mardi 17 décembre 2024

BEAUCOUP D'AMOUR ET QUELQUES CENDRES de Julien SANDREL

 

BEAUCOUP D'AMOUR ET QUELQUES CENDRES

Auteur : Julien SANDREL

Aux ÉDITIONS CALMANN-LEVY

Lucia, Hortense, Joséphine, Arsène, Max.
Cinq inconnus qui n'auraient jamais dû se rencontrer, mais qui ont reçu la même invitation, aussi excitante qu'inattendue, pour une mystérieuse chasse au trésor à travers la Californie.
Lucia est une étudiante enceinte de quatre mois, Hortense une quadra aux prises avec un maître chanteur, Joséphine et Arsène forment un couple de retraités fantasque, Max exerce l'étrange métier de "disperseur de cendres" des défunts...
Tous les cinq se retrouvent sur le tarmac de l'aéroport de San Francisco, où les accueille Jim, qui sera leur guide tout au long du voyage.
Très vite, des détails vont dérailler. Et ce voyage qui s'annonçait comme une parenthèse de rêve va se révéler beaucoup plus déstabilisant que prévu.
Et s'il ne s'agissait pas d'un simple jeu ?
Au bout de l'aventure, un trésor les attend, qui ne ressemblera en rien à ce qu'ils imaginaient... Il y aura quelques larmes. Et beaucoup d'amour.



Mon avis :

Dans l'esprit facétieux de Julien Sandrel naît une intrigue qui nous capte dès le premier chapitre. Qui de Lucia, Hortense, Max ou Joséphine et Arsène a le plus besoin de s'évader ? Cette chasse au trésor réunira-t-elle ses personnages parfois truculents, tous attachants, dans autre chose que cette drôle d'aventure outre-Atlantique ?

Bien sûr, il ne faudrait pas que cela soit une arnaque. Nos cinq protagonistes veille à vérifier que l'offre de l'office de tourisme de Californie n'est pas trompeuse. 

L'auteur nous propose à nouveau un roman tendre, bouleversant, aux rebondissements multiples, qui nous tient en haleine jusqu'au dénouement.

Entamer un voyage immobile avec Julien Sandrel, se laisser emporter par une intrigue toujours bien ficelée, aimer ses personnages plus attachants les uns que les autres, entre drôlerie, tendresse et amour, est un plaisir renouvelé. L'auteur maîtrise l'art de nous faire voyager sans quitter notre fauteuil, nous offrant une évasion littéraire des plus agréables.

Des larmes, des sourires, quelques cendres éparpillées, des pages qui se savourent. La recette de Julien Sandrel est infaillible et ce nouveau roman ne fait pas exception. Une lecture à ne pas manquer pour tous les amoureux de belles histoires humaines.

Après le succès fulgurant de son premier roman "La chambre des merveilles", Julien Sandrel n'a cessé de nous offrir des lectures toujours empreintes d'émotions entre drôlerie et larmes, où l'amour et l'amitié se mêlent aux péripéties des personnages. Invariablement captivant.

lundi 25 novembre 2024

L'ENFANT RIVIÈRE de ISABELLE AMONOU


L'ENFANT RIVIÈRE

Autrice Isabelle AMONOU

Aux Editions DALVA

Il y a six ans, l’enfant a disparu. Zoé ne l’a quitté des yeux que quelques minutes, occupée à peindre la coque du bateau, mais voici son fils envolé. On a dragué le cours d’eau, étudié les courants, cherché en aval, la rivière n’a pas rendu le corps de l’enfant. C’est peut-être ce savoir autochtone ancestral qu’elle porte en héritage ou un instinct maternel féroce mais Zoé le sait, Nathan ne s’est pas noyé, il vit. Elle est persuadée que son fils se cache parmi les migrants qui ont gagné le Canada, poussés par le réchauffement climatique et la chute des États-Unis. Alors elle le cherche. Jumelles au poing, fléchettes tranquillisantes et attirail de chasse en bandoulière, elle arpente les paysages sauvages pour traquer les invisibles de la forêt.

Sur les bords de la rivière des Outaouais, dans un monde où la nature a repris peu à peu ses droits et ne cesse de clamer sa puissance, L’Enfant rivière nous conte l’histoire d’une quête et d’un combat. Celui d’une mère prête à tout pour retrouver son enfant et comprendre qui elle est.

Mon avis

Isabelle Amonou nous conte l'histoire de Zoé, Tom, Nathan au bord de la rivière des Outaouais, dans un monde prochain où le réchauffement climatique aura jeté sur les routes des réfugiés. Zoé, marquée par son héritage amérindien et son instinct maternel féroce, est au cœur de ce roman. 

Où, proche de Gatineau, des campements clandestins en forêt s'établissent pour ceux qui ne veulent pas être déportés en Alaska.

Mais les invisibles traqués par Zoé sont-ils les seuls que cette partie du monde aurait portés ?

Ce roman ouvre une réflexion profonde sur ce que les hommes sont prêts à faire pour assimiler ou pas les étrangers sur leurs sols. 

Impossible de vous en dire plus sans divulgâcher ce récit poignant, bien écrit, puissant, qui nous oblige à poser un regard concret sur les questions que la période soulève. Telle que "Serais-je meilleur ou pire que ces gens" dans les mêmes circonstances ?

Ce roman d'anticipation, proche de la dystopie, nous met en garde contre ce que l'humanité engendre de pire, de ce que seul l'humain peut corriger. Peuple autochtone ou peuples obligés de migrer pour survivre, la force de ce roman est de nous plonger dans une fiction qui questionne sur l'avenir.

Qui sait de quoi sera fait demain ? Le récit d'Isabelle Amonou nous amène à nous interroger sur le sort des Nathan, Pam, Zoé et 296 du monde.

Merci aux 68 Premières fois pour cette belle découverte.

Ce roman est un accrolivre.


