mercredi 29 octobre 2025

CHRONIQUE DE LA MARIÉE DE LA FOSSE de Mélodie MILLER


 LA MARIÉE DE LA FOSSE

Autrice : Mélodie Miller

Auto Édition

Thriller psychologique
Et si les monstres se terraient dans les vieilles pierres ?
Tonnerre, Bourgogne - 1993
Le corps sans vie d’Agnès, 13 ans, est retrouvé dans les eaux glacées de la mystérieuse fosse Dionne. Après enquête, la justice conclut à un tragique accident. Dossier classé.
Tonnerre - 2025
Un randonneur découvre une femme noyée dans la fosse Dionne. Personne ne semble la connaître. Pas de papiers. Juste une robe de mariée flottant dans l’eau.
Et le même voile blanc porté par Agnès, trente ans plus tôt.
Simple coïncidence, mise en scène macabre ?
Dans ce huis clos à ciel ouvert, les soupçons rampent comme du lierre sur la pierre.
Et si chacun avait quelque chose à cacher ? Et si tout le monde mentait ?
Entre secrets étouffés, mémoire noyée et vérités troubles, les questions se bousculent :
Qui a tué Agnès ? Qui est cette nouvelle mariée de la fosse ?
Et si, au fond, la fosse était vraiment maudite ?
La mariée de la fosse est un polar glaçant, inspiré de faits réels.
« Un suspense haletant entre mémoire enfouie, poids des non-dits et drames sociétaux. »
« Mélodie Miller aime faire frissonner ses lecteurs avec des histoires où le passé empoisonne le présent, où les secrets deviennent des armes. Après Nuit et Le Serment, elle revient avec un roman époustouflant à la croisée du true crime et du thriller sociétal. »

Mon avis :

Ce roman est né d’une rencontre : celle entre l’émeraude sertie de pierres de la Fosse Dionne et l’autrice. Une rencontre que j’ai faite moi aussi, dans le même état de sidération, devant ce décor ensorceleur où l’eau mystérieuse semble veiller au creux de la ville de Tonnerre depuis des siècles.

Dans ce thriller psychologique, point de détails gore, mais une montée en puissance d’un suspense aussi élégamment déployé qu’un motif de dentelle de Calais. Le va-et-vient entre passé et présent nous fait découvrir les personnages au fil des pages, nous entraîne dans des pistes crédibles qu’il faut abandonner dès le chapitre suivant.

Le roman repose sur une double temporalité : deux meurtres, à trente ans d’écart, dans le même lieu, avec la même mise en scène. Une adolescente en 1993, une femme en 2024. Toutes deux retrouvées noyées dans la fosse Dionne, vêtues d’une robe de mariée. Le passé ressurgit, et avec lui les secrets enfouis.

Le personnage d’Anna Blanchard m’a particulièrement touchée. Jeune stagiaire devenue rédactrice en chef, une rareté en presse quotidienne régionale. Les éléments de décor du journal local m’ont fait sourire : il y a longtemps que les rédactions ne sentent plus le tabac froid et la sueur. Ce ne serait plus politiquement correct. Aujourd’hui, des acronymes comme HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) ont remplacé ces vieux souvenirs.

Face à elle, Julien, gendarme impliqué, tenace. Ensemble, ils forment un duo d’enquêteurs atypique mais complémentaire, chacun apportant son regard sur les faits, ses intuitions, ses failles. Anna fouille les archives, le gendarme interroge les vivants. Tous deux cherchent à faire parler les silences.

Entre Agnès et Camille, quel psychopathe, tristement familier dans l’histoire du département de l’Yonne, a pu croiser la route de ces jeunes filles ?
Innocentes ? Peut-être pas tout à fait.

Plus qu’un thriller, Mélodie Miller nous invite à réfléchir sur des thèmes de société omniprésents dans l’actualité : le harcèlement, l’emprise, l’accompagnement des vétérans au retour de théâtres de guerre.
Le silence.

Un silence assourdissant, prétexte à un sort funeste pour celles et ceux qui voudraient le briser.

Dans ce récit haletant, l’autrice nous embarque dans une folie meurtrière qui ne prend pas sa source dans l’eau vivace de la Fosse, mais dans les méandres de la construction de quelques jeunes gens privés de l’essentiel : de l’intérêt et de l’amour.

Ce n'est pas la fosse qui est maudite. Ce sont les secrets qui s'y cachent.

Ce roman est un accrolivre, impossible à lâcher avant l'épilogue.



mardi 14 octobre 2025

CHRONIQUE DE LES VÉRITÉS PARALLÈLES de MARIE MANGEZ

 

LES VÉRITÉS PARALLÈLES

Autrice : MARIE MANGEZ
Aux Éditions : FINITUDE

Depuis tout petit, Arnaud rêve de devenir grand reporter. Devenu le journaliste-vedette d'un hebdomadaire de renom, il reçoit le prestigieux prix Albert Londres pour ses reportages passionnants. Prenant ses distances avec la déontologie, il joue avec le réel et l'imaginaire, mais lorsque ses collègues s'interrogent, Arnaud voit sa carrière et sa famille menacés par un scandale inévitable.




Mon avis

« Les vérités parallèles – Marie Mangez : chronique d’un imposteur sincère entre solitude et fiction »

Et si l’imposture d’Arnaud Daguerre n’était pas un mensonge, mais une tentative désespérée de combler une enfance sans tendresse ? Dans Les vérités parallèles, Marie Mangez explore les failles d’un homme que ses parents ont élevé comme on coche une case, sans chaleur ni regard. Arnaud n’a pas été désiré pour lui-même, mais pour répondre à une norme sociale, celle de transmettre. Très jeune, il se réfugie dans les récits journalistiques, ces mondes d’aventures qui lui permettent de rêver une vie plus vibrante que la sienne. Ce n’est pas l’ambition qui le pousse, mais le besoin de plaire, de se sentir exister dans les yeux des autres — mentor, lecteurs, épouse.

Le roman nous plonge dans la tête d’un imposteur sincère, rongé par l’angoisse de la performance et la peur d’être démasqué. Arnaud invente, enjolive, brode avec quelques lambeaux de réel. Il ne cherche pas à tromper, mais à répondre à une attente. 

« Il ne peut pas savourer le pouvoir de ses mots, céder — parfois — à la douce griserie de savoir les personnages exister dans l’esprit de quelques milliers de lecteurs, de savoir que pour ces lecteurs, la matière qui jaillit de sa tête devient réalité. » Marie Mangez, Les vérités parallèles

Abandonné par ceux qui lui ont offert cette vie comme un palliatif à une solitude infinie, Arnaud Daguerre se retrouve face à lui-même, sans filet. Rudy, son Jiminy Cricket sombre, ne le quitte jamais vraiment, lui rappelant son funambulisme permanent, cette marche sur le fil entre fiction et vérité.

Mais au fond, Arnaud est désespérément seul. Il n’a pas choisi la violence pour échapper à la honte, comme d’autres imposteurs tragiques. Il n’a pas tué, il a simplement chuté. Et dans ce miroir brisé qu’est devenu sa vie, que restera-t-il de lui ? Peut-être cette sincérité paradoxale, cette fragilité bouleversante, et ce besoin d’amour jamais comblé, qui font de ce roman aussi troublant que profondément humain.

