptable, me semble être une métaphore de sa propre lutte face à un monde qui vacille. Entre les déchirures familiales et l'attirance qu'elle éprouve pour Adel, le jeune palefrenier de Sidi Youcef, elle est au cœur des bouleversements de cette Algérie fracturée.

Amina Damerdji donne vie à ses personnages avec une finesse remarquable. Tous sont traversés par une part d'ombre, tiraillés entre la survie, la peur et leurs aspirations profondes. L'autrice tisse une atmosphère immersive où chaque scène oscille entre violence brute, éclats de lumière.

Le contraste est saisissant : dans la forêt, à l’abri du carnage, Selma et Maya assistent à une scène insoutenable. Le massacre d’une famille, l’horreur portée à son paroxysme. Puis, le silence—ce moment suspendu où Adel, le sabre encore ensanglanté, croise le regard de Selma sans un mot, avant de repartir. Ce regard, cet instant, cette hésitation... Une faille dans l’impitoyable mécanique de la guerre, une étincelle d’humanité dans le chaos.

Si la violence est omniprésente, elle n’éclipse pas tout. L’amour, la passion journalistique de Maya et équestre de Selma, la quête de sens, donnent à ces destins une profondeur bouleversante. 

Bientôt les vivants n’est pas seulement un roman sur la guerre, une époque, c’est un texte incandescent où la violence du conflit se mêle aux déchirures intimes, à ces relations marquées par l’amour et la haine, la loyauté et la trahison. À travers des personnages pris dans des choix impossibles—Brahim, médecin contraint de sauver son frère Hisham malgré leur opposition politique ; Adel, tiraillé entre son attirance pour Selma et la distance infranchissable entre leurs mondes—Amina Damerdji capte la complexité de cette dualité avec une écriture à la fois crue et lumineuse.


Si vous souhaitez consulter plus d'avis :

https://68premieresfois.wordpress.com/2025/02/27/bientot-les-vivants-de-amina-damerdji/

ou : https://www.babelio.com/livres/Damerdji-Bientot-les-vivants/1545938






samedi 3 mai 2025

LA DERNIÈRE LISTE DE MABEL de LAURA PEARSON, Une histoire de femmes intergénérationnelle

 

LA DERNIÈRE LISTE DE MABEL

Autrice : Laura Pearson

Aux Éditions de l'Archipel

Il n’est jamais trop tard pour s’ouvrir aux autres... et à soi-même.
À la mort de son mari Arthur, Mabel découvre l’ultime liste qu’il a dressée pour elle. Ou plutôt ce mot énigmatique : Trouver D.
Persuadée qu’il s’agit de Dot, l’amie dont elle était amoureuse soixante ans plus tôt avant d’épouser Arthur, et dont elle est depuis sans nouvelles, Mabel part à sa recherche.
Une quête qui va l’amener à remonter le temps, faire de belles rencontres et, surtout, caresser l’idée qu’il est peut-être encore possible de trouver le bonheur…
Grâce à la magie du bouche-à-oreille, ce roman de femme sur les femmes, original, sensible et émouvant, a conquis le monde anglosaxon, où il s’est vendu à plus de 400 000 exemplaires.
Pour la première fois traduite en français, Laura Pearson est l’autrice de sept romans. Elle vit en Angleterre dans la région de Leicester.


Mon Avis :

Laura Pearson a raison "la vie n’épargne personne", pourtant, il faut avancer, apprendre encore et toujours. Se reconstruire et parfois, regarder en arrière pour comprendre ce qui a été perdu. Le roman nous offre cette confrontation entre générations, entre passé et présent, entre ce que l’on n’a pas osé vivre et ce que l’on peut encore saisir.

Mabel, en rencontrant Erin, se voit peut-être dans un miroir qu’elle n’a jamais osé affronter. Elle comprend cette douleur d’être rejetée pour ce que l’on est, mais à son époque, elle n’a pas eu le courage de risquer le regard des autres. 

À travers une galerie de personnages de différentes générations, Laura Pearson tisse une histoire où les regrets murmurent sous les silences, où les liens se redessinent avec le temps et où l’amour—sous toutes ses formes—reste un combat. Mabel, Erin, Patty, Kirsty, Julie… Ces femmes, si différentes mais malgré tout liées par une quête commune, nous confrontent à une question essentielle : que serait-il advenu si elles avaient choisi autrement ? Une lecture qui interroge autant qu’elle émeut, rappelle que nous sommes la somme de nos choix.