JACK REACHER Tome 25 : LA SENTINELLE de Lee Child et Andrew Child


 UNE AVENTURE DE JACK REACHER

LA SENTINELLE

de Lee et Andrew CHILD

Aux Éditions Calmann-Levy

Jack Reacher fait face à de violents cybercriminels
Tout juste arrivé dans un petit coin du Tennessee, Jack Reacher tombe sur une tentative de kidnapping. Du quatre contre un, voilà qui lui convient tout à fait. Il intervient – et l’emporte à sa manière finaude et expéditive.

La victime, Rusty Rutherford, explique s’être fait licencier tout récemment alors même qu’il a tenté de sauver la ville d’une cyberattaque de grande ampleur qui l’a paralysée – et a fait ressortir de terribles secrets. Alors que tout le monde le tient pour responsable, il entend bien être réhabilité.

Mais ceux qui en ont après lui ne comptent pas en rester là. Conspirations, mensonges et meurtres, Reacher comprend qu’il a affaire à un vaste complot, et à des individus redoutables qu’il lui faudra éliminer à tout prix. Et à sa manière inimitable. Jack Reacher fait face à de violents cybercriminels


Mon avis

Jack Reacher, égal à lui-même : redresseur de torts toujours au secours du plus faible !

Même si l’on a en tête Tom Cruise dans le rôle de Jack, cette aventure-ci le rend plus grand, plus fort et plus astucieux que les plus habiles cybercriminels des États-Unis d’Amérique.

L'histoire démarre comme d'habitude, Jack débarque de la voiture d'un inconnu trop bavard pour déjouer de justesse une prise d'otage. On se laisse embarquer dans une intrigue mouvementée, très cinématographique, menée tambour battant.

Les amateurs de bagarres et autres dérouillées de vilains en nombre en seront tous ravis, Jack aime bien que les gentils soient saufs et que les méchants finissent derrière les barreaux. Et chacun reprend sa vie.

Ce roman n'échappe pas aux thèmes de prédilection de Lee Child : la justice, la moralité, l'intégrité.

Cet opus m’a semblé cependant parfois un peu bancal, à cause de certains rebondissements que j’ai trouvés par certaines situations trop invraisemblables, même pour un thriller. Cependant, le suspense est bien présent, l’action ne manque pas, ce qui permet de passer un bon moment d’évasion.

Ce roman n'échappe pas aux thèmes de prédilection de Lee Child : la justice, la moralité, l'intégrité.

Merci à BABELIO et aux Éditions Calmann-Levy pour la découverte de ce nouvel opus.


jeudi 7 novembre 2024

LE SEUL COUPABLE de Jacques SAUSSEY

 

LE SEUL COUPABLE 

Auteur Jacques SAUSSEY

Éditions Fleuve Noir

Quand plane l'ombre d'une erreur judiciaire...
Septembre 2024. Un incendie se déclare à proximité de la maison de Paul Kessler, dans le Var. Au bout de quarante-huit heures, la piste criminelle est établie et les enquêteurs identifient la responsable : une certaine Laurence Dumas qui réside dans le Rhône, à plus de trois cents kilomètres de là.
Immédiatement, la mémoire de l'ancien commandant de police le ramène à une affaire qu'il a traitée dix ans plus tôt. En effet, cette femme est la mère de Margaux, une jeune fille retrouvée assassinée près de Lyon en 2014. À l'époque, les investigations de son équipe ont conduit à l'inculpation de l'ex-petit ami de la victime. Mais toutes les certitudes de Kessler vont voler en éclats face à la colère et aux doutes de Laurence Dumas. Une question lui glace alors le sang : a-t-il pu commettre une erreur ?


Mon avis : 


Jacques Saussey nous propose un thriller palpitant, au suspense constant où en parallèle de ses efforts pour obtenir la réouverture de l'enquête pour le meurtre de Margaux, une autre enquête se déroule, menée par l’ancienne équipe de Kessler, sur un tueur en série surnommé “le Piqueur”, qui drogue et tue ses victimes à la sortie de boîtes de nuit.

Les deux intrigues s’entrelacent comme des serpents dans un panier, créant une dynamique narrative pleine de rebondissements.  L'auteur excelle à maintenir la tension, jouant avec nos nerfs comme un chat avec une pelote de laine, jusqu’à l’épilogue.

Au fil des enquêtes, on s’accroche aux petites victoires et aux impasses avec Paul, le commandant Waill, Cyrielle et Zoé. Ce thriller est captivant par sa construction entre passé et présent, entre amitiés et haines qui ont forgé les vies des personnages et scellé le destin des plus fragiles.

Jacques Saussey est un manipulateur de génie : les monstres sont fragiles, les gentils sont coriaces. 

Un vrai coup de cœur ! Le bien et le mal se font face dans un cliffhanger final qui nous ouvre des perspectives quant à l'avenir de Paul Kessler.






lundi 28 octobre 2024

DE MINUIT A MINUIT de SARA MYCHKINE

 

DE MINUIT A MINUIT

Autrice : SARA MYCHKINE

Aux Éditions Le bruit du monde

Une femme écrit à sa fille, dont la garde lui a été enlevée. Sa longue lettre revient sur les fragilités et les traumatismes qui ont conduit à ce déchirement, mais aussi sur les déterminismes familiaux, sociaux et historiques qui ont conditionné leur existence à toutes deux. 

Face à la désolation d’un quotidien misérable, face à la violence de l’addiction, se dresse le rempart d’amour absolu qu’une mère a érigé pour sa fille, quitte à la perdre, quitte à se perdre.
C’est la poésie ardente et lumineuse de ce premier roman qui parvient à conjurer la noirceur de son sujet, à sauver une vie infime de l’effacement.


Mon avis :


De minuit à Minuit de Sara Mychkine nous plonge dans une réalité crue et bouleversante. À travers une narration fragmentée et poétique, l’auteure nous fait vivre l’histoire d’une mère aux prises avec une addiction dévastatrice au crack, et de sa fille, arrachée à son foyer pour être placée.

Ce roman, c’est avant tout une tentative désespérée de la mère pour expliquer l’inexplicable à son enfant. Comment raconter l’indicible ? Comment mettre des mots sur une situation d'une tristesse absolue, le renoncement ? L'autrice nous offre une réflexion profonde sur la douleur, l’amour maternel et la résilience face à l’adversité. 