Ce qui frappe aussi dans ce récit d'une chute annoncée, c’est le silence assourdissant de tous ceux qui auraient pu voir les failles. Les journalistes sont censés être « rattrapés par la patrouille », le droit de réponse existe pour pointer les zones d’ombre. Pourtant, durant des années, aucune association, aucun lecteur, aucun collègue n’a mis le doigt sur les incohérences des articles si bien ficelés du bel Arnaud Daguerre. Comment expliquer cet aveuglement ? La crédibilité construite par le talent, la reconnaissance d’un prix prestigieux et, sans doute la logique économique des ventes ont anesthésié la vigilance. Et lorsque la vérité éclate, le journal préfère jeter Arnaud en pâture à la vindicte publique plutôt que d’assumer sa part de responsabilité. Une mécanique implacable, où l’homme devient le bouc émissaire d’un système qu’il a longtemps servi.

vendredi 3 octobre 2025

Chronique de UNE SALAMANDRE A L'OREILLE de Fabrice Capizzano

 

UNE SALAMANDRE A L'OREILLE

Auteur : Fabrice CAPPIZANO

Aux Editions Au Diable Vauvert

Ancien auteur en rupture avec l’écriture, apiculteur père de trois enfants, flanqué de son grand ami Robert, un tonton flingueur foutraque et haut en couleur, Samuel Page survit depuis la mort de sa femme, son grand amour, entre ses ruchers, l’éducation chaotique de ses trois enfants et la culpabilité.
Partagé entre le passé qui le ramène inlassablement à la tragédie et le présent qui le dépasse, incapable du deuil, c’est dans la compagnie de ses abeilles et au rythme de la nature qu’il trouve la paix et cherche à se reconstruire. Mais l’arrivée d’une stagiaire pleine d’impatience de vivre vient chambouler sa désespérance et raviver les blessures.


Mon avis

Samuel est un homme en ruine, brisé par le chagrin. Depuis la mort de Diane, son épouse, il se réfugie dans ses ruches comme on se terre dans un terrier. Il parle aux abeilles, leur prodigue des soins, leur confie ce qu’il ne peut dire à ses enfants. Ces derniers, eux, poussent comme des plantes : nourris d’amour mais livrés à eux-mêmes, ils grandissent en liberté, parfois en friche.

L’arrivée de Billie, stagiaire volcanique, n’est pas un choix mais une nécessité. Sans Robert, son ami de toujours, Samuel ne peut assurer seul la transhumance. Billie est efficace, intuitive avec les abeilles, et cela le pique. Il jalouse sa facilité, son enthousiasme, son bavardage incessant qui l’épuise. Elle l’agace autant qu’elle l’aide. Elle est là, et il doit faire avec.

Samuel voudrait ne vivre que pour ses abeilles et ses enfants, qu’il aime plus que tout. Mais le drame qui les a privés de leur mère le ramène sans cesse à sa culpabilité : celle de n’avoir rien vu, rien empêché. Diane était son tuteur, son socle. Elle portait leur quotidien pour qu’il puisse écrire. Mais l’écriture s’est tarie, engloutie par le miel, par les gestes, par le silence.

Et puis, il y a Zoïa. Une salamandre. Un NAC improbable, presque absurde, qu’il adopte comme on s’accroche à une bouée. Zoïa devient le miroir muet de sa douleur, de son besoin de mettre des mots sur ce qu’il n’a pas su dire. Elle est là, posée sur son épaule, comme un souffle, une présence, une oreille.

Le roman m’a paru ralenti, englué parfois dans les descriptions, dans l’omniprésence des abeilles. Mais au fil des pages, quelque chose se fissure. Une vérité crue surgit, une lumière inattendue. Le titre, étrange au départ, prend tout son sens à l’acmé du roman. Zoïa n’est pas qu’un animal : elle est le symbole d’un basculement, d’un réveil, d’un retour à soi.

Cette écriture m’a profondément déconcertée. Jusqu’à l’acmé du roman, on se perd dans la douleur du deuil que Samuel essaime au fil des pages, comme un pollen invisible. Il y a une maîtrise indéniable du dialogue, une tension sourde, et cette quête de rédemption qui prend une forme inattendue : une salamandre sur l’épaule, comme un talisman muet. Ce roman ne se livre pas facilement, mais il finit par révéler une vérité brute, presque organique : cette salamandre à l'oreille d'une femme qui n'est plue.



mardi 23 septembre 2025

Chronique EN ÎLE de KARINE PARQUET


 EN ÎLE

Autrice Karine Parquet

Aux Éditions de Borée

La rencontre bouleversante de deux êtres
prisonniers de leur destin
1934. Belle-Île-en-Mer.
Ida est contremaîtresse dans une conserverie.
Erik est détenu dans la colonie pénitentiaire pour mineurs de l’île.
Tous deux enfermés.
Tous deux victimes de violences.
Tous deux résignés.
Jusqu’à cette nuit d’août qui fera voler en éclats un destin qui semblait, pour l’un et l’autre, déjà tracé.


Mon avis

Ce roman est aussi fascinant que le déchaînement de la mer au cœur des grandes marées. Belle-Île-en-Mer : le bonheur de voir des gamins courir sur la plage sous l’œil vigilant des moniteurs de colonies de vacances dans les années 70. Mais derrière ces souvenirs lumineux, une autre histoire affleure, plus sombre, plus ancienne…

Une colonie d’un autre genre, pénitentiaire, où l’on envoie des enfants dont le seul tort est d’être nés à une époque où les maisons d’éducation s’apparentaient à des bagnes. Pour ne pas choquer les âmes bien-pensantes, la colonie agricole et maritime deviendra « maison d’éducation ». Mais ici, éduquer rime avec endurcir : les châtiments corporels sont légion. On roue de coups un enfant chétif comme Éloi, simplement parce qu’il est plus faible, avance moins vite, travaille moins fort. Pendant que les autres tournoient au bal, échine courbée, tête collée au dos de celui qui précède, la ronde ne doit pas flancher. Sous l’œil des gardiens, ils ploient, mais, comme Érik – le K ajouté pour la force –, ils ne rompent pas. Érik s’est souvent révolté, a goûté au mitard sans jamais renoncer. Il n’en a plus pour très longtemps : la majorité approche, alors il sera libre. Heureusement, il y a la mer.

Ida, elle, travaille à la conserverie depuis ses douze ans. Fillette, elle galopait pour rentrer aider à la ferme dès qu’elle avait terminé d’étêter, encore et encore. Elle aurait pu quitter l’île, l’héritage le lui aurait permis. Mais il y a eu Jean, le Thonier, fier de son métier, dur à la tâche, mais qui ne supporte pas que son épouse puisse être contremaîtresse alors qu’il n’est pas patron de pêche. Qui lui réfute le droit de lui reprocher de ne pas avoir d’enfant : un fils, c’est bien sa faute à elle. Buveur, jaloux, la tendresse de Jean s’est dissoute dans les embruns.