Même si le message de fond de l'histoire que nous propose Laura Pearson est : il n'est jamais trop tard pour s'ouvrir aux autres et à soi-même, je ne classerai pas ce roman dans la catégorie feel-good. Les thèmes abordés sont profond : le deuil, la bienveillance, l'amitié, la sororité, les amours interdits par une société prompte à juger. Cependant, en filigrane de ces thèmes lourds, la note d'humour, la délicatesse de la plume, le ton empreint de gravité nous mène à un épilogue plein d'espoir.

À travers leurs parcours respectifs, chacune de ces femmes découvre qu'il est possible d'avancer, malgré les blessures et les doutes. Liées par cette force nouvelle, elles avancent ensemble, conscientes que leurs histoires—si différentes soient-elles—se rejoignent dans une même quête : celle du droit d’être soi, pleinement et sans concession. Car si la vie impose ses épreuves, elle laisse aussi entrevoir la possibilité d’une renaissance, à condition d’avoir le courage de l’affronter.

Laura Pearson nous rappelle avec finesse que le passé n’est jamais figé, et que chaque regard porté sur lui peut ouvrir une nouvelle porte vers l’avenir.Autorisons-nous à rêver en grand, la vie se charge parfois de restreindre le champ de nos possibles sans que nous le voulions.

Vous souhaitez d'autres avis, vous pouvez vous rendre sur le site : https://www.babelio.com/livres/Pearson-La-Derniere-Liste-de-Mabel/1820483

ou sur le site : Livraddict https://www.livraddict.com/biblio/livre/la-derniere-liste-de-mabel.html

jeudi 24 avril 2025

CONQUE de PERRINE TRIPIER, une fable politique et poétique.

 

CONQUE

Autrice Perrine Tripier

Aux Éditions Gallimard

« CONQUE : nom féminin, coquille en spirale servant d’instrument depuis des millénaires. Coquillage berceau et tombeau, où se niche, caché, le grain de sable. »
Quelque part dans un pays battu par le vent du large, Martabée, historienne de renom, est mandatée par l’Empereur sur un chantier archéologique qui vient de mettre au jour les vestiges des Morgondes, guerriers-marins millénaires, dont seuls les bardes avaient gardé la trace. Martabée est chargée de les étudier afin de redorer le roman national.
Pour entremêler sa gloire à celle du pays, Martabée excave des héros et des mythes, avec émerveillement.
Mais quelque chose murmure sous le sable froid. Un appel sourd, dissonant, qu’elle devra choisir de suivre ou d’ignorer.
Lorsque la lucidité prendra le pas sur l’ivresse et sur la vanité, qui choisira de voir, et qui s’aveuglera encore ?
Fable politique et poétique, ce deuxième roman de Perrine Tripier allie le mystère à la contemplation.
Dans cette Conque s’enroulent des énigmes, portées par un souffle épique.


Mon avis sur CONQUE :

Perrine Tripier nous propose un conte mythique uchronique percutant. L'écriture poétique se mêle à la critique sociale pour révéler des vérités intemporelles.

Une pointe de féminisme pour agrémenter le propos. Quelle place donne-t-on aux femmes toutes légitimes qu'elles soient dans leur domaine d'expertise ? Martabée va l'apprendre à ses dépens.

Un empereur ubuesque s'empare du mythe des Morgondes pour se glorifier des racines de guerriers puissants, d'une civilisation antique riche, unique dont la trace subsiste dans les berceuses et les contes des bardes. Il s'appuie sur des fouilles qui révêlent combien les Morgondes étaient valeureux pour asseoir son pouvoir, démontrer que son empire est glorieux de ses ancêtres.

Il choisit Martabée, l'historienne y voit un accomplissement, une reconnaissance. N'est-ce pas simplement une manipulation ? Martabée saura-t-elle rester intègre ou choisira-t-elle des petits arrangements avec la grande Histoire pour maintenir l'aura de cet empereur ogresque ? Bien sûr, l'empereur est à dessein caricaturé tandis que le peuple et ses élites semblent crédibles, contemporains.

Dans cette fresque uchronique, ciselée et vibrante, Martabée devra choisir entre la vérité et la lumière factice d'une gloire imposée, tandis que l'ombre du pouvoir manipulateur pèse sur chaque page.

La finesse des descriptions, le suspense latent qui ne fait que monter au fil des pages, font que vous ne pouvez quitter ce roman jusqu'à son épilogue.

Si vous souhaitez vous faire une opinion plus large sur ce roman découvert grâce aux 68 premières fois, vous pouvez visiter les sites suivants :  

https://68premieresfois.wordpress.com/2025/02/28/conque-de-perrine-tripier/comment-page-1/#respond

https://booknode.com/auteur/perrine-tripier


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