La forme choisie, déstabilisante par moments, reflète parfaitement le chaos intérieur de cette mère qui veut laisser une trace de son existence à sa fille. Lui laisser une lettre pour la sauver du destin qui a été le sien. C’est un récit où chaque mot est pesé, chaque silence est lourd de sens. Une lecture qui ne laisse pas indemne, mais qui ouvre une fenêtre sur des réalités souvent invisibles.

Je n'aurai pas choisi spontanément ce roman très sombre sans les 68 Premières Fois. Le sujet difficile à aborder sans noirceur, sans une atmosphère oppressante, malgré un style poétique d'une intensité émotionnelle difficile à soutenir. 



jeudi 10 octobre 2024

CE QU'IL RESTE A FAIRE de Marie DE CHASSEY

 

CE QU'IL RESTE À FAIRE

Autrice : Marie DE CHASSEY

Aux Éditions ALMA

Sa fille aimerait aller à la mer. Se baigner, bientôt. Mais comment répondre à un si lointain, comment entendre ce désir, elle qui ne peut vivre qu’au jour le jour ? Et si Judith prenait froid ? Et si son état empirait ? Florence a toujours su ce qui était le mieux pour elle.

Elle lui fera couler un bain. Lui préparera son déjeuner préféré. S’accrochera à tout ce qu’il reste à faire, quand il n’y a plus rien à faire



Mon avis :

Marie de Chassey propose un roman profondément émouvant, décrivant l’accompagnement d’une mère, Florence, de sa fille Judith en phase terminale d’un cancer.

Le style descriptif de l'autrice, qui se concentre sur les actions et gestes de Florence, peut rendre la lecture éprouvante tout au long de ces 134 pages. La situation inéluctable que vivent les deux femmes, avec le soutien du corps médical, notamment Victor l’infirmier, qui aide Florence à lâcher prise, et la gestion de la douleur de Judith, ne laisse aucun répit aux émotions des personnages.

Ce premier roman, d’un réalisme saisissant, expose la brutalité de la maladie, les sentiments des protagonistes et le deuil. Il laisse une impression de vérité crue, rendant l’expérience de lecture à la fois immersive et douloureuse.

À la fin du chemin, chaque geste compte. Les petites choses du quotidien, les moments partagés donnent du sens même dans les circonstances les plus difficiles.

Le rôle d’aidant, à la fois beau et terrible, est capturé de manière frappante par le roman.

mercredi 25 septembre 2024

LE CLIENT MYSTÈRE de Mathieu LAUVERJAT


 CLIENT MYSTÈRE

Auteur : Mathieu LAUVERJAT

Aux Éditions SCRIBES

Alors qu’il pédale comme un dératé dans les rues de Lille pour livrer toujours plus de repas chauds, le narrateur de Client mystère est percuté par une voiture. S’il sort de l’accident sain et sauf (avec un bras mal en point), il se retrouve néanmoins « indisponibilisé » par les algorithmes de l’application pour laquelle il travaillait. Et donc, sans ressources.
C’est alors qu’il entend parler d’un métier curieux : les « clients mystères », des particuliers mandatés par les entreprises pour jouer aux clients afin d'évaluer les performances des employés à leur insu. Notre héros devient donc l’un de ces hommes invisibles à la solde du management contemporain.
Client mystère dépeint avec tension et vivacité le monde du travail au temps de l’ubérisation : dictature de l’algorithme, culte de l’efficacité, déshumanisation progressive des interactions sociales, consumérisme débridé… autant de thématiques explorées dans ce roman, récit d’un passage à l’ennemi – avec toutes les conséquences que cela peut entraîner.


Mon avis :

Totalement inattendu, ce roman est, me semble-t-il, un mixte entre roman et témoignage. L'histoire proposée par Mathieu Lauverjat saisie par son réalisme. Qui, après une expérience culinaire, n'a pas pris son portable pour noter l'établissement ? Saurait-on vivre sans au moins y penser ?

Le livreur de pizza devenu Client Mystère se prend totalement au jeu du challenge. Chaque jour, son shoot  d'adrénaline et les points à gratter sur la concurrence lui donnent une raison d'avancer. Jusqu'à l'accident. 

Ce roman ne m'a pas embarqué, trop de situations répétées pour me rendre sympathique ce personnage un peu cynique. Le narrateur, malgré son enthousiasme premier pour ce rôle encore plus anonyme que celui de livreur, se retrouve confronté à une réalité où l'efficacité et la rentabilité priment sur l'humain.

Ce monde où les individus ne sont que pions sur l'échiquier d'un système impitoyable, où la quête de la performance n'a de limite que celle de l'acceptabilité par le personnage de son anonymisation totale. 

Ce roman nous interroge sur les conditions de travail, la place de l'humain dans une société qui, à force d'automatisation isole toujours plus.

Le style de Mathieu Lauverjat est immersif, effréné, tendu, en reflet de la vie de son personnage. Le jargon managérial et les anglicismes soulignent la déshumanisation progressive du protagoniste. Les situations sont parfaitement décrites avec une précision quasi documentaire, rendant le récit instructif et probablement, pour ceux qui ont été sensibles, captivant.

Ce roman n'était pas fait pour moi. Néanmoins, il est extrêmement bien construit pour mettre en lumière les dérives de l'ubérisation. L'auteur nous offre une perspective unique sur la précarité, tout en mettant l'accent sur les défis et les absurdités de ce système. 

Je n'ai pourtant pas su le quitter avant l'épilogue. L'auteur maintient l'intérêt du lecteur dans l'attente de connaître les choix du protagoniste. 