L’autrice, primo-romancière, signe un texte bouleversant, intense, que l’on quitte avec l’espoir d’une rédemption pour ces amants maudits. Elle décrit la cruauté des hommes, la beauté des lieux – même austères – avec une clarté magnifique. Son écriture, limpide, sans équivoque sur la dureté du vécu de ces enfants bagnards, sait aussi se faire tendre et brute pour saisir la fulgurance des émotions traversées par Érik, Ida, Jean, Éloi.

Ce roman s’inscrit dans une lignée de récits qui ont levé le voile sur les colonies pénitentiaires, comme L’Enragé de Sorj Chalandon ou Le Bagne des enfants de Christophe Belser. Mais ici, la fiction ne dilue en rien la réalité : la colonie de Belle-Île a bel et bien existé, et les enfants qu’on y envoyait n’avaient d’autre horizon que les falaises. Aucune échappatoire, sinon celle que l’imaginaire ou la mer pouvaient offrir. Comme le murmure Karine Parquet à travers la voix d’Érik : « Heureusement, il y a la mer. » Une mer qui nargue, qui berce, qui promet l’ailleurs, même si ce n’est qu’un leurre. Une mer qui, peut-être, sauve.

Ce texte mériterait d’être primé, tant pour la justesse de son écriture que pour la tension dramatique qui traverse les heures sombres de cette île pourtant si belle. Sa fiction, portée par une langue à la fois brute et tendre, donne chair à ces destins oubliés.




samedi 6 septembre 2025

ALLER SIMPLE POUR LA JOIE de Lorraine FOUCHET


 ALLER SIMPLE POUR LA JOIE

Autrice : Lorraine FOUCHET

Audio Lizzie

Aux Éditions Héloïse d'ORMESSON Autres Éditions

La vie est une partie de Scrabble, on se débrouille avec ce qu'on pioche. Lucas, Maguy, Mia et Paul le savent bien alors qu'ils s'installent dans le Paris-Quimper ce jour-là. Et les quatre voyageurs comprennent très vite que ce train ne les emmènera pas à destination. Du moins, pas celle qu'ils attendaient. Mais ils sont prêts à se laisser porter par les vents bretons. Pourvu qu'ils soufflent assez fort pour les remettre sur les rails.
Et s'il était l'heure de tout envoyer valser ? De s'ouvrir à l'inconnu assis à côté de vous ? Dans cet aller simple où l'on embrasse l'inattendu et savoure des rillettes aux ormeaux, le plus sûr chemin pour la joie s'appelle l'île de Groix.


Mon avis :


“Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime...” Quelle sera votre rime ?

Lorraine Fouchet nous embarque dans une escapade un peu folle, un peu douce, un peu salée — comme les embruns de l’île de Groix où tout commence. Quatre personnages cabossés, Lucas, Maguy, Mia et Paul, montent dans un train sans savoir qu’ils vont en descendre transformés. Ils ont en commun cette question qui nous traverse tous un jour : Et si on osait changer de voie ?

On s’attache à eux, à leurs failles, à leurs élans. On sourit devant Crétin, ce chien au nom improbable tout droit sorti d'une bande dessinée, mais au cœur immense, qu’on voudrait tous adopter. On écoute les échos de leurs films préférés, ces phrases qui résonnent comme des mantras : “Quel est votre rêve ?”, “Nous sommes nos propres choix.”

Et puis il y a le Hygge — cette douceur danoise que Mia veut offrir à Maguy, comme un plaid sur les épaules quand le vent se lève. Il y a les silences, les retrouvailles, les solitudes qui s’apprivoisent. Il y a Tobias, discret et lumineux. Et il y a cette porte ouverte sur la mer, comme une promesse.

Ce roman, c’est un aller simple vers un ailleurs possible. Pas tout à fait un happy end, mais une fin qui respire. Une fraction de seconde pour croire que la joie, parfois, se niche dans le simple fait de se faire confiance.

Enfin, on referme le livre avec un sourire en coin, un soupir léger. Comme si, quelque part, on avait voyagé un peu avec eux. Comme si, nous aussi, on avait osé rêver à voix haute. Un Aller Simple pour la Joie nous rappelle que parfois, il suffit d’un détour, d’un regard, d’un chien nommé Crétin, pour que la vie reprenne des couleurs. Et si on s’autorisait, nous aussi, à tendre vers le Hygge — juste une fois, pour voir ?

mardi 2 septembre 2025

LES HEURES FRAGILES de Valérie GRIMALDI

 

LES HEURES FRAGILES

Autrice : Virginie GRIMALDI

Livre audio : Écouter Lire
ou
Aux Éditions Flammarion

Diane a toujours eu des rêves simples. Un mari, deux enfants, un métier qui lui plaît, c'est plus que ce qu'elle osait espérer. Le jour où Seb la quitte, son monde vacille. Absorbée par sa peine, elle ne voit pas que le drame se joue ailleurs. Tout près d'elle, dans cette chambre qui fait face à la sienne, les rires de sa fille s'épuisent. Lou a seize ans, le mal de grandir, et son premier chagrin d'amour lui arrache plus que des larmes. Quand Diane comprend, elle est prête à tout pour l'aider. Y compris à retourner vers un passé qu'elle avait fui. Ensemble, mère et fille marchent sur un fil. Sous leurs pas, le torrent de la vie gronde et emporte avec lui les heures fragiles.


Mon avis :

Ce roman, c’est comme un nougat tendre et croquant à la fois. Virginie Grimaldi nous raconte les heures fragiles de Lou et Diane, mère et fille en quête d’équilibre. Lou traverse la transition de l’enfance à l’adolescence avec une anxiété constante. Un chagrin d’amour la terrasse, au point qu’elle décide d’intégrer "Les Aiglons", un centre spécialisé dans la gestion du mal-être.

Diane, elle, vit dans un monde centré sur son couple avec Sébastien, leur fils Tom, et Lou, née d’une précédente union. Elle voudrait protéger ses enfants de toute blessure, les envelopper dans un cocon sans contrariété. Mais sa propre peine, ses angoisses enfouies, ont été perçues par Lou. Elles ne se comprennent plus.

Face à cette crise, Diane décide d’affronter son passé pour mieux accompagner sa fille.

Entre douleurs, sarcasmes, humour et tendresse, ce roman explore avec finesse les turbulences de la relation mère-fille. Diane et Lou devront franchir bien des écueils pour se retrouver, recomposer leur famille et grandir ensemble. Car les heures fragiles s’invitent à chaque étape de nos vies, sans qu’on les ait choisies, et il faut apprendre à les traverser.


La vie est une source inépuisable de petites joies et d’instants vacillants, que l’on peut surmonter à condition d’accepter qu’ils ne durent pas. Virginie Grimaldi tend le fil de l’histoire avec délicatesse, et même à l’épilogue, on s’y accroche encore, espérant que Diane puisse enfin souffler sur le passé pour vivre pleinement le présent.

Un roman qui murmure à l’oreille des mères et des filles, et qui rappelle que derrière chaque silence adolescent se cache une histoire à écouter.



dimanche 31 août 2025

L'APPELÉ de Guillaume Viry

 

L'APPELÉ

Auteur : Guillaume Viry

Aux Éditions du Canoë

Jean est appelé en Algérie en 1962. De retour en France, c'est à l'âge de trente ans qu'il meurt lors d'un dernier séjour à l'asile. Soixante ans plus tard, il suffit de presque rien, d'une confusion de prénom, pour que le passé surgisse comme une déflagration. Guillaume Viry narre le temps fracassé, et la folle histoire de la guerre d'Algérie et ses échos contemporains. Dans ce premier roman, l'auteur bouleverse et cristallise l'ampleur d'une tragédie.
Tout de blancs, de non-dits et de silences, L'Appelé révèle un écrivain.





Mon avis :


En un peu plus d’une centaine de pages, Guillaume Viry nous entraîne dans la vie de Jean, jeune appelé en Algérie, à travers une écriture poétique qui tente de dire l’indicible. Jean revient marqué à jamais par ce qu’il a vu : l’assassinat brutal de ses camarades de garde, égorgés en représailles, mais aussi les exactions commises par l’armée française — tortures, humiliations, violences infligées au nom d’une « pacification ». La guerre, des deux côtés, a révélé ce que l’être humain peut produire de plus sombre.

De tout cela, Jean ne parle qu’au vieux Marec, son chien, seul confident qui n’attend ni explication ni jugement. Sa famille, elle, minimise : on lui propose de reprendre sa place dans l’entreprise familiale. Dans les années 60, le travail est perçu comme une vertu cardinale, un exutoire, et la continuité de l’activité comme une évidence. Mais rien ne peut effacer les images qui le hantent.

L’auteur ne se limite pas à décrire un traumatisme : il met en lumière le poids du silence, l’absence de mots, et la difficulté de retrouver sa place dans un monde qui préfère tourner la page. Il rappelle aussi que certaines guerres restent absentes des manuels scolaires, comme si l’oubli pouvait protéger.

Ce roman, à la fois sobre et bouleversant, interroge la mémoire, la fragilité de la paix et la nécessité de transmettre ces histoires pour comprendre ce que la guerre laisse derrière elle : des vies brisées, des familles marquées, et des blessures qui se transmettent parfois de génération en génération.

Par sa forme poétique et son regard sensible, L’Appelé est un texte qui mérite d’être lu, partagé et discuté, tant pour ce qu’il raconte que pour ce qu’il nous invite à questionner sur notre rapport à l’histoire et à l’humanité.

Par son écriture singulière, Guillaume Viry donne à entendre une voix qui vacille entre souffle et silence, avant de se déployer dans une prose poétique, brute et fragile.Des phrases éclatées, des mots qui se répètent comme des coups sourds : la prose poétique de L’Appelé se lit comme un souffle, entre apnée et déflagration.




samedi 30 août 2025

VEILLER SUR ELLE de Jean-Baptiste ANDREA


     VEILLER SUR ELLE

Auteur : Jean-Baptiste ANDREA

Aux Éditions Collection Proche

Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre brutal et sans talent. Mais il a du génie entre les mains. Héritière du clan Orsini, Viola a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Libre et passionnée, elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, Viola et Mimo jurent de ne jamais se quitter. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ?




Mon avis :


Une fresque romanesque où l’art, l’amour et la liberté se dressent face aux vents de l’Histoire


L’auteur nous offre un roman construit comme une enquête, à travers le regard de Mimo — Michelangelo Vitaliani — qui, agonisant, se remémore ce qui a fait de lui un homme contraint de se cacher pour mourir. Autour de lui gravite le clan Orsini : deux frères, l’un ambitieux ecclésiastique, proche du Pape ; l’autre, séduit par les promesses d’avenir d’un dictateur en devenir. Leurré par l’illusion d’un pouvoir qu’on lui concède tant qu’il reste docile, il accepte d’être la main qui frappe dans l’ombre, à condition de ne jamais défier l’autorité souveraine. 

Le souffle historique du récit prend corps dans la voix de Viola, qui égrène à Mimo les noms de cinq vents balayant l’Italie, comme l’écho d’un futur inéluctable si nul ne se dresse contre la tempête. Elle les lui murmure pour qu’il les grave en lui et saisisse les enjeux de ce qui, bientôt, sculptera leurs destins.

Ce roman, à la fois captivant, poétique et dur, raconte le destin tragique d’une jeune femme assignée à une place qu’elle refuse. Brillante, elle se rêvait pilote d’aéronef, passionnée d’art, et fut la première à déceler le talent de sculpteur de Mimo. Pour certains, la connaissance est une prison ; pour d’autres, elle est liberté. Elle veut le meilleur pour ce garçon pas comme les autres, qui comprend son besoin de s’allonger, la nuit, sur une tombe, pour écouter le bruissement de l’obscurité, regarder les lucioles. Deux êtres différents, moins bien né pour l’un, mais enfermés dans la même prison, épris de liberté.

De cette rencontre naît l’absolu, celui qui scelle les destins jusqu’au dernier souffle. Un roman-fleuve, porté par la quête d’une statue, une Pièta, dont l’aura unique, puissante ferait la gloire de celui qui la posséderait — une création forgée par un amour fou.

Jean-Baptiste Andréa nous offre bien plus qu’une histoire : il nous confie une mémoire, celle de deux êtres qui ont sculpté leur liberté à coups de passion et de courage, dans un monde qui voulait les enfermer.

Fermer Veiller sur elle, c’est comme quitter une salle où résonne encore une musique qu’on n’oubliera pas. On reste là, un instant, à écouter le silence après la dernière note, le cœur serré par ce qu’on vient de vivre.


jeudi 28 août 2025

BANC DE BRUME de Sophie BERGER

 

BANC DE BRUME

Autrice Sophie Berger

Aux Éditions Gallimard

« Je suis restée l’enfant qui n’ose pas demander qu’on lui explique. Celle qui se tait. Celle qui entend le coup de téléphone tardif, qui sonde le ton de la réponse de sa mère, celle qui cherche des indices dans la voix des adultes, dans le brouhaha ambiant, dans le bruit du monde. »
D’Olivier et Yvonne, jeunes mariés morts dans un accident d’avion en 1976, leur nièce Alice n’a jamais rien su. La sidération a confisqué l’histoire. Devenue réalisatrice son, elle se lance dans une recherche qui la mène à recomposer leur destin. Alice scrute les photos, fouille les archives et articles de presse. De la bande-son rock’n’roll aux récits des témoins retrouvés émerge peu à peu l’écho d’une jeunesse des années 70. La preneuse de son explore le silence qui a entouré le drame familial, pour en découvrir les résonances dans le présent, au-delà de la seule sphère intime.
Délicat et juste, ce premier roman de Sophie Berger est une réflexion sur le deuil, et sur la nature du silence qui l’accompagne parfois d’une génération à l’autre.


Mon avis :

Sophie Berger nous invite à éprouver le vide laissé chez Alice par ces jeunes mariés, disparus trop tôt et relégués au silence. Il lui aura fallu se retrouver dans un grenier, découvrir une photo sépia pour enclencher ce besoin impérieux de les sortir du silence. 

Alice, preneuse de son, est à l’écoute des silences. Elle commence à investiguer. À défaut d’interroger sa propre famille, encore repliée dans un deuil muet, elle cherche ailleurs : dans les coupures de journaux, les dossiers de la gendarmerie, les voix de ceux qui étaient là. Peu à peu, le flou autour d’Olivier et Yvonne se dissipe. Ils ne sont plus seulement ces figures disparues trop tôt, mais des êtres incarnés, saisis dans leur élan, leurs fragilités, leur intensité.