 







mercredi 11 septembre 2024

LOIN DE LA FUREUR DU MONDE de Jérome CAMUT et Nathalie HUG

 

LOIN DE LA FUREUR DU MONDE

Auteurs : Jérôme CAMUT et Nathalie HUG
Aux Éditions Fleuve Noir

Il est la rumeur, et personne ne l`attrapera !
Massif des Pyrénées.
Alix vient d`être nommée policière municipale quand la disparition de son meilleur ami la pousse à s`aventurer seule dans la forêt primaire de la Mâchecombe. Une zone interdite qui jouit d`une sombre réputation. On raconte en effet que nombre de ceux qui s`y sont risqués n`en sont jamais revenus. Mais Alix ne craint pas la rumeur et, pour ceux qu`elle aime, elle braverait les pires dangers. Ce qu`elle ignore, c`est qu`elle s`apprête à entrer sur le territoire de John, un être sauvage et singulier qui manifeste une réelle hostilité envers les hommes...


Mon avis


Qu'y a-t-il de plus beau qu'une nature préservée ? La forêt primaire de Mâchecombe, est pourtant le théâtre de bien étranges phénomènes. 

Robert a décidé de s'installer dans ce petit village des Pyrénées, à l'écart du tumulte des villes, loin du bruit et de la pollution. Retrouvé une communauté de vie, une solidarité. Peu de criminalité pour ce policier municipal qui, après le drame de la disparition de sa femme a dû élever ses enfants seul. Où mieux qu'en ce village pyrénéen peut-on côtoyer des animaux, la nature.

Alix a choisi d'embrasser la même carrière afin de seconder son père, s'occuper de son petit frère, rester près de Christophe, son collègue et ami de toujours.

Cette forêt préservée pour le bien de tous est le théâtre de disparitions au fil des années. Cette fois, c'est Christophe qui ne revient pas d'une patrouille.

Jérôme Camut et Nathalie Hug offrent un thriller haletant sur fond d'écologie. Que fait-on pour préserver la nature, ceux que l'on aime ? Peut-on s'affranchir de la norme pour décider de vivre loin de la fureur du monde ?

Un petit écueil toutefois au récit selon moi, les dialogues au début de la rencontre entre La Rumeur et Alix. Le roman est cependant addictif. Impossible de ne pas s'attacher à Alix et John.

Les personnages sont développés, attachants. Le style est inimitable tant la symbiose des quatre mains est palpable. Le récit est haletant, les chapitres courts nous plongent dans l'attente insoutenable de ce qui va suivre pour les protagonistes. Les secrets enfouis et les manipulations des pères de familles dévoilés peu à peu maintiennent le lecteur en haleine jusqu'à l'épilogue.

Ce roman selon moi présente plusieurs niveaux de lecture : thriller à fort suspense avec des rebondissements multiples ; réflexion sur la nature humaine et la frontière entre l'humain et l'animal, les instincts primaires qui peuvent surgir dans les situations extrêmes ; une critique sociale de la société moderne, l'isolement, la solitude, la déconnexion avec la nature.

Ce roman nous incite à nous rappeler la célèbre citation de Albert Camus : "La vie est la somme de nos choix". 

Merci aux Éditions Fleuve Noir pour ce moment hors du temps.







samedi 7 septembre 2024

MADELAINE AVANT L'AUBE de Sandrine Collette

 

MADELAINE AVANT L'AUBE

Autrice Sandrine COLLETTE

Aux Editions JC Lattès

C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.

Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.

Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.

Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.


Mon avis :

Tout d'abord, ce qui a retenu mon attention, c'est la bouille de cette gamine crasseuse. Madelaine avant l'aube. Un prénom si doux, une promesse nouvelle, celle de l'aube.

Au village des montées, Ambre et Aelis les jumelles, la vieille Rose vont la recueillir. La période est rude, la famine accable la région, les récoltes sont mauvaises et les Ambroisies règnent durement sur leur terre. Le fils du seigneur est un être sans foi ni loi, ses crimes sont impunis, qu'il détruise des récoltes pour des plaisirs de chasse ou qu'il exerce un droit brutal de cuissage, aucune compassion n'émane de cet esprit dérangé.

La famine règne, le labeur est toujours plus dur, mais ils sont ensemble. Trois fermes, une famille créée et unie par la misère, la mort omniprésente. Il faut s'attendre à ce que les plus faibles ne survivent pas. 

Le Basilic sinue le long des Montées sans livrer suffisamment d'eau pour nourrir les récoltes. C'est la famine. La mort n'est pas douce. Je me suis demandée si l'autrice avait choisi le nom du cours d'eau en analogie avec le serpent dont le regard est mortel -selon la mythologie-, comme le regard de Madelaine porte rage, haine puissante qui mèneront au chaos.

L'écriture de Sandrine Collette touche juste, entre poésie et dureté, pour raconter la force de cette gamine qui refuse la fatalité et l'injustice. La rage que Madelaine porte en elle, dans ce monde régenté par des prérogatives d'un autre âge, va bouleverser l'ordre établi.

L'autrice nous offre avec “Madelaine avant l’aube” un récit poignant, sombre, sans rémission qui nous transporte dans les terres du Morvan à une époque impitoyable. Elle dépeint, avec une poésie ciselée et une intensité de récit qui vous maintient en apnée, la vie des fermiers opprimés par des seigneurs qui considèrent le fruit de leurs efforts comme leur dû.

Dans une époque brutale, où les femmes sont réduites à l’état de biens, Madelaine émerge comme une fille bouillonnante de détermination, son prénom doux contraste avec la rage qui l’habite. Une rage viscérale née de l’injustice, de la souffrance qu'elle n'a eu d'autre choix que de combattre d'instinct avec force.

Le contraste entre l'innocence de la fillette Madelaine et la cruauté du monde qui l'entoure est particulièrement marquant.

Un récit d'une beauté crépusculaire, tragique.








mercredi 4 septembre 2024

LES ÂMES FRAGMENTÉES de Charlotte MONSARRAT


 LES ÂMES FRAGMENTÉES

Autrice : CHARLOTTE MONSARRAT

Aux Éditions Anne CARRIÉRE

Dans un futur proche, les tournages de cinéma, trop polluants, ont été interdits. À la place, un procédé permet d’extraire les souvenirs de personnes décédées pour les monter en films éphémères qui durent le temps que la mémoire s’efface.
Veronica, réalisatrice de filmémoires en panne d’inspiration, est condamnée à restaurer ses anciens succès pour gagner sa croûte. En dérushant les souvenirs d’un trafiquant de mémoires, elle découvre qu’elle a eu avec lui une relation amoureuse dont elle ne se souvient pas.
Aidée par sa compagne et sa mère, Veronica mène une enquête intime sur les traces de son passé. Pour retrouver son identité, elle doit recoller les morceaux de son âme fragmentée.


MON AVIS :


Charlotte Monsarrat nous propose un roman passionnant dans lequel on découvre que dans un futur proche où les tournages de cinéma sont interdits en raison de leur impact environnemental, une nouvelle technologie permet de créer des films à partir des souvenirs des personnes décédées. Ces films, appelés “filmémoires”, sont éphémères. Ils disparaissent avec le temps. 

Véronica, réalisatrice, est confrontée à la page blanche lorsqu’elle commence à travailler sur les souvenirs de Joachim Beckett, criminel, inventeur de l'extraction mémoriel, trafiquant de mémoires, décédé. Elle découvre avec stupeur qu’elle apparaît dans ses souvenirs, bien qu’elle n’en ait elle-même aucun souvenir. Aidée par sa compagne et sa mère, Elle se lance dans une enquête personnelle pour reconstituer son passé, comprendre ce qui lui est arrivé.

Il faut se laisser embarquer dans cet excellent roman d'anticipation, subtil, aux descriptions détaillées, aux dialogues percutants. Charlotte Monsarrat parvient à créer une atmosphère plombée, pas si futuriste lorsque l'on sait que déjà, il est possible de laisser une trace sur sa pierre tombale par le truchement d'un QR Code. Les prestations lucratives sont déjà présentes alors pourquoi pas les "filmémoires" ?

Les nombreux rebondissements de l'intrigue, construite de manière à maintenir un suspense tendu jusqu'à l'épilogue, captivent totalement.
La mémoire est fragile, les souvenirs volatils, l'autrice nous confronte aux thèmes de l'identité, de la quête de soi et des traumatismes que le cerveau enfouit profondément parfois. 

Charlotte Monsarrat dans ce premier roman nous donne à réfléchir sur les dérives d'une société qui sous couvert de progrès, technologique ou environnemental, offre des produits mercantiles pour améliorer le futur du plus grand nombre. L'extraction mémorielle est-elle réellement un progrès ? Nos souvenirs ne font-ils pas concrètement partie de notre identité ?

Véronica enquête pour enfin toucher du doigt les blancs dans son histoire et se remémorer de biens encombrants souvenirs qui bouleversent sa vie. Peut-on tronquer la mémoire de quelqu'un ? Avec quelles conséquences ? c'est un questionnement que ces nouvelles offres qu'une société consumériste nous soumet.

Merci aux 68premièresfois pour ce roman écrit, à la façon d'un épisode de "Black Mirror" pour nous donner à réfléchir, qui laissera une empreinte durable dans ma mémoire.  


mercredi 28 août 2024

TOUT CE QUI EST SUR TERRE DOIT PÉRIR - LA DERNIÈRE LICORNE de MICHEL BUSSI

TOUT CE QUI EST SUR TERRE DOIT PÉRIR
LA DERNIÈRE LICORNE

Auteur : Michel BUSSI
Aux Editions Pocket

Une masse sombre, inexpliquée, prise dans les glaces millénaires du mont Ararat.
Un livre interdit, gardé sous clé dans l’enfer du Vatican.
Un animal de bois, énigmatique, portant au front une corne unique.
Les indices sont là, éparpillés. Un gigantesque puzzle à reconstituer pour remonter à l’origine de toutes les religions du monde.
De Bordeaux à Hong Kong, en passant par l’Arménie, Zak Ikabi n’a qu’une obsession : en réunir toutes les pièces. Et trouver ainsi l’arche de Noé.
Embarquée malgré elle dans sa quête, la glaciologue Cécile Serval, aussi érudite que volcanique, se voit bientôt confrontée à un véritable déluge de questions. Et de balles de kalachnikovs…
Car pour garder ce secret, certains sont prêts à tous les sacrifices….
Un thriller ambitieux au rythme effréné. Une intrigue historique diaboliquement séduisante qui embarque le lecteur dans une course folle, de Bordeaux à Erevan en passant par le Vatican et Hong Kong, à la poursuite d'un secret qui n'est rien de moins que celui de l'humanité tout entière.
Tout ce qui est sur Terre doit périr a précédemment paru sous le titre La Dernière Licorne, sous le pseudonyme de Tobby Rolland.



Mon avis :


Il n'est pas rare que Michel Bussi flirte avec la science-fiction, le suspense. Il s'agit pourtant bien d'un thriller même si, à la lecture du titre et du pitch on pourrait s'y tromper, car il se joue des frontières entre fiction et réalité.

Cela enrichit l'histoire, offre une expérience de lecture immersive et mène l'auteur à nous conter les tribulations d'un Zak Ikabi, plus rocambolesques les unes que les autres, dans un rythme effréné. 

Difficile de définir ce roman : une pointe de Da Vinci Code, Michel Bussi y tisse une intrigue complexe autour de mystères historiques et religieux. La quête vertigineuse qu'il impose à son personnage le mène de Bordeaux à Hong Kong, du Vatican à l'Arménie. Le mont Ararat devient le centre névralgique de l'intrigue.

Il y a de l'Indiana Jones en Zak Ikabi, son Graal est la licorne.

L'auteur nous offre un récit épique qui mêle action, éléments de mystères, révélations surprenantes et nombreux rebondissements qui maintiennent un suspense et une tension narrative constante. L'écriture est fluide, rythmée qui captive jusqu'à l'épilogue.

L'histoire est originale, palpitante, l'auteur a une capacité à maintenir le lecteur en tension qui ne se dément pas.






lundi 26 août 2024

NORTHANGER ABBEY de Jane Austen

 



NORTHANGER ABBEY

Autrice Jane AUSTEN

Aux Editions de Poche

Par sa gaucherie, ses rêveries naïves et son engouement pour les vieux châteaux, Catherine Morland semble loin des modèles de vertu. Mais si cette jeune Bovary délicatement british n'a rien d'une héroïne, c'est que Jane Austen s'amuse ! Et nous emporte, d'une plume malicieuse, d'un bout à l'autre du plus moderne des romans austeniens.





Mon avis :

Dans Northanger Abbey, Jane Austen nous conte la vie devenue aventureuse de la jeune Catherine Morland, héroïne naïve et passionnée de romans gothiques, qui découvre les réalités de la société anglaise du début du XIXe siècle. l'autrice, avec son style inimitable, nous offre une critique subtile des conventions sociales et des illusions romantiques, tout en nous faisant sourire par son humour mordant.

Catherine, invitée à séjourner dans l’abbaye de Northanger, s’imagine vivre des aventures dignes de ses lectures préférées, mais se heurte rapidement à la banalité et aux intrigues bien réelles de son entourage.

Le charme de ce roman réside dans la manière dont l'autrice nous donne à voir une galerie de portraits bien dessinés, dans une société aussi divertissante qu’instructive sur les rites de l'époque. Henry Tilney, avec son esprit vif et son affection sincère pour Catherine, se distingue comme un héros atypique, loin des stéréotypes romantiques. Quant à Catherine, son évolution de jeune fille impressionnable à femme plus avisée est décrite avec une tendresse et une acuité psychologique remarquables.

En somme, Northanger Abbey est une œuvre qui, sous des dehors légers et divertissants, propose une réflexion bien plus profonde qu'il n'y paraît sur la nature de la fiction et la réalité. Austen nous rappelle que les apparences peuvent être trompeuses et que la véritable aventure réside souvent dans la découverte de soi et des autres. 

Ce roman est certainement atypique dans le fait que Jane Austen dialogue avec ses lecteurs tout le courant du roman.

Un roman à savourer pour son humour, sa finesse et sa pertinence intemporelle.

LE TIGRE ET LES PILLEURS DE DIEU de Philippe Grandcoing


 LE TIGRE ET LES PILLEURS DE DIEU

Auteur Philippe Grandcoing

Aux Éditions DE BORÉE

Le Tigre et les pilleurs de Dieu.
La première enquête de l'antiquaire Hippolyte Salvignac.
Paris, automne 1906 : la France se remet à peine de l'ouragan de l'affaire Dreyfus. La séparation de l'Église et de l'État est dans tous les esprits...
Hippolyte Salvignac, modeste antiquaire parisien d'une quarantaine d'années, est recruté par Georges Clemenceau pour aider la police à pourchasser des trafiquants d'oeuvres d'art. Ces derniers pillent les trésors qui sommeillent dans les églises de campagne...
Flanqué de l'inspecteur Jules Lerouet, bâtard au grand coeur, Salvignac découvre les méandres d'une situation explosive : luttes politiques, tensions diplomatiques, conflits religieux et trafics internationaux. Au fil de son enquête, il sillonnera l'Europe de la Belle Époque, de son Quercy natal à Londres en passant par les stations thermales d'Auvergne et la banlieue parisienne.


Mon avis : 

Philippe Grandcoing nous plonge dans le Paris de la Belle Époque, où l’antiquaire Hippolyte Salvignac se retrouve embarqué dans une enquête palpitante. 
En automne 1906, la France se remet à peine de l’affaire Dreyfus, la séparation de l’Église et de l’État est au cœur des débats. 

Hippolyte Salvignac
, un antiquaire parisien d’une quarantaine d’années, est recruté par Georges Clemenceau pour aider la police à traquer des trafiquants d’œuvres d’art, en toute discrétion.
 Salvignac doit traquer des trafiquants d’œuvres d’art qui pillent les trésors des églises de campagne.

L’auteur réussit à recréer l’atmosphère de l’époque avec une précision historique intéressante, mêlant habilement fiction et réalité. Il fait d'Hippolyte Salvignac, un amoureux passionné, entouré de femmes férues d'art comme lui.

Le duo formé par Salvignac et l’inspecteur Jules Lerouet donne de la force, une dynamique au roman, leur relation à la fois complémentaire et conflictuelle, apporte une profondeur supplémentaire à l’intrigue.

L'auteur rend ses personnages à la fois attachants et crédibles. Les rebondissements sont nombreux, le récit nous tient en haleine, révélant peu à peu les dessous d’un monde où l’art et le pouvoir se côtoient dangereusement.

“Le Tigre et les pilleurs de Dieu” est une plongée dans une époque de transition, où les premières automobiles côtoient encore les voitures à chevaux, et où les lampes à pétrole commencent à céder la place à l’électricité.

Philippe Grandcoing nous offre une fresque historique captivante, où chaque détail est soigneusement pesé, où l’intrigue policière se déploie avec une grande maîtrise du sujet, de l'époque et du suspense.

Merci aux éditions De Borée pour cette découverte.

CE QUE JE SAIS DE TOI d'Éric CHACOUR

 

CE QUE JE SAIS DE TOI

Auteur ÉRIC CHACOUR

Aux Éditions Philippe REY

Dans le Caire des années 1980, un jeune médecin suit un destin tracé pour lui. Entre son dispensaire et le prestigieux cabinet hérité de son père, Tarek n’a que peu de place pour se poser des questions. Mais la rencontre d’un être que tout semble éloigner de lui ébranlera son mariage, sa carrière et ses certitudes, ne lui laissant plus d’autre choix que l’exil.
De la communauté levantine d’Égypte aux hivers montréalais, du règne de Nasser jusqu’à l’aube des années 2000, Tarek fuit, erre, et se souvient. Mais sait-il qu’à plusieurs milliers de kilomètres, quelqu’un raccommode les lambeaux de son histoire et tente de remonter, chapitre après chapitre, le cours de sa vie ?
Récit d’une absence et d’une réconciliation, Ce que je sais de toi brosse avec délicatesse, humour et sensibilité le portrait d’un clan déchiré et d’une société en pleine transformation. Ce premier roman d’Éric Chacour révèle un auteur à la langue ciselée, à l’esprit lumineux, habité par une compréhension profonde de la nature humaine. Un livre qui embaume l’ail, l’anis et les secrets de famille.