Dans ce roman, il y a la brume du matin, celle du titre, mais aussi celle des souvenirs effacés, des liens interrompus. La narration, pudique, ne force jamais l’émotion. Elle laisse la place au ressenti, à l’écho discret de ce qui a été perdu, à l'enquête quasi policière d'une jeune femme qui a décidé que le silence devait être rompu pour raconter l'histoire de ce qui aurait pu être si le silence et la brume n'avait pas étouffé ce qui avait fait l'existence d'Olivier et Yvonne avant le drame.

Avec justesse et retenue, Sophie Berger explore les silences de la famille, ceux qu’on respecte sans toujours les comprendre. Elle signe un premier roman sensible, où la quête d’Alice devient celle de tous ceux qui ont grandi au bord d’un vide, sans jamais avoir pu y poser de mots.

En refermant ce livre, il reste une sensation flottante, comme une brume qui mettrait les cœurs à nu. Celle d’avoir approché, avec pudeur, ce qui continue à vivre même dans l’absence.




lundi 18 août 2025

LE SECRET DE JEANNE de Sophie Astrabie

 

Le Secret de Jeanne

Autrice Sophie Astrabie

Aux Éditions Flammarion

Alors qu'elle pensait son père mort depuis dix-sept ans, Alexandra apprend son décès. Elle n'ose interroger sa mère, mais quand elle découvre un plan de la maison de sa grand-mère indiquant la présence d'une porte cachée, elle ne peut s'empêcher de fouiller. Ainsi ressurgissent les secrets de Jeanne, une éleveuse d'oies dans les années 1930, et de Nicole, une femme mariée des années 1980.







Mon Avis :

Il y a des romans qui vous happent sans bruit, comme une porte entrouverte sur un passé qu’on croyait oublié. Le Secret de Jeanne fait partie de ceux-là. Trois femmes, trois voix, une mémoire qui ne demande qu’à être entendue.

Jeanne est née en milieu rural, gardienne d'oie, elle vit une vie tranquille et oisive, jusqu'à ce qu'un drame l'oblige à 14 ans à "monter à Paris", y rejoindre une cousine. La tendresse n'a pas sa place dans ce monde rude où seule la nature offre un peu de beauté. Jeanne est sensible à la beauté.

Nicole se sent moins désirée que sa soeur Claudine, plus jolie, mieux aimée. Elle convoite toutes deux le beau Jacques. Finalement, Nicole aimera Marc, l'ami de Jacques. Marc a cela de commun à Nicole de se sentir comme un second choix, toujours en compétition avec Jacques. Des rivalités toxiques.

Alexandra ne sait pas grand chose de son enfance sinon que son père est mort lorsqu'elle avait 4 ans dans un accident de circulation. Le coup de fil d'un notaire lui annonçant la mort de son père va totalement bouleverser ses certitudes.

Ce roman nous parle des non-dits, des secrets de familles qui même inconnus ont un impact inconscient sur les générations suivantes. Nous sommes la somme de nos choix, même s'ils sont parfois dictés par l'absence de connaissance du passé des générations précédentes.

Les personnages sont attachants, résilients, des femmes fortes et fragiles à la fois. Sophie Astrabie de son écriture romanesque questionne la place des femmes, leur instinct de protection, leur vie laborieuse mais passionnée comme celle de Jeanne aux portes de la Guerre. La petite Jeanne, si naïve, tombée amoureuse de l'art et d'un peintre capable de poser des émotions sur une toile et de s'en affranchir dans la vie de tous les jours en ces temps troublés. 

Sophie Astrabie explore les secrets de famille, ces silences transmis comme des héritages invisibles, interroge la place des femmes dans une société où l’amour, la résilience et la douleur se mêlent sans toujours se dire.

Et puis il y a cette phrase de l'autrice : « La mémoire n’est pas récit, elle est matière.* » Un tableau glissé parmi d’autres, une douleur cachée à la vue de tous. Il faudra la volonté de Jeanne pour briser le cycle, pour qu’Alexandra reprenne les rênes de sa vie et comprenne enfin ce qui l’a précédée.

Un accrolivre doux et puissant, qui nous rappelle que nous sommes faits de ce que l’on sait… et surtout de ce que l’on ignore.

Pour en savoir plus : 

https://www.bing.com/videos/riverview/relatedvideo?q=le+secret+de+jeanne+de+sophie+astrabie+youtube+vid%c3%a9o&mid=BF5BB68BE3A59CA27920BF5BB68BE3A59CA27920&FORM=VIRE

jeudi 14 août 2025

VA OU LA RIVIERE TE PORTE

 

VA OU LA RIVIERE TE PORTE

Autrice SHELLEY READ

Editions Pocket

Victoria Nash a dix-sept ans, et elle gère d'une main de maître le verger de pêches de son père, à Iola, petite ville du Colorado nichée entre les montagnes de la Big Blue Wilderness et la rivière Gunnison. Lorsqu'elle rencontre par hasard Wilson Moon dans les rues d'Iola, la vie semble lui sourire. Wil est un jeune vagabond au passé mystérieux, à la peau brune et aux yeux aussi noirs et brillants que des ailes de corbeau. L'étincelle qui s'allume entre eux va déclencher autant de passion que de malheurs.
Au cœur des lacs, des montagnes, des rivières, Victoria doit faire face aux changements de son temps tout en sauvant sa propre vie et celle de son verger.




Mon avis

Il y a des romans qui vous traversent comme une rivière. Celui-ci en est un. Torie (Victoria) Nash, 17 ans, vit dans le Colorado de l’après-guerre, entre deuils silencieux et vergers de pêches. Elle est le pilier discret d’une famille cabossée, jusqu’au jour où elle croise Wil Moon. Un père qui noie sa douleur dans le travail, un oncle revenu mutilé de la guerre, un frère éternellement en colère depuis la mort de leur mère et Torie qui s'assure que ces hommes ne manquent de rien oubliant ainsi que cette situation s'est imposée sans que du haut de ses 12 ans, elle n'ait eu le choix.

Wil est différent. Trop pour cette ville. Ostracisé pour sa peau, rejeté parce qu’il est indien — ou qu’on le croit Mexicain — il incarne cette mémoire américaine qu’on préfère taire : celle des peuples qu’on a parqués, des enfants qu’on a arrachés à leur famille pour les "intégrer". Wil ne trouve refuge que dans les bras de Torie, cette jeune fille trop occupée à aimer la terre pour haïr les hommes.

Leur amour est un cri doux, une résistance silencieuse. Mais dans l’Amérique des années 50, aimer hors des lignes, c’est déjà trahir. Et la rivière, les montagnes qui les unit, finit par les séparer.

Victoria va devenir une femme tout aussi brutalement qu'elle est devenue orpheline, tenir tête à l’administration, à son frère, aux femmes bien-pensantes qui condamnent son amour. Elle trouvera dans la sororité un refuge inattendu, une force douce mais tenace.

Et pourtant, au cœur de cette tragédie intime, la nature veille. Elle n’est pas décor, elle est personnage. La rivière devient confidente, les vergers mémoire vivante, les montagnes un rempart contre l’oubli. C’est dans cette terre rude et généreuse que Victoria apprend à se relever, à planter malgré les gelées tardives, à espérer malgré les silences. Car si les hommes vacillent, la terre, elle, reste. Et c’est peut-être là, dans ce lien viscéral à la nature, que réside la vraie résistance : celle de continuer à aimer, à transmettre, à exister, même quand tout semble vouloir vous effacer.

Un roman poignant, porté par la beauté sauvage des paysages, les cicatrices de la guerre, les silences du racisme ordinaire, et cette vérité douloureuse : parfois, l’amour ne suffit pas à sauver ce qui dérange, ce qui déborde, ce qui ne rentre pas dans les cases.

L’écriture de Shelley Read est fluide et captivante. Si certains personnages peuvent sembler un peu archétypaux — Wil Moon, doux et résilient, ou Seth, consumé par la haine et l’envie — ils incarnent des figures nécessaires à la tension du récit. Le roman explore surtout la condition féminine dans une époque où les femmes commençaient à peine à revendiquer leur propre valeur et leur droit à choisir leur destin. Il faudra encore plusieurs décennies avant qu’elles ne soient pleinement affranchies des décisions imposées par leurs époux.

lundi 7 juillet 2025

LE LIVRE D'ANNA de Madeline ROTH _ Une chronique intime de l'amour maternel


 LE LIVRE D'ANNA

Autrice Madeline ROTH

Aux Editions La Fosse aux Ours

Les parents d'Anna sont séparés. Pour ses 18 ans, ils se réunissent et sa mère lui offre ses journaux intimes dans lesquels elle relate son quotidien depuis toujours.
Ces carnets composent la suite du récit, révélant ses peurs, ses doutes, ses douleurs à propos de la garde alternée ou encore l'amour inconditionnel qu'elle porte à sa fille.





Mon Avis

Madeline Roth nous offre avec Le livre d’Anna un roman aussi court qu’intense, aussi délicat que puissant. C’est une véritable célébration de l’amour maternel sous toutes ses formes — ses éblouissements, ses blessures, ses renoncements, ses élans. Ce récit touche au cœur, que l’on soit mère ou non.

Chloé, à l’aube de ses quarante ans, décide d’avoir un enfant avec l’homme qu’elle aime. Un pacte l’unit à Thomas : s’ils n’ont pas trouvé l’amour à quarante ans, alors ils auront un enfant ensemble. Ainsi naît Anna.

La veille de ses 18 ans, Anna reçoit en cadeau les carnets que sa mère a écrits depuis sa naissance : une mémoire intime tissée de joies, de doutes, de peurs, d’amour inconditionnel. Chloé y confie tout ce qui a façonné son parcours de mère : les douleurs de la garde partagée, les premiers pas qu’elle n’a pas vus, le frisson de voir une autre femme porter son enfant dans ses bras… mais aussi les instants suspendus de bonheur pur, les rires partagés, et cette tendresse farouche qui ne faiblit jamais.

Anna a deux foyers, mais une seule famille. À travers les mots de sa mère, elle comprend sans filtre ce que signifie aimer, transmettre, laisser partir. Les carnets deviennent passerelle : de femme à femme, de mère à fille, de silence à révélation.

Dans ce texte si court, Madeline Roth réussit le tour de force d’exprimer toute la palette des émotions qui traversent les mères. C’est un récit qui vous serre le cœur et vous fait sourire, vous touche au plus intime avec une plume poétique et épurée.

“Aujourd’hui, je crois que cette quête, c’était celle d’être mère. C’est mon plus beau rêve. Ma plus belle victoire. L’inaccessible étoile, c’est cet amour inconditionnel que l’on donne et que l’on reçoit.”

Le livre d’Anna est bien plus qu’une déclaration d’amour maternelle : c’est un hymne à la vie, à la transmission, à ce lien invisible et indestructible entre celles qui donnent la vie et celles qui la reçoivent.


samedi 28 juin 2025

UN ABRI DE FORTUNE de Agnès LEDIG


 UN ABRI DE FORTUNE

Autrice Agnès LEDIG

Aux Éditions Livre de Poche

« Avec un peu d’amour, on fait de grandes choses. En deux années, mes voisins ont transformé cette bâtisse vosgienne à l’abandon en refuge. Du haut de mon banc et de mon grand âge, je viens chaque jour guetter les changements. Les trois premiers locataires sont aussi cabossés que moi. Un homme qui se remet d’un geste irréparable, une gamine fragile comme un moineau et une femme camouflant la misère sous sa légèreté. Je savais qu’au contact des arbres, des bêtes et du jardin, ils allaient oublier leurs peines et s’offrir un nouveau destin. Quand ils ont fait cette découverte dans les taillis et qu’ils se sont mis à remuer le passé, je me suis demandé jusqu’où tout ça allait les mener. Eh bien, vous allez être sacrément surpris… » Jean
Installée en lisière de forêt, Agnès Ledig puise son inspiration dans la biodiversité, convaincue des bienfaits de la nature sur les émotions humaines. Avec la sensibilité qui confère à son écriture une force rare, elle nous invite ici à revenir aux sources du vivant.


Mon Avis


Dans Un abri de fortune, Agnès Ledig nous invite à plonger dans un roman à la fois doux et percutant. Une histoire qui mêle résilience, secrets enfouis et quête de rédemption. Ce roman d'apparence feel-good se revêle en réalité bien plus profond qu'il n'y paraît avec une intrigue digne d'un thriller et une galerie de personnages bouleversants, chacun portant ses fêlures et ses blessures du passé.

L'histoire prend racine dans un lieu perdu "au bout du monde" au bord de la forêt vosgienne. Un abri de fortune investi par Adrien et Capucine qui ont aménagé cette ferme pour accueillir des âmes en quête de reconstruction. Ce lieu perdu du bout du monde devient le théatre d'une enquête inattendue avec la découverte d'une sépulture d'enfants cachée depuis plusieurs années. Karine va s'investir pleinement dans la recherche des parents. Une enquête prenante et inattendue qui va dévoiler les caractères des personnages. 

L'autrice, fidèle à sa plume sensible, nous offre des personnages qui, bien qu'en apparence ordinaires, sont traversés par des questionnements profonds et des parcours de vie bouleversants. A travers eu, elle exploire des thèmes universels : la reconstruction après des traumatismes, la quête de sens, la résilience et le poids du passé.

La plume d'Agnès Ledig est fluide, le suspense bien présents, les personnages attachants. Un roman qui tient ses promesses, il tient en haleine, fait du bien, rappelle des éléments de bon sens comme la gestion des ressources, l'espoir de trouver une vie nouvelle après avoir payer sa dette, se faire confiance, être ouvert aux autres.

Un roman qui vous embarque jusqu'à l'épilogue en quelques heures.