Mon avis :

Éric Chacour nous raconte l'histoire de Tarek, dans l'Égypte des années 80, Effervescente, pleine de sensations olfactives au cœur d'une communauté Levantine, chrétienne et francophile.

Héritier d’une tradition familiale, il se retrouve rapidement confronté aux réalités d’une société en pleine mutation, qui ne permet pas d'aimer contre les conventions. Sa rencontre avec Ali, un jeune homme issu d’un quartier défavorisé, bouleverse son existence, remet en question ses certitudes.

Tarek s'est marié avec son amour de jeunesse mais son cœur ne bat plus à l'unisson de celui de son épouse depuis cette rencontre. Cet amour est réprouvé par la société, met en péril sa place dans la communauté, il tente de le combattre sans y parvenir. L’exil à Montréal s’impose comme une nécessité, une fuite en avant pour échapper à un environnement oppressant, trouver un espace de liberté pour se bâtir un avenir loin du jugement de sa famille et de la société.

Au Québec, Tarek tente de trouver sa place, mais les fantômes du passé le hantent. Entre la nostalgie de son pays natal et la quête d’une nouvelle identité, il navigue dans un océan de doutes et de remises en question.
“Ce que je sais de toi” est un récit poignant sur l’amour, l’exil et la quête de soi, où chaque page résonne comme une allusion au Roméo et Juliette de Shakespeare : un contexte culturel et social qui les condamne Ali et lui à un sacrifice insurmontable. 

Le narrateur sera-t-il la rédemption de Tarek ?

L'auteur nous offre un récit bouleversant.

J'ai aimé le style poétique, la vivacité du récit, les descriptions et la force donné aux personnages. Merci aux 68 premières fois pour cette belle découverte.




mardi 23 juillet 2024

BRÛLEZ TOUT de HENRI GUYONNET

 

BRÛLEZ TOUT

Auteur Henri GUYONNET

Aux Editions ANNE CARRIÈRE

Fin du 19e siècle. Depuis 20 ans, le silence d’Arthur Rimbaud interroge le Paris artistique. Rodolphe Darzens, jeune pigiste aventureux, se voit confier l’enquête de sa disparition.
Le journaliste infiltre le milieu littéraire d’avant-garde et part à vélo sur la route des Ardennes pour retrouver la trace du poète. Il découvre chez l’un de ses anciens amis vingt-deux poèmes autographes inédits, et décide de les publier dans un recueil intitulé Le Reliquaire. Darzens s’attire les foudres de Verlaine, seul protecteur des œuvres de Rimbaud.

Pendant ce temps, Arthur Rimbaud est rentré d’Abyssinie, malade et amputé. Il séjourne à Roche, dans la ferme familiale et questionne sa vie, ses amours, sa quête spirituelle et poétique.

Dans un chassé-croisé haletant, Brûlez tout ! mêle la traque du journaliste à la poésie prophétique de « l’homme aux semelles de vent »


Mon avis


"Le dormeur du val" réminiscence de l'enfance, voilà ce qu'il me reste du poète Arthur Rimbaud. Il est probable que sans ce jeune journaliste, Rodolphe Darzens, aucun professeur n'aurait proposé cette poésie à sa classe.
 
Henri Guyonnet met en lumière du jeune pigiste émigré russe, Rodolphe Darzens, qui à la suite d'un duel qui le laisse vivant, mais l'oblige à s'éloigner de la rédaction du Gaulois, pour une plongée dans le Parnasse de la fin de siècle à la rencontre de Verlaine d'abord. Puis à la recherche éperdue d'un Arthur Rimbaud insaisissable.

Cette fiction romanesque nous permet de découvrir la poésie du jeune Rimbaud, 17 ans lorsqu'il rencontre Verlaine. Rebelle, épris de liberté et de grands espaces.
Arthur Rimbaud ne tient pas en place, il quitte Verlaine pour l'Abyssinie.

De retour à Roche, la maison de Charleville, toujours occupée par sa mère et sa sœur, en piteux état, amputé d'une jambe, fiévreux, revenu pour être soigné mais incapable de se sentir bien dans cette maison familiale chargée de souvenirs, il se cache. Lorsque Rodolphe débarque de Paris, il est refoulé illico. 

Rodolphe est un cycliste chevronné et un pigiste têtu. Il veut absolument retrouver Rimbaud pour obtenir son assentiment pour la publication des écrits qu'il a récupéré auprès de la fille d'un éditeur qui l'a hébergé des années plus tôt.  Même s'il est conscient que Rimbaud a demandé à cet ami éditeur de "Brûlez tout !", il ne veut pas se résoudre à voir sa poésie disparaître à jamais.

L'auteur rythme le roman de citations, extraits de poèmes, donne envie de savoir qui est vraiment Rimbaud. Un vagabond insolent ? Un négociant émérite d'Abyssinie ? Un poète épris d'absolu et de Verlaine ?

Ce roman vous happe, vous ballotte au gré des avancées de l'enquête d'un Rodolphe Darzens opiniâtre et passionné désormais animé par par le besoin de faire publier son "Reliquaire", recueil des inédits d'Arthur Rimbaud.

Henri Guyonnet vous donne à entrevoir l'amour passionnel entre Verlaine et Rimbaud, vous fait découvrir le Paris fin de siècle avec ses inventions révolutionnaires comme "la petite reine". C'est passionnant, romanesque et cruel, mais surtout cela vous donne l'envie d'aller vous poser dans un coin de verdure pour relire Rimbaud et son "dormeur du val".

Un très joli moment de lecture. Merci aux 68premièresfois pour cette belle découverte.








mardi 9 juillet 2024

LES ORPHELINS DE LÔWENGOLD : L'INITIATION de Stéphane NANCOZ

 

LES ORPHELINS DE LÔWENGOLD

De Stéphane Nançoz

Aux JLB Editons

Douze seront appelés !
Dans un orphelinat parisien, plusieurs enfants disparaissent après avoir été témoins d’une cérémonie mystérieuse et fascinante. Élevés à l’écart du Monde par une Guilde secrète chargée de protéger l’humanité depuis des millénaires, ils apprennent l’art de dominer leurs pouvoirs de maîtres du feu, de l’air ou de l’eau. Les défavorisés de l’orphelinat sont appelés à devenir de puissants Protecteurs.
Mais dans le sanctuaire sacré, le parcours initiatique des jeunes sentinelles est bouleversé par une faille maléfique. Un enchaînement insoupçonnable d’évènements contraires oblige les Anciens à transgresser les règles immuables de la formation de leurs successeurs, au risque de modifier l’équilibre de l’univers. La précipitation et le chaos s’emparent de Löwengold, et du haut de leurs quinze ans, Nicolas et ses amis se retrouvent seuls pour empêcher le retour des démons du Pandémonium !


Mon avis : 


Je lis rarement de la Fantasy pourtant ce roman m'a intrigué dès les premières pages. Notre-Dame, douze enfants orphelins, des éducateurs pas comme les autres. On se laisse convaincre par la plume de l'auteur, l'aventure est au rendez-vous.

Une église, une statue, quelques mots et le tour est joué, Nicolas, Enzo, Roxanne, Jean-Louis et leurs compagnons sont choisis. Un séjour dans un château invisible aux profanes (à la Harry Potter), une guilde protectrice à convaincre. Deux longues années pour ne serait-ce qu'appréhender leur pouvoir naturel, que Léonard Grandsir et quelques précepteurs eux-mêmes choisis une génération plus tôt, vont s'évertuer à leur enseigner la maîtrise de leurs arts respectifs. De l'eau, à l'air, du feu...

Même si l'auteur capte son lecteur, le récit aurait pu être allégé de quelques pages. L'intrigue est maîtrisée, le suspense bien présent, ce qui embarque jusqu'à l'épilogue. Les personnages sont intéressants mais l'auteur laisse le lecteur s'en emparer selon son imagination en ne les détaillant pas excessivement.

Difficile toutefois de classifier ce roman, les personnages vivent l'aventure de la guilde de 10 à 15 ans, mais à qui l'auteur a-t-il dédié sa fiction ? Le vocabulaire employé parfois par les enfants n'est pas toujours en phase avec leur âge dans le récit. Est-ce une quête du bien contre le mal sans trait d'union avec la religion, néanmoins les protecteurs sont moines...

Il vous faudra vous laisser embarquer, comme moi, pour connaître l'épilogue de ce premier volet. Je me laisserai volontiers tenter par la lecture d'un second opus de cette saga. Je remercie Babelio pour ce voyage initiatique !



mardi 18 juin 2024

LES VOLEURS D'INNOCENCE de Sarai WALKER

 

LES VOLEURS D'INNOCENCE 

Autrice : Sarai WALKER

Il était une fois dans les années 1950 six jeunes filles aux doux prénoms de fleurs – Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris et Hazel – qui vivaient avec leurs parents dans l’opulence d’une grande bâtisse victorienne. Mais ceci n’est pas un conte de fée : c’est l’histoire de la malédiction des sœurs Chapel.
Tout commence pourtant bien : par une noce. Mais à peine est-elle mariée, que la sœur aînée meurt mystérieusement, laissant sa famille en état de choc. Puis la deuxième connaît le même sort. Quel malheur pèse sur les Chapel ? Belinda, la mère à l’esprit torturé, hantée par les fantômes, semble pouvoir prédire leur funeste destin. Mais peut-on se fier à ce qui sort de son cerveau embrumé ? Quant à Iris, la cadette, elle est bien décidée à survivre. Quitte à devoir faire un bien sombre choix.
Roman aux accents gothiques, Les Voleurs d’innocence est l’histoire poignante de jeunes femmes déterminées à échapper à leur destin.


Mon avis :

Une maison bourgeoise en forme de gâteau de mariage. Un couple, six filles prénommées Aster, Rosalind, Daphné, Calla, Hazel dites Zélie et Iris.

Les filles ont leur aile dans la maison. Monsieur Chapel, lui, s'adonne à un business qui peine un peu au début des années 50, après les années fastes de la guerre. Il fabrique et vend des armes à feu.

Belinda, la mère, ne sort que pour se rendre au jardin. Elle déteste son époux. Elle est totalement habitée par une peur transmise par les femmes de la famille qui l'ont précédé. Elle met en garde ses filles contre la malédiction Chapel. Elles mourront, si elles se marient.

Les fantômes de Belinda et d'Iris symbolisent-ils les hommes qui en les épousant les aspirent, les obligent à s'oublier pour fonder un foyer au centre duquel ils s'épanouiraient sinon pourquoi prendre épouse. Monsieur Chapel a rappelé à Belinda quel était son devoir, qu'elle le veuille ou non. Six filles en ont été conçues.

Ce roman d'ambiance, allégorique, est addictif parce qu'il plonge le lecteur dans le noir destin de ces femmes que l'on pourrait envier, confortablement installées dans des maisons bourgeoises, aidées d'une domesticité, mais sans plus d'importance qu'un meuble que l'on remise s'il dérange.

Sarai Walker nous propose une vision de la vie des femmes dans les années 50, sans outrance envers les hommes, avec délicatesse, soulignant simplement les renoncements qu'ils imposent aux femmes : études, aspirations artistiques. Tout ce qui constitue une individualité leur est nié au profit du foyer, du réconfort qu'elles doivent apporter à leur époux. 

Une atmosphère sombre et mystérieuse, une écriture digne des grandes autrices de Jane Austen à Daphné du Maurier, un roman délicatement féministe et engagé que l'on peut lire comme tel, ou choisir de n'en voir que l'aspect roman à suspense, selon son inspiration.