Les Orphelins de Löwengold_L'héritier d'Ézequiel de Stéphane Nançoz

LES ORPHELINS DE LOWENGOLD 2

L'Héritier d'Ézéquiel

Auteur Stéphane Nançoz

Aux Éditions JLB-ÉDITIONS Collection La Tête dans les Nuages

Cinq pour nous sauver !
Après s'être enfuis de la prison du Pandénium les cinq Protecteurs novices sont de retour à Löwengold. Ils trouvent une Terre dévastée, dominée par les armées du Seigneur des Ombres. Les survivants sont soumis aux volontés des démons.
Nicolas, Roxanne, Jean-Louis, Suzanne et Enzo, Maître du Feu, de l'Air, et de l'Eau se lancent dnaqs une guere sans merci poour éliminer les créatures de l'Enfer. Mais dans ce Monde des Ténèbres, ou seule une poignée de résistants luttent encore à leurs côtés, leur défaite semble inévitable. L'extinction des Protecteurs aussi !
Aidé pra une mystérieuse Enchanteresse et une fils des puissants Veilleurs, Nicolas trouvera-t-il un moyen de vaincre le tout-puissant Seigneur des Ombres sans sacrifier la vie de ses amis ? Le salut viendra-t-il de ce manuscrit ancien qui évoque les pouvoirs ancestraux de la lignée d'Horus ?
La fin de l'humanité est proche. Quoi qu'il arrive tout se terminera ici !
 

Mon avis :

430 pages d'une épopée qui tient en haleine, avec un final apocalyptique qui capte jusqu'à la dernière ligne du roman.

Dans ce second tome, l'auteur rend un hommage appuyé à J.R.R. Tolkien : les célèbres Orques, créatures démoniaques, font leur apparition, tandis que l'Oeil dans le ciel, réminiscence de l'Œil de Sauron, se transforme cette fois en symbole de bien, avec Nicolas et Horus, dans un rôle protecteur. L'univers se nourrit également de mythes et légendes, comme ceux de la Dame Blanche, de Bloody Mary ou de Baba Yaga, créant une toile de fond riche et intrigante.

Les jeunes novices, désormais âgés de 17 ans, sont attachants, même si certains d'entre eux auraient mérité un traitement plus approfondi.

Dans le premier tome, où les orphelins n'avaient que 10 ans, les dialogues paraissaient parfois étonnamment matures pour leur âge, ce qui affaiblissait la crédibilité des interactions. Stéphane Nançoz semble avoir corrigé ce déséquilibre dans L'Héritier d'Ézéquiel. Les protagonistes, comme Nicolas et Roxanne, ont des échanges plus en phase avec leurs préoccupations d'adolescents, ce qui renforce leur réalisme et rend leurs dilemmes intérieurs plus palpables. Ce travail sur les dialogues permet de mieux comprendre leurs conflits internes et de donner plus de profondeur à leurs choix, notamment lorsqu'ils sont tiraillés entre devoir et aspirations personnelles.

Si les protagonistes principaux sont bien développés, certains personnages secondaires, comme la mère supérieure et le nécromant, jouent des rôles cruciaux dans l’intrigue. Ces personnages porteurs de mystères et de tensions enrichissent l'univers du roman. Bien que leur impact soit indéniable, leur profondeur reste partiellement cachée, laissant au lecteur une impression de non-dit qui attise la curiosité. J'aurais aimé en apprendre davantage sur leur passé et leurs motivations profondes, mais cette part d'ombre n'en est pas moins un atout narratif, intensifiant leur aura mystérieuse.

Les batailles sont épiques, et des personnages comme Maximilian de Rais, dont la tentation de rédemption masque une complexité morale profonde, devront faire face aux conséquences de leurs actes. Comme dans les légendes et les contes, la dimension morale du récit est à découvrir.

L'Héritier d'Ézéquiel m'a donné envie de poursuivre l'aventure dans l'univers de Löwengold et de découvrir la suite d'une histoire qui mêle mystère, action et réflexion.

Si vous souhaitez découvrir d'autres avis : 
https://www.babelio.com/livres/Nancoz-Les-orphelins-de-Lwengold-tome-2--LHeritier-d/1853828

✰✰✰✰

vendredi 27 juin 2025

UN ÉCLAT ROUGE de Clémentine BIANO _ Un drame familial _


 UN ÉCLAT ROUGE

Autrice : Clémentine BIANO

Aux Éditions CALMANN LEVY

« Tu ne dis rien, tu as compris ? Rien. » 
Dans ce village français des années 1950, le monde de Jeannot, 9  ans, s’écroule le jour où sa désobéissance provoque un accident fatal pour son petit frère. Les parents, sous le choc, lui imposent le silence et inventent pour les gendarmes un rôdeur responsable du drame. De peur que la vérité ne lui échappe, Jeannot devient muet et se fait le plus discret possible. A-t-il encore le droit d’avoir des copains ? D’obtenir un câlin de sa mère ? Un sourire de son père ? Entouré de l’affection maladroite de sa grand-mère, Jeannot oscille entre isolement et culpabilité, et ne sait pas comment continuer à grandir. Un jour, une fillette de son âge s’installe au village. Elle n’a pas peur des mots, elle, et parle pour eux deux. Leur amitié naissante est la première étincelle qui parvient à traverser les ténèbres de Jeannot et lui fait entrevoir un chemin inattendu. Se pourrait-il que, un jour, la vie reprenne un cours heureux ?
"Un éclat rouge" a reçu le Prix du Printemps Romillois 2025, ainsi que le Prix du LÀC 2025, sur le thème de l'espoir.


Mon avis :


Jeannot a désobéi. Il était tellement fier quand son père l’a fait monter dans sa belle auto rouge. Alors… il est monté à bord, avec prudence. Quand son petit frère s’est mis à toucher à tout, il lui a demandé de descendre de la voiture. Le drame est survenu.

Quand les adultes ont décidé de raconter une autre version des faits, Jeannot s’est muré dans le silence. Une peine immense. Son père, en colère. Le gendarme, les questions. L’exil chez la grand-mère. À l’épicerie, les regards des copains, des commères — il n’a pas su comment y faire face.

Puis Charlotte est arrivée de la ville. Avec elle, pas besoin de parler. Elle laisse couler les mots pour deux. Elle comprend.

Clémentine Biano nous livre un récit bouleversant. 
L'autrice signe un premier roman puissant. Le deuil, la culpabilité, l’incompréhension des adultes face à la douleur d’un enfant : Un éclat rouge aborde ces thèmes avec une grande justesse. Les personnages sont bien campés, l’écriture fluide, l’émotion constante.

J’ai été profondément touchée. Par le drame bien sûr, mais surtout par la réaction du père, à la fois brutale et désespérée. Par ce silence de Jeannot, nourri de culpabilité et d’amour. Ce roman est un accrolivre. On ne le lâche pas. Et on n’en sort pas indemne. Une autrice à suivre.



dimanche 25 mai 2025

AU CABARET DES OISEAUX ET DES SONGES de Eric Poindron


 AU CABARET DES OISEAUX

ET DES SONGES

Auteur : Eric POINDRON

Aux Éditions LE PASSEUR

Une réflexion vagabonde et un "roman d`escapades" par " un fou de mots et de poésie " campant aux frontières du rêve et de la fantaisie." Je suis un casanier qui a la bougeotte ; je marche donc je suis. Je suis sur la trace de mes traces. " La question reste entière : qu`est-ce qu`un voyage ?
Voilà ce que nous sommes, des enfants, un peu robinsons, un peu " bandits ", découvrant perplexes le monde et émerveillés par l`estran. Nous revenons du voyage chargé de rencontres foudroyantes parfois, d`émotions essentielles (le froid, le mal, la lumière) et de phrases à fabriquer. Dans ces phrases, il faut essayer d`offrir à l`autre cette précieuse récolte. C`est à la fois une ambition et une obsession. Le moindre chemin possède un rythme cardiaque et son histoire à raconter. Alors celui qui s`en approche endosse parfois le costume du scribe ou du confesseur. Ainsi, sous forme de confessions et de fictions entremêlées, dans des textes courts et percutants, Éric Poindron nous emmène en voyage : dans l`enfance, en Europe, sur les chemins buissonniers, dans sa bibliothèque, chez les écrivains voyageurs et à travers les siècles. L`auteur du livre Le Voyageur inachevé sait qu`un voyage est toujours inachevé. Aussi, inachevons-nous les uns les autres.


Mon Avis :


Eric Poindron est de ces auteurs que l'on imagine à la veillée vous conter ses rêves mélancoliques émerveillés.

Un peu Méliès, magicien des images qu'il vous souffle à l'âme, un peu Charlot pour dire avec tendresse et détermination la brutalité du monde, un peu écumeur de chemins pour les rencontres offertes, un peu Magicien d'Oz pour tracer un chemin poétique,  vers une destination inconnue : l'avenir.

L'auteur nous offre une déambulation dans sa vie d'homme né poète absolument. Ses amitiés forgées de rencontres avec les fantômes qu'il aurait aimé rencontrés, celles bien ancrées qui accompagnent son récit d'agapes épicuriennes, de petits riens qui font tout.

Ce récit truffé de références littéraires, de personnages célèbres ou anonymes, n'est pas facile mais il est tellement doux de se glisser dans ses pages, de sourire, de soupirer au tragique perte que la vie nous inflige, d'espérer que les amis de trente ans qui vous suivent auront ses mots pour dire le manque, les souvenirs. Ne croyez pas lecteur, que ce livre est triste, impossible, parce que certaines scènes sont affabulées, fantasmées, en réalité les mots sont touchants du réel à la magie.

Ce roman est un voyage intérieur à la recherche de l'enfant qui sommeille en nous. Magique et complexe, il faut s’y plonger et se laisser emporter, au creux des mots choisis par l’auteur, pour une déambulation nostalgico-heureuse.

Eric Poindron nous embarque dans un voyage intime à la recherche du temps passé, jamais perdu car empreint d'émerveillement. À sa lecture, une douceur réconfortante s’installe : les souvenirs, parfois teintés de tristesse, souvent embellis d’une magie-nostalgie poétique, loin d’être figés, continuent à nous nourrir et à éclairer tendrement le présent.

Milan Kundera évoque parfaitement ce que me suggère l'errance poétique de l'auteur qui n'a d'autre ambition que de nous offrir une porte vers la poésie qui nous entoure tant auprès de nos amis de coeur perdus, que par la flânerie d'un coeur ouvert : "La vocation de la poésie n'est pas de nous éblouir par une idée surprenante, mais de faire qu'un instant de l'être devienne inoubliable et digne d'une insoutenable nostalgie".

À l’image des sculptures de Catalano, où le voyageur se laisse traverser par les éléments—nuages, lumière, vent—Eric Poindron avance, porté par les rencontres et les songes, chaque instant gravé en lui comme une empreinte fugace du monde.

mardi 13 mai 2025

BIENTOT LES VIVANTS de Amina DAMERDJI_

 

BIENTOT LES VIVANTS

Autrice AMINA DAMERDJI

Aux Éditions Gallimard

« Aïcha courut à travers le village. Ses jambes tremblaient et son cœur battait si fort qu’il semblait vouloir sortir de sa poitrine. Elle connaissait le mot, dhabahine, les égorgeurs. Dhabahine, dhabahine ! »
Algérie, 1988. Après les premières émeutes sauvagement réprimées, le mouvement islamiste montre sa puissance grandissante. La jeune Selma vit dans la proche banlieue d’Alger. Elle n’a qu’une passion, l’équitation, qu’elle pratique dans un centre non loin du village de Sidi Youcef, où se déroulera en 1997 l’un des épisodes les plus atroces de la guerre civile. Elle consacre tout son temps libre au dressage d’un cheval que tout le monde craint, tandis que les déchirements de l’histoire traversent sa famille comme toute la société algérienne : certains sont farouchement opposés aux islamistes, d’autres penchent pour le FIS, d’autres encore profitent du chaos pour s’enrichir… C’est dans ce contexte tragique que Selma apprendra à grandir, trouvant dans la relation avec son cheval et avec la nature un antidote à la violence des hommes. Bien que le martyre du village de Sidi Youcef éclaire d’une lumière terrible les trajectoires des divers personnages, ce roman reste constamment chaleureux et humain.


Mon avis


Plongée dans l'ombre et la lumière de l'Algérie

De 1988 à 1997, l'Algérie traverse une décennie de ténèbres, où la lutte pour le pouvoir oppose le Front Islamiste du Salut, le Groupe Islamique Armé et le régime en place. Dans ce chaos, la violence s'impose, implacable, tissant une toile de peur et d'incertitude parmi les populations.

Selma, fille de médecin, trouve refuge dans une passion : l'équitation. Mais ce n'est pas un simple loisir—sa fascination pour Sheïtane, un cheval maltraité et indomptable, me semble être une métaphore de sa propre lutte face à un monde qui vacille. Entre les déchirures familiales et l'attirance qu'elle éprouve pour Adel, le jeune palefrenier de Sidi Youcef, elle est au cœur des bouleversements de cette Algérie fracturée.

Amina Damerdji donne vie à ses personnages avec une finesse remarquable. Tous sont traversés par une part d'ombre, tiraillés entre la survie, la peur et leurs aspirations profondes. L'autrice tisse une atmosphère immersive où chaque scène oscille entre violence brute, éclats de lumière.

Le contraste est saisissant : dans la forêt, à l’abri du carnage, Selma et Maya assistent à une scène insoutenable. Le massacre d’une famille, l’horreur portée à son paroxysme. Puis, le silence—ce moment suspendu où Adel, le sabre encore ensanglanté, croise le regard de Selma sans un mot, avant de repartir. Ce regard, cet instant, cette hésitation... Une faille dans l’impitoyable mécanique de la guerre, une étincelle d’humanité dans le chaos.

Si la violence est omniprésente, elle n’éclipse pas tout. L’amour, la passion journalistique de Maya et équestre de Selma, la quête de sens, donnent à ces destins une profondeur bouleversante. 

Bientôt les vivants n’est pas seulement un roman sur la guerre, une époque, c’est un texte incandescent où la violence du conflit se mêle aux déchirures intimes, à ces relations marquées par l’amour et la haine, la loyauté et la trahison. À travers des personnages pris dans des choix impossibles—Brahim, médecin contraint de sauver son frère Hisham malgré leur opposition politique ; Adel, tiraillé entre son attirance pour Selma et la distance infranchissable entre leurs mondes—Amina Damerdji capte la complexité de cette dualité avec une écriture à la fois crue et lumineuse.


Si vous souhaitez consulter plus d'avis :

https://68premieresfois.wordpress.com/2025/02/27/bientot-les-vivants-de-amina-damerdji/

ou : https://www.babelio.com/livres/Damerdji-Bientot-les-vivants/1